"Il y a des risques de surmenage, de burn-out, d'arrêts maladies..." 1 500 internes en moins, mais comment vont s'organiser les hôpitaux ?

Les internes et les syndicats de l'hôpital public tirent la sonnette d'alarme alors que le gouvernement a annoncé 1 500 postes d'internes en moins pour l'an prochain, dans un contexte de pénurie de médecins. Faut-il s'inquiéter ?

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Alors que le gouvernement a annoncé 1 500 postes d'internes en moins dans les hôpitaux publics, Yassine Bahr, interne au CHU de Rouen et vice-président national de l'intersyndicale des internes, s'inquiète de la situation.

"Les internes représentent 40% du personnel médical"

"Chaque année, en novembre, il y a 9 500 internes qui s'ajoutent à l'effectif médical des hôpitaux publics. Cette année, il n'y en aura que 8 000. Les internes représentent 40% du personnel médical", indique-t-il.

Un risque pour les patients, d'autant plus le manque de médecins "est déjà assez criant", souligne l'interne, qui craint des risques "de surmenage, de burn-out, d'arrêts maladies"...

Retrouvez l'interview de Yassine Bahr, interne au CHU de Caen et vice-président national de l'intersyndicale des internes, réalisé par Franck Besnier, dans le journal télévisé de France 3 Normandie du lundi 19 août 2024 :

Des médecins étrangers qui n'ont pas encore d'équivalence en France pourraient venir travailler en tant qu'interne pour remédier à la suppression de ces postes. "Mais d'ici novembre, je ne sais pas si on en trouvera 1 500...", craint Yassine Bahr.

Mais à qui la faute ? 

Pourquoi autant de postes ont-ils été supprimés ? C'est un arrêté du 7 juillet 2024 qui précise qu'à la rentrée universitaire 2024-2025, le nombre de postes proposés aux nouveaux internes recule fortement, avec 7 974 places à pourvoir. Une baisse de l'ordre de 16% par rapport à l'an passé.

Le ministre de la Santé démissionnaire s'explique sur X : "Les gouvernements ont toujours ajusté le nombre de postes d'internes au nombre d'étudiants qui passent et réussissent leurs examens."

Un argument que les étudiants en médecine ne démentent pas mais ils précisent que s'il y a moins de candidats, c'est à cause de "la réforme des études de médecine voulue par le gouvernement qui implique que le savoir pour être médecin soit assimilable en cinq ans au lieu de six auparavant".

Une pétition de près de 25 000 signatures

Des étudiants ont préféré redoubler pour être certains d’avoir tous les acquis nécessaires. Face à la situation, les étudiants en 6e année de médecine ont lancé une pétition en ligne qui a déjà récolté près de 25 000 signatures.

Ils reprochent notamment au gouvernement d'avoir diminué les postes "sans prendre en compte la force des demandes pour certaines spécialités".

À titre indicatif et non exhaustif, les postes de chirurgie plastique et reconstructrice ont été diminués de moitié, tandis que la médecine générale à Bordeaux l’a été de 20%. 

"Trop d’étudiants devront choisir une spécialité par dépit, dans laquelle ils seront moins investis, et la qualité de leurs soins en pâtira. Après six ou sept ans d’études acharnées, on ne nous permet pas de choisir notre métier", écrivent-ils. 

Quelles conséquences pour le CHU de Rouen ?

"On ne sait pas ce que ça aura exactement comme conséquences pour le CHU, précise Frédéric Louis, secrétaire CFDT du CHU de Rouen. Mais c'est sûr que dans un contexte de pénurie de médecins, c'est inquiétant. Les internes sont présents dans tous les services !"

Le CHU de Rouen précise que 888 internes travaillent au CHU de Rouen, un chiffre conséquent. Mais la direction assure que cette suppression de postes ne se ressentira pas : "Il n'y aura pas d'impact car depuis 2019, nous en accueillons 20 % supplémentaires. Ces suppressions, ce sera vraiment à la marge."

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