Guerre Israël-Hamas. "On sort très peu, mais on n'a pas peur", un Normand en vacances à Tel-Aviv raconte

Depuis l'attaque du Hamas contre Israël samedi 7 octobre 2023, Nassim Levy et son épouse, en visite chez leurs enfants à Tel-Aviv, vivent au rythme des sirènes d'alerte aux tirs de roquettes. Le président du consistoire régional des communautés juives de Normandie nous raconte comment il vit la situation sur place.

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"Samedi matin, on devait partir à la synagogue pour célébrer la fête de Sim'hat Torah", relate Nassim Levy, le président du consistoire régional des communautés juives de Normandie et de l'association cultuelle israélite de Caen (Calvados), joint par téléphone mardi 10 octobre 2023. Nassim Levy séjourne depuis une semaine chez ses enfants à Tel-Aviv, en Israël. 

"On dormait lorsque la sirène a retenti. Comme j'ai des problèmes d'audition, je ne l'ai pas entendue. Mon fils est venu nous chercher dans notre chambre et on s'est réfugiés dans la pièce blindée de son appartement", détaille-t-il. "Et on a attendu. On a entendu beaucoup de sirènes et de fusées tomber.

Un sentiment de sécurité à Tel-Aviv

Depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre, "on sort très peu, juste pour faire des courses rapides. Mais on n'a pas peur", confie Nassim Levy. D'après ce qu'il a pu observer lors de ses rares sorties, les grandes enseignes de magasins sont "presque toutes fermées" à Tel-Aviv. "Quand on entre dans les grands magasins, on est fouillés et nos voitures aussi. C'est normal", appuie-t-il. 

Mardi matin, alors qu'ils étaient partis acheter des couches pour bébé, trois sirènes d'alerte aux tirs de roquettes se sont déclenchées.

On s'est dépêchés de rentrer pour se réfugier dans la pièce blindée de l'appartement.

Nassim Levy, président du consistoire régional des communautés juives de Normandie

À Tel-Aviv, Nassim Levy et sa famille disent se sentir "à l'abri du danger". "Nous sommes en sécurité ici", appuie-t-il. 

Depuis 2011, le "Dôme de Fer", un système de défense antiaérien très sophistiqué, protège la population israélienne des tirs de roquette et d'obus de mortier en provenance de Gaza. Mais il n'est pas infaillible.

Lorsqu'une sirène d'alerte aux tirs de roquettes retentit, les civils israéliens doivent se réfugier dans des abris sécurisés anti-roquettes et antimissiles. Cela peut être un abri public (miklat), un abri en sous-sol d'un immeuble (mamat), ou une pièce blindée (mamad) dans les logements particuliers. Depuis la fin des années 1990, les mamads sont obligatoires dans les logements neufs ou rénovés.

"Ce silence m'inquiète"

Le président du consistoire régional des communautés juives de Normandie affirme avoir reçu, depuis samedi, des appels de toute la classe politique, excepté les Insoumis, ainsi que des appels des représentants des autres cultes. "Mais pas un seul représentant musulman ne m'a appelé et ça, c'est grave", déplore-t-il. "Ce silence m'inquiète pour l'avenir de la France et de nos enfants", souligne Nassim Levy.

Notre communauté vit un cauchemar, nous sommes en deuil. Il va malheureusement y avoir beaucoup de blessés et de morts des deux côtés.

Nassim Levy, le président du consistoire régional des communautés juives de Normandie

Selon un dernier décompte mercredi midi, on dénombre plus de 1 200 morts et plus de 2 800 blessés en Israël, selon l'armée, et au moins 1 055 morts et plus de 5 100 blessés côté palestinien, selon le ministère de la Santé gazaoui. 

"Mes enfants se sentent plus en sécurité à Tel-Aviv qu'en France"

Notre conversation est interrompue par une sirène montante et descendante. "Il y a une alarme, je dois rentrer me mettre à l'abri. Au revoir !", a tout juste le temps de nous glisser Nassim Levy. 

Dans la soirée, nous continuons notre conversation sur WhatsApp. "Ça va à peu près. Il y a eu trois alertes à Tel-Aviv ce jour, nous informe-t-il. Notre vol retour prévu le samedi 14 octobre a été annulé. Nous avons eu de la chance d’avoir un vol pour le jeudi 12 octobre avec la compagnie nationale El Al", explique Nassim Levy. 

Quant à ses enfants, ils ne souhaitent pas venir en France pour le moment. "Ils font confiance à l’armée de défense de l’État d’Israël et se sentent plus en sécurité à Tel-Aviv qu’en France où il y a eu plus de 40 actes antisémites depuis samedi", pointe-t-il.

Mardi soir, le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a annoncé qu'une cinquantaine d'actes antisémites avaient été recensés en France depuis samedi. Une "vingtaine d’interpellations" aurait été réalisée, a précisé Gérald Darmanin mercredi lors d'une visite dans une école juive de Sarcelles (Val-d’Oise).

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