Certains sont devenus journalistes dans des grands médias, d'autres font carrière dans la musique, ou dans d'autres domaines comme le cinéma ou la communication. Tous ont un point commun : ils sont passés par le studio de Radio Phénix. Lancée en 2003, le média étudiant fête ses 20 ans ce 2 décembre.
Une radio étudiante, par les étudiants, pour les étudiants, mais pas uniquement. Ce samedi 2 décembre, Radio Phénix célèbre ses 20 ans. Pour l'occasion, le média du campus caennais enchaîne 20 heures de direct, de 8h du matin jusqu'à 4h, la nuit suivante. Derrière le micro, les animateurs d'aujourd'hui, mais aussi les bénévoles d'hier.
En deux décennies, Phénix a vu passer des talents multiples et singuliers. La radio étudiante a été le tremplin de dizaines de jeunes se rêvant journalistes, animateurs, musiciens, techniciens ou encore vidéastes. Autant d'intrépides qui ont fini par accomplir leurs rêves.
Du micro du studio à celui des grandes scènes
Qu'ont en commun les artistes et groupes Fakear, Superpoze, Joseph Kamel, Concrete Knives et Samba de la Muerte ? Ils sont Caennais, ok. Mais quoi d'autres ? Tous sont passés par Radio Phénix ! Les deux premiers, amis d'enfance, y ont animé une émission sur les musiques électroniques : Dirty City Sound, en 2009. "On a pitché le concept en passant le bac. Quand on nous a dit "ok", on était comme des fous", raconte Théo, alias Fakear. "On essayait de dénicher les trucs les plus obscurs dans les labels gratuits. Il l'avoue aujourd'hui, "on passait aussi nos sons sans dire que c'était nous. Ça m'a vraiment initié, ouvert les portes, clairement influencé. C'est une histoire un peu magique".
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D'autres artistes aujourd'hui confirmés sont passés par les studios de la Cité U Lébisey. Musiciens multiprojets, Nicolas Delahaye et Adrien Leprêtre ont fait un service civique à la radio : en 2010. Fers de lance des Concrete Knives, ils ont depuis séparé leurs chemins, mais demeurent actifs dans divers projets, comme Samba de la Muerte pour Adrien.
"J'ai tellement kiffé !" Comme eux, près de dix ans plus tard, Joseph Kamel a arpenté le studio rouge. Aujourd'hui figure de la nouvelle scène française, le chanteur se remémore "une ambiance géniale", un espace où il a pu "se construire en tant qu'artiste en rencontrant tout le monde culturel caennais". Il avait commencé par une émission intitulée La Coloc' avec des copains étudiants en infocom, avant un volontariat associatif d'un an.
Y'avait un côté roots, complètement artisanal. Parfois, c'était un peu freestyle, mais c'était génial !
Jean-Baptiste Pattier, membre fondateur aujourd'hui journaliste à France 3
À l’origine de Radio Phénix, cinq pères fondateurs. Parmi eux, Guillaume Costard a dirigé le média caennais pendant 18 ans, gérant la couleur musicale de l'antenne, biberonnant les bénévoles, travaillant les partenariats. Depuis deux ans, il a franchi le périphérique, pour accompagner les artistes locaux pour le BBC à Hérouville-Saint-Clair.
Présent comme lui au début de l'aventure, Jean-Baptiste Pattier est, lui, devenu journaliste à France Télévisions. Il se souvient avoir proposé le nom "Phénix FM" lorsque la fine équipe se réunissait aux Caves Thorel pour préparer ce projet un peu fou. Puis du "local sur le campus 1 où régnait une ambiance roots, un côté freestyle". Vingt ans après, il n'en garde que de bons souvenirs. Désormais à la tête d'une quotidienne sur France 3 Île de France, il a aussi publié cinq livres, dont le dernier sort tout juste : Les animaux, héros de l'histoire, avec le caricaturiste Chaunu.
De Radio Phénix au sacre des Bleus en Russie
Les micros de Radio Phénix sont-ils magiques ? Ils détiennent en tout cas le pouvoir de lancer les reporters en herbe sur le chemin des plus grands évènements sportifs au monde. Bénévole en 2008-2009, animateur d'une émission d'actualité baptisée Caen pensez-vous ?, Bertrand Queneutte est aujourd'hui journaliste à France Bleu Hérault. Commentateur sportif, il fut l'un des envoyés spéciaux de Radio France en Russie pour la Coupe du monde de football 2018. Là-bas, il a accompli son rêve de gosse : commenter une victoire française en finale d'un mondial.
⚽😍 Des images à jamais dans nos têtes. Des joueurs à jamais dans nos cœurs. Merciiii pic.twitter.com/B85MAUv7RC
— Bertrand Queneutte (@B_Queneutte) July 15, 2018
Passé aussi par France Bleu, Thomas Hercouët est aujourd'hui chez Brut. Véritable savant fou de la création de contenus, hyperactif, il a aussi travaillé pour Topito, et fomenté de nombreux projets comme La nuit originale, ou plus récemment Les Nouilles rampantes, un podcast d'horreur. À Phénix, il a vécu "une année profondément riche qui a cimenté son envie de créer du contenu, mais aussi de s'intéresser aux gens, à leurs histoires". Il a compilé ces rencontres, ces émotions vécues durant son année de service civique, dans un roman, intitulé Comment j'ai tué mon ange gardien.
C comme Caen, culture et cinéma
Dans la même veine, Angèle Chatelier a percé dans le milieu du journalisme culturel parisien. Son CV laisse songeur : Europe 1, Radio Nova, Culturebox, Slate, Rolling Stone, Libération, France Inter. Tout ça à 30 ans à peine. En 2012, elle débarque à Radio Phénix tout juste auréolée du bac, s'éclate un an, et monte à Paris pour réussir. À l'antenne, elle s'occupait de La Méridienne : "C'est ce qui m'a donné le goût de la radio et l'envie de faire ça de ma vie ensuite. Ça a été le truc le plus formateur de toutes les expériences que j'ai pu faire. J'ai aussi eu de la chance, Caen est une ville très riche culturellement".
Bien d'autres passagers de Radio Phénix ont su profiter du tremplin pour parvenir à leurs objectifs professionnels, comme Clémentine Le Ridée (Ouest France), Mathieu Message (Actu.fr Paris) ou encore Margot Douetil (Smart Radio). Vidéaste et producteur reconnu dans la région, Jonathan Perrut faisait partie des membres très actifs du début de l'aventure. Taulier du carnaval étudiant pendant de nombreuses années, on lui doit aussi Guillaume, la jeunesse du Conquérant (2015), et de nombreux projets cinématographiques caennais. Comme quoi, Radio Phénix est bien plus qu'un média, c'est un catalyseur, une rampe de lancement, une pépinière où les bizuts d'aujourd'hui seront les talents de demain.