Des rassemblements sont organisés ce lundi à Caen et à Cherbourg pour demander "un cessez-le-feu immédiat" dans la bande de Gaza, mais la tenue de ces manifestations est encore suspendue à la décision des préfets. "Nous, on veut pouvoir parler", justifie la porte-parole du Collectif 14 de solidarité avec la Palestine.
Le samedi 14 octobre, Nina Charlier était allée manifester dans les rues de Caen, malgré la décision du ministre de l'Intérieur qui interdisait tout rassemblement de soutien à la Palestine. Une cinquantaine de personnes avait bravé cet interdit. "J'ai été verbalisée par la police. Je n'ai encore rien reçu, mais je vais sans doute devoir payer une amende de 135 euros", raconte la porte-parole du Collectif 14 de solidarité avec la Palestine qui prévient : "Ce n'est pas cela qui me fera taire".
Depuis, le Conseil d'Etat a estimé que "l’interdiction ne peut se faire au niveau national". Les sages estiment qu'il appartient désormais au préfet de décider "si la manifestation peut créer un trouble à l’ordre public". La semaine dernière, la préfecture de Seine-Maritime a ainsi décidé d'interdire un rassemblement "unitaire pour une paix juste et durable" prévu à Rouen le 21 octobre. Le tribunal administratif, saisi en référé, a finalement permis la tenue de la manifestation à laquelle 300 personnes ont pris part.
L'interdiction de manifester a quelque chose de scandaleux et d'inapproprié. Ça rajoute de la haine à la haine. Nous, on veut s'exprimer, on veut parler.
Nina CharlierPorte-parole du Collectif 14 de solidarité avec la Palestine
Dans le Calvados, un collectif de seize organisations entend apporter son soutien au peuple palestinien. Dans le texte appelant à manifestrer, chaque mot a manifestement été pesé. En préambule, le collectif condamne "les crimes de guerre commis par des commandos du Hamas contre des civils israéliens", ajoutant aussitôt : "Ces crimes ne peuvent en aucun cas justifier qu’Israël commette d’autres crimes de guerre avec l’aval de ses alliés". La préfecture du Calvados n'a pas sourcillé.
— Maxime DA SILVA (@Maxime_DaSilva_) October 21, 2023
Dans la Manche, un autre collectif s'exprime à peu près dans les même termes, condamnant "sans réserve les attaques terroristes du Hamas envers Israël" qui "ne justifient en rien la vengeance aveugle ; les civils palestiniens ne sont en rien responsables de ces attaques". La préfecture de la Manche, que nous avons contactée, indiquait qu'une "déclaration de manifestation (...) a été transmise à la préfecture et est en cours d'instruction. Conformément aux règles légales en vigueur, une déclaration de manifestation n'emporte pas d'autorisation préfectorale". Ambiance...
A Caen, quelques dizaines de personnes manifestent dans le calme ce lundi soir. À Rouen, la manifestation organisée samedi s'est déroulée sans incident. Le Collectif pour une paix juste et durable entre les peuples palestiniens et israéliens qui l'organisait appelle à un nouveau rassemblement ce mardi 24 octobre. "Il faut pouvoir s'exprimer. C'est un sujet hyper-sensible, insiste Nina Charlier, mais il n'y a pas de raison pour nous interdire de parole".
Dans cette guerre qui ensanglante Israël et la bande de Gaza et dans les répercussions qui se font sentir ici en France, la porte-parole du Collectif 14 de solidarité avec la Palestine déplore "une dangereuse escalade".