C'est ce jeudi 30 mars 2023 que s'est joué le destin de Maryse Liégard, accusée d'avoir assassiné Jean Ginda, un retraité de 74 ans, en août 2019, à coup de matador : un pistolet d'abattoir. L'avocat général, dans son réquisitoire ce matin, avait demandé 30 ans de réclusion criminelle. La défense a plaidé l'homicide involontaire. Mais le verdict est tombé peu avant 20h. Maryse Liégard est reconnue coupable d’assassinat et condamnée à 30 ans de réclusion criminelle avec une peine de sureté de 10 ans.
Le regard fuyant et les traits tirés, Maryse Liégard, 51 ans, s’est présentée ce matin devant la cour d'assises du Calvados pour le troisième jour de son procès. A-t-elle oui ou non prémédité le meurtre de Jean Ginda, ce retraité de 74 ans qu'elle connaissait depuis seulement quelques semaines ? C'était tout l'enjeu de cette journée.
30 ans de réclusion criminelle
Le Parquet demandait 30 ans de réclusion criminelle. Maryse Liégard est condamnée pour assassinat, vol et destruction de bien à 30 ans de réclusion criminelle avec une peine de sureté de 10 ans.
Ce matin, lors de son réquisitoire, l'avocat général, s'est montré très sévère à l'encontre de cette ancienne toxicomane, soupçonnée d’avoir empoisonné, puis tué à coup de pistolet d’abattoir, Jean Ginda en août 2019 à Condé-sur-Noireau, avant de déplacer son corps et de brûler sa voiture.
C’est bien un assassinat, un meurtre avec volonté de tuer.
L'avocat général
Le projet criminel était connu : le vol de 8000 euros en espèces. L'avocat général a démontré qu'il y avait bien eu des conversations en amont de ce crime, et un plan élaboré par Maryse Liégard et son compagnon Jean-Marie, aujourd'hui décédé.
Le plan consistait à endormir la victime à l'aide d'un Panaché drogué, pour lui voler ses clés et ensuite lui dérober son argent. Mais la victime n’a pas bu le Panaché. L'avocat général estime qu’il y a eu préparation de crime, donc préméditation.
Les études balistiques montrent que le déclenchement du matador sur le front de la victime a été réalisé à bout portant.
"Un dossier complexe" selon l'avocat de la Défense
Si elle reconnait avoir déclenché le matador, un pistolet à bestiaux, Maryse Liégard a toujours affirmé qu’elle avait actionné l’arme du crime de manière accidentelle sur la tempe de la victime. Une explication mise à mal par les avocats de la famille de Jean Ginda, qui rappellent qu’un matador ne peut être mortel qu’à bout touchant.
La plaidoirie de son avocat, Gabriel Sibout, s'est terminée en tout début d'après-midi. Pour lui, il était important "que les choses soient présentées de la manière la plus claire possible pour que la cour d’assises rende une décision qui corresponde au dossier."
Ce dossier est complexe. Je ne conteste pas que le positionnement de ma cliente peut apparaître délicat. C’est mon rôle d’apporter un maximum d’explications sur ce positionnement."
Gabriel Sibout, avocat de la défense
L'avocat a plaidé l'homicide involontaire, comme sa cliente s'en défend depuis le début.
"Pour tuer avec un matador, il faut avoir chargé l'arme"
Lors de sa plaidoirie, Maitre Gabriel Sibout a défendu l'idée que l'intention de tuer ne venait pas de Maryse Liégard, mais de son compagnon Jean-Marie. Car c'est lui, l'ancien boucher, qui savait manipuler cette arme.
Celui dont on est sûr qu’il a eu l’intention de tuer, c’est Jean-Marie, parce que c’est lui qui a chargé l’arme. C’est son matador, il sait à quel point cette arme est létale. Il fait le choix de le charger, sachant à quel point c’est dangereux.
Gabriel Sibout, avocat de la défense
Deux autres hommes jugés dans cette affaire, un troisième qui ne sera jamais jugé
Dans cette affaire hors norme, deux hommes sont également accusés : Michel Rocques pour non-dénonciation de crime et Jacques Auzou pour tentative d'extorsion.
Jean-Marie, lui, a été retrouvé pendu chez sa mère, quelques jours après le meurtre de Jean Ginda. C'est lui qui était en possession de l'argent de la victime. Pour récupérer sa part, Maryse Liégard se serait associée avec Jacques Auzou, aujourd'hui accusé d'avoir voulu faire chanter Jean-Marie pour récupérer l'argent. Il est reconnu coupable de tentative d'extorsion. Il est condamné à 2 ans de prison ferme.
Michel Rocques, lui, aurait assisté aux conversations évoquant le meurtre de Jean Ginda. Il est reconnu coupable de non-dénonciation de crime. Il est condamné à 12 mois avec sursis. Il a déjà fait 5 mois de détention préventive.
Le frère de la victime s'est dit soulagé par ce verdict.