Insolite, artistique et poétique. La célébration du millénaire de Caen débute avec un peu d'avance ce jeudi 21 mars par une performance conçue par la chorégraphe australienne Joanne Leighton. 730 personnes vont se succéder dans une boîte surplombant la ville pour assister au lever et au coucher du soleil. Joël Bruneau est le premier "veilleur de Caen".
C'est une expérience à la fois solitaire et collective. Au petit matin, lorsque le soleil pointe ses premiers rayons, un habitant pénètre dans une boîte installée sur les remparts du château de Caen pour contempler, une heure durant, la ville qui s'éveille.
Le veilleur est seul dans son abri. Montres et téléphones portables sont interdits. Rien ne doit distraire l'observateur dans sa vigie.
Premier veilleur : le maire de Caen
Ce jeudi matin, peu avant 7 heures, le premier d'entre eux, le maire de ville, Joël Bruneau, a donné le coup d'envoi de cette expérience inaugurale des célébrations du millénaire de Caen. "C'est le symbole d’une ville qui se souvient de son passé mais aussi se projette dans l’avenir et qui veut pour cela associer toutes les composantes de la ville, toutes celles et tous ceux qui la font au quotidien", indiquait le maire avant d'entrer seul dans la boîte.
L'ancienne capitale de l'ex Basse-Normandie n'est pas la première à accueillir ce dispositif artistique. Cette performance, conçue par la chorégraphe australienne et directrice artistique de la compagnie WLDN, Joanne Leighton, a vu le jour en 2011 et été décliné dans plusieurs villes comme Evreux en 2017.
À chaque fois, le principe est le même : durant 365 jours, une personne "veille" sur la ville pendant une heure au lever du soleil et une autre au coucher du soleil. 730 participants vont ainsi se succéder dans cette boîte en bois, "l'objet-abri", conçu par le designer et scénographe Benjamin Tovo et installé la semaine dernière sur les remparts du château.
"Veiller c'est peut-être veiller sur l'autre, tenir sa présence sur la ville. C'est aussi faire quelque chose pour la ville et surtout former cette chaîne collective où individuellement on participe, matin et soir, à une expérience qui va fédérer toute une communauté", explique Joanne Leighton. “On laisse la possibilité au veilleur de vraiment imprimer son corps dans l’espace et dans le temps et peut-être d’entrer dans un état reflexif (...) J’espère que ce projet est un moment poétique dans ce monde un peu chamboulé et changeant."
Une expérience ouverte à tous
La performance est ouverte à toutes et tous (que vous habitiez à Caen ou non), à condition d'avoir 16 ans. L'inscription est gratuite et se fait en ligne. Tous les créneaux sont déjà réservés jusqu'à la fin juin.
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Avant de "veiller" sur la ville, chaque participant suit, au préalable, un atelier préparatoire d'une heure (obligatoire) dispensé par un professionnel du théâtre ou de la danse. L'expérience est d'abord une performance artistique.
"L’intervenant vous rappellera le sens de cette performance et vous proposera des exercices pour vous mettre en situation de veille. Ceux-ci sont conçus pour vous aider à rester concentré pendant une heure à l’intérieur de l’objet-abri et à percevoir consciemment votre corps, vos pensées et vos sentiments, mais aussi votre environnement."
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Lever ou coucher du soleil
Le jour J, le veilleur est convoqué une heure avant le lever du soleil (ou le coucher du soleil) et de s'enfermer, seul, dans la boîte surplombant la ville. Après une heure de veille, le participant est invité à consigner ses impressions et réflexions dans un livre de témoignages. Les textes et photos de ces temps suspendus, les "traces" seront publiés sur le site internet des "Veilleurs de Caen".
Après une heure de "veille", le maire de Caen est ressorti, de son propre aveu, “pas complètement métamorphosé". Pour Joël Bruneau, le plus dur a sans doute été de rester une heure immobile. "Pour quelqu’un d’un peu hyperactif comme moi, rester une heure dans un petit espace comme celui-là, ce n’est pas inné. Marcher pendant une heure, ça me gênerait beaucoup moins", raconte le passionné de courses à pied, qui retiendra tout de même de cette expérience quelques images en tête. "En fait, il y a plein de veilleurs dans la ville. Les premiers veilleurs, c’est notamment tous les clochers qui ponctuent le ciel de Caen. Et puis j’ai bénéficié d’une journée un peu particulière avec l’arrivée de cette brume de mer qui a mis une sorte de mystère dans la ville. C’était assez ….intéressant."
Les participants pourront également échanger sur leurs expériences lors de rencontres organisées tous les quatre mois en présence de la chorégraphe Joanne Leighton. Le cycle des "Veilleurs de Caen" doit s'achever le 20 mars 2025 au soir. C'est une jeune femme de 16 qui clôturera cette performance artistique collective.
