Guerre Israël-Hamas, attentats, alertes à la bombe : comment protéger sa santé mentale ?

Ce mois d'octobre 2023 est marqué par une actualité peu réjouissante entre la guerre au Proche-Orient, les attentats d'Arras et de Bruxelles ou encore les alertes à la bombe qui se multiplient. Une période qui peut être difficile à surmonter pour beaucoup.

Gérer ses émotions alors que l'actualité est pesante peut devenir une épreuve. L'actualité chargée de cette première quinzaine d'octobre 2023 nous impacte et tout le monde n'est pas armé face à cela. Une période qui nous rappelle celle des attentats de Paris, du Covid ou encore de la guerre en Ukraine.

Sandrine Elias est psychiatre au centre hospitalier du Rouvray (Seine-Maritime) et Laurent Lecardeur, psychologue vous livrent quelques conseils qui vous permettront de traverser au mieux ces journées à surmonter.

Quel est le premier réflexe à appliquer en ces temps angoissants ?

Sandrine Elias : On est confronté à une permanence d'informations que ce soit par les chaînes d'information en continu ou les réseaux sociaux. C'est une réalité qu'on ne court-circuite pas mais qu'on peut interrompre. Il est donc important de couper les écrans et de se recentrer sur soi. Une fois qu'on a assimilé l'information, on n'a pas besoin de l'entendre toute la journée.

Cela permet de se détendre, de retrouver l'espace libre qu'il y a dans notre tête et qui est essentiel. C'est un espace qu'on a oublié de construire parce qu'on est trop souvent dans l'instant présent. Chacun a sa manière de se détendre : continuer à faire du sport, aller à la chorale, dessiner, se distraire...

Il faut éteindre les sources de stimulations émotionnelles.

Laurent Lecardeur

Psychologue

Laurent Lecardeur : Il faut être capable de se donner du temps de respiration vis-à-vis de nos émotions pour pouvoir s'apaiser. Éviter les caisses de résonance que sont les réseaux sociaux ou les groupes WhatsApp fait partie de cela. Il faut éteindre les sources de stimulations émotionnelles.

Créer une bulle autour de soi, c'est la meilleure manière de gérer ses émotions, de les reconnaître et donc de se laisser la possibilité de les éteindre.

On peut aussi se mobiliser pour les autres.

Sandrine Elias

Psychiatre au centre hospitalier du Rouvray (Seine-Maritime)

Ne risque-t-on pas de trop s'enfermer ? 

Sandrine Elias : Certes, notre espace intérieur doit être solide, car il est essentiel de pouvoir s'évader dans sa tête, mais dialoguer avec des groupes est très important. Nos voisins, nos collègues, nos amis… On ne parle pas que de l'actualité avec eux. On peut aussi se mobiliser pour les autres. Ça a été le cas après le séisme au Maroc par exemple.

Comment parler de tout cela avec ses enfants ? 

Sandrine Elias : Une population parfois extrêmement jeune va être fascinée par les images qu'elle voit. À 15, 16 ans, une décapitation, ça peut fasciner. Sauf que les jeunes vont affronter ces images d'une manière directe alors qu'ils sont plus vulnérables. 

Les parents doivent demander à leurs enfants, poser la question : "Est-ce que tu as vu ces images ?" Il faut d'abord se pencher sur ce qu'ils ont vu et leur demander dans quel but ils ont vu cela. Les parents peuvent les interroger sur la pertinence de cela, leur demander si leurs enfants voudraient qu'on les voie dans cette situation.

Il est important de donner à l'enfant une vision raisonnée et éclairée de tout cela.

Laurent Lecardeur

Psychologue

Laurent Lecardeur : Si mon fils me demande ce qu'il se passe, il faut savoir qu'on doit expliquer les tenants et les aboutissants d'une situation à quelqu'un qui n'a pas du tout la même perception émotionnelle que nous. Il est important de donner à l'enfant une vision raisonnée et éclairée de tout cela sans se laisser soi-même par ses émotions.

Que faire si je cogite dans mon lit le soir, que tout cela m'empêche de dormir ?

Laurent Lecardeur : Si ça a lieu un soir, c'est une réaction normale. Le cerveau dit simplement "je ne peux pas, je suis trop chargé émotionnellement" et il faut accepter que l'on n'arrive pas à dormir. Le problème, c'est si ça dure. Il faut pouvoir trouver un espace de parole pour libérer ce qu'on a sur le cœur et dans le cerveau. Si cela ne suffit pas, il ne faut pas hésiter à se rapprocher d'un professionnel de santé.

Sandrine Elias : C'est normal d'y penser. Mais cela ne doit pas déborder sur le quotidien. Si on ne prend plus du tout les transports à cause de cela, il faut en parler à un professionnel.

Pourquoi autant de monde hésite encore à franchir le pas d'un cabinet de psychologue ? 

Laurent Lecardeur : Bien souvent les gens ont du mal à franchir ce pas, de peur que nous, les psychologues, on les prenne pour des fous. Ce qui est dommage parce que l'action temporaire d'un psy est une action simple qui permet d'éviter de voir s'installer quelque chose de plus grave de l'ordre de la dépression.

Aller voir un psychologue est une démarche temporaire qui a pour objectif d'aider la personne sur le moment.

Laurent Lecardeur

Psychologue

Il y a aussi une stigmatisation d'une partie de la société, qui pense que les personnes suivies psychologiquement sont des gens qui ne se donnent pas les moyens, qui sont fainéants…

Il faut garder à l'esprit que la démarche d'aller voir un psychologue est une démarche temporaire qui a pour objectif d'aider la personne sur le moment. C'est comme quand on va voir un dermatologue pour un problème de peau : il faut se dire qu'on va voir un professionnel de santé comme un autre pour résoudre un problème de santé.

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