Les avocats ont leur propre régime de retraite autonome et entendent le conserver. A Caen, ils ont décidé d'entamer une "grève dure" et de se joindre au mouvement du jeudi 9 janvier.
"On a un régime qui fonctionne, qui ne demande rien à personne, qui, au contraire, abonde tous les ans au régime général et pour des raisons dogmatiques on va le mettre à mal ", tempête Gaël Balavoine, le bâtonnier de l'ordre des avocats du barreau de Caen. Si cette profession avait jusqu'à présent timidement exprimé son désaccord avec le projet de réforme des retraites, elle a décidé de joindre sa voix à la contestation de manière plus virulente. Réunis en assemblée générale ce lundi 6 janvier, les avocats caennais ont décidé, à l'unanimité, de renvoyer toutes les affaires programmées cette semaine.
L'assemblée générale des avocats du barreau de Caen a voté une grève dure jusqu'au 12 janvier 2020! pic.twitter.com/DC6MrFudT0
— Gaël BALAVOINE (@GbBalavoine) January 6, 2020
Depuis 1954, les avocats ont leur propre régime de retraite, " un régime autonome et non pas spécial ", tient à préciser Gaël Balavoine, géré par la caisse nationale des barreaux français. "On est doté d'une organisation propre qui permet de garantir au sein de notre profession une solidarité." Chaque avocat, quels que soient les revenus engrangés au cour de sa carrière, est assuré de toucher une retraite "socle" de 1400 €. "L'avocat qui ferait le choix de ne défendre que les plus démunis, en bout de course, aura la même retraite socle que celui qui aura pris des dossiers beaucoup plus rémunérateurs", assure le bâtonnier de Caen. Avec le projet de réforme, cette retraite minimum tomberait à 1000 €.
"Il y aura un impact pour les justiciables"
Et les cotisations augmenteraient, passant de 14 à 28 %. "La plupart des cabinets vont se retrouver dans des situations financières ne permettant pas d'assumer une telle augmentation de charge", prévient Gaël Balavoine, qui estime que les avocats ne seront pas les seuls perdants dans cette affaire. "Il y aura un impact pour les justiciables à savoir qu'on va répercuter l'augmentation des cotisations sur les honoraires." Outre la grève juridictionnelle, les avocats du Barreau de Caen participeront également à la journée de mobilisation/contestation interprofessionnelle du jeudi 9 janvier.Et le mouvement pourrait durer car reconductible. Les sessions d'assises programmées en janvier pourraient en faire les frais. En Normandie, les "Caennais" ne sont pas les seuls à hausser le ton. Les barreaux de Cherbourg, Alençon et de Coutances-Avranches ont décidé eux aussi de répondre à l'appel du Conseil national des Barreaux et d'entamer une "grève dure". Les avocats de Lisieux devraient se prononcer ce mardi.