Trois quarts des Français sont prêts à faire des concessions pour faire des économies d'énergies. Des sociologues de l'Université de Caen (Calvados) mènent une enquête de plusieurs mois pour comprendre comment les ménages normands s'adaptent à la crise énergétique.
Troquer sa voiture contre un vélo électrique pour ses petits trajets, c'est ce que fait Didier Lançon depuis cinq mois maintenant. Une façon pour ce retraité de 67 ans de faire des économies d'énergies au quotidien : "Ça évite de prendre ma voiture et de faire ces petits déplacements qui sont très polluants avec le moteur qui finalement reste froid ". Et il l'avoue, avec le prix du carburant qui tourne autour de 2 euros le litre, ce geste fait du bien aussi à son porte-monnaie :
"J'ai calculé, ça fait 250 euros d'économies à l'année, ça n'est pas rien !"
Didier Lançon, habitant de Caen
Avec l'augmentation du prix du carburant, du gaz ou de l'électricité, de nombreux Français doivent s'adapter à la crise énergétique et bousculent donc leurs habitudes. Pour comprendre ces changements de comportements, des sociologues se lancent dans une mission de plusieurs mois. Ils vont à la rencontre des normands à leur domicile. C'est le cas de Maxime Cordelier, chercheur à l'université de Caen. Document et cahier à la main, il se rend chez Marine.
Elle est fonctionnaire et vit à Fontaine-Etoupefour (Calvados) avec sa fille et son mari. Installée dans une maison de 100 mètres carrés qui date de 2010, elle explique ce qu'elle a mis en place : "Dehors, on a mis des graviers sur la pelouse pour éviter l'humidité d'arriver au niveau de la maison et d'isoler les murs qui étaient tout le temps humide". Elle continue son tour de maison et se dirige vers sa porte d'entrée : "Regardez, on a mis une sorte de ruban pour isoler et éviter l'air de passer". Le sociologue observe. Puis ensemble, ils s'installent autour d'une table. Maxime Cordelier demande à Marine : "Comment se déroule une semaine type en termes de consommation chez vous ?". Elle répond :
"On chauffe très peu la semaine, le week-end un peu plus car on est là. Mais même en chauffant, la température à la maison est de 16,5 degrés."
Marine Bernet, Fonctionnaire
En effet, Marine Bernet nous confie qu'en maintenant cette température, elle paie 250 euros d'électricité par mois, c'est à peu près ce qu'elle payait l'année dernière : "On accepte de vivre un peu dans le froid, mais à long terme ça ne peut plus être possible. Il faudrait rénover les logements".
Mais voilà, elle se retrouve coincée, elle vit dans une maison qui est un logement social et ne peut pas faire ce qu'elle veut : "On a des radiateurs qui sont des convecteurs, ils consomment énormément, on règle donc la température manuellement. Notre bailleur social refuse de les changer. Nous avons aussi proposé de faire nous même des travaux d'isolation, mais ça nous encore une fois été refusé".
Maxime Cordelier note ces informations. Il mène ces entretiens pour comprendre comment les ménages normands s'adaptent à la crise énergétique, mais aussi quelles sont leurs contraintes. Ces données sont récupérées par les sociologues afin de répondre aux interrogations de plusieurs organismes publics : "On a d'abord un objectif scientifique, mais c'est sûr que cela nous permet de comprendre les contraintes et limites que peuvent rencontrer les ménages pour mettre certains gestes en place au quotidien. Cette étude va nous permettre d'apporter des éléments concrets aux décideurs publics comme les communes et les intercommunalités qui organisent le quotidien sur le territoire".
Cette étude sera menée jusqu'à mi-aout sur une trentaine de ménage en Normandie.