Le Mémorial de Caen a 30 ans, son architecte Jacques Millet nous raconte sa naissance

Le Mémorial de Caen célèbre cette année son trentième anniversaire. Si l'ancien maire de Caen Jean-Marie-Girault en a posé le concept, c'est l'architecte caennais Jacques Millet qui a dessiné les lignes de ce lieu plein de symboles..

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"Je suis très fier parce que c'est un très beau monument et qu'il a apporté beaucoup de paix pour tous ces gens, pour tout le monde." Comme beaucoup de Normands et Normandes, Gilberte Millet a été profondément marquée par la guerre. Son fils, Jacques, a grandi à Caen avec les récits de cette page douloureuse de l'histoire. Quand on lui confie en 1984 la tâche d'imaginer le bâtiment qui abritera "le musée pour la Paix", l'architecte ne se retrouve pas tout à fait devant une page blanche. "Depuis notre petite enfance, on était baigné de l'histoire et de la vie des gens qui avaient passé ces moments terribles", confirme l'intéressé, "je pense que ça a été très déterminant dans le choix du parti architectural".

Il y a d'abord ce bloc de pierre de Caen fracturé qui abrite le Mémorial de Caen. "Pour moi, la bataille de Normandie c'était la pierre cassée. Au-delà du Débarquement qui était quelque chose de très horizontal, la bataille de Normandie a été la bataille où a été détruit une grande partie de la ville, une grande partie de la Normandie", explique Jacques Millet. L'archietcet file une autre métaphore en imaginant l'entrée des visiteurs. "Pour moi c'était un peu la brèche qui a été faite dans la Normandie pour libérer la France puis l'Europe.

Si les pères du Mémorial de Caen, l'ancien maire Jean-Marie Girault, le scénographe Yves Devraine et Jacques Millet, l'architecte, sont clairement identifiés, la paternité de la phrase "La douleur m'a brisée, la fraternité m'a relevée, de ma blessure a jailli un fleuve de liberté" accueillant les visiteurs est longtemps restée un mystère. A la demande de l'architecte, le poète caennais Paul Dorey, un ami de la famille Millet, a écrit ces mots en une nuit. Mais il n'a jamais voulu signer cette maxime. "Il disait: je ne suis pas Paul Valéry. Il était très modeste", confie son épouse.

L'histoire de Jacques Millet avec le Mémorial de Caen ne s'est pas arrêtée en 1988 avec l'inauguration du musée pour la Paix. Il en a signé par la suite les extensions, dont celle qui doit voir le jour cette année. Il a également imaginé le Méorial des civils dans la guerre de Falaise.

Reportage de Jean-Baptiste Pattier et Carole Lefrançois



Intervenants:
Jacques Millet, architecte
Gilberte Milllet, civile caennaise le 6 juin 1944
Jeanne Millet-Chauvière, civile normande le 6 juin 1944
Henriette Chauvière-Geffroy, civile caennaise le 6 juin 1944
Marie-Thérèse Dorey, civile normande le 6 juin 1944

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