Sept amis normands ont créé une start-up qui vise à mettre en place un système de location d’objets pour des besoins temporaires et qui ne sont donc pas utiles au quotidien. Un bon moyen de lutter contre la surconsommation. Depuis 5 mois, l’application "jachetepas" est disponible sur Android et Apple Store et compte déjà 800 utilisateurs.
C’est l’histoire de sept amis de longue date, originaire de Cabourg et Dives-sur-Mer qui sont partis d’un constat commun : chaque été à la fin des vacances, les poubelles sont pleines d’objets jetés (bateaux gonflables, bouées etc…) utiles pour un été, mais pas sur le long terme. "C’est ni écologique ni économique, explique Olivier Ezvan l’un des fondateurs du projet "jachetepas". Au départ, l’idée était à destination des vacanciers et puis on s’est rendus compte que le bricoleur peut avoir envie de louer plutôt que d’acheter un outil car ça ne va pas lui servir beaucoup."
Deux ans après ce constat et cette idée, en mai dernier, ils lancent l’application "jachetepas" sur Android et Apple Store, mise au point par l’un d'entre-deux. Le principe : après avoir téléchargé l’application, il est possible soit de mettre en ligne un objet que l’on souhaite proposer à la location, soit chercher un objet dont on a besoin ponctuellement (ponceuse girafe à 15 euros la journée, scie sauteuse à 500w à 9,50 euros la journée, 30 euros la robe de mariée à la journée…) Avec souvent la demande d'un dépôt de caution au propriétaire. Il est également possible de louer sur plusieurs jours. "On a eu des propositions un peu insolite comme un ancien camion à pizza… Cela a un peu dépassé l’idée originale mais on est très contents", réagit Olivier Ezvan.
L'application compte désormais 800 utilisateurs avec un ancrage encore très local. Ils sont principalement de Cabourg et de ses alentours. "On voudrait se développer et en avoir un maximum pour que le maillage soit local pour tout le monde (...) Notre objectif est de s'étendre pour qu’ensuite tout le monde puisse trouver ce dont il a besoin dans son quartier", espère-t-il.
La phrase que nous répétons entre nous régulièrement et qui nous fait rêver est "jachetepas n'est pas une start-up qui est née dans un garage comme beaucoup de ses grandes sœurs célèbres... mais qui utilise le contenu de nos garages.
Olivier Ezvan, vétérinaire et un des fondateurs de "jachetepas".France 3 Normandie
La tendance du "zéro-achat"
Cette initiative écologique, écoresponsable et économique s’inscrit dans la tendance du "no-buy", "zéro achat" en français qui consiste à louer ou emprunter plutôt qu’acheter. De plus en plus d’entreprises s'y mettent partout en France. C'est le cas d'Ozlaloc en Bretagne qui s’est lancée dans la location d’outils de bricolage et de jardinage entre particuliers et professionnels. La start-up bordelaise Petite Marelle propose des jouets en location avec un système d'abonnement mensuel. De nombreux sites font également de la location de vêtements. L’application AlloVoisins et ses 4 millions de membres a un volet "services" mais aussi un volet de matériels en location. Le site traditionnel d’achat et de vente d’occasion Leboncoin propose aussi des prêts entre particuliers.
Autant d’entreprises et d’initiatives sur le marché qui ont chacune leur modèle économique. Certaines font payer des abonnements, d’autres prennent des commissions et du côté de "jachetepas", l’application est gratuite et aucune commission n’est prise par les fondateurs. Eux, s’appuient pour le moment sur les bandeaux publicitaires.
Si Olivier Ezvan reconnaît que certaines choses restent encore à améliorer, comme le système pour laisser des notes et commentaires entre propriétaires et locataires ou l'ajout d'un système de géolocalisation, lui et ses amis sont positifs : "On fait le pari que ça marchera !"
Prochaine étape pour eux, les résultats du concours Normandy4good. Les sept fondateurs ont été sélectionnés dans la catégorie "prix start-up". Ce concours récompense les entreprises normandes et les porteurs de projets. Les lauréats remportent un accompagnement d’un an pour les aider à réaliser leur projet : un hébergement au Moho (un tiers-lieu dédié à l’innovation), un coaching par des experts de l’entreprenariat de la région et de la promotion sur leur projet. Réponse le 14 décembre prochain.