Réalisée par le talentueux Ziad Doueiri (Baron noir) et créée par deux scénaristes du "Bureau des légendes", la série "Coeurs noirs" suit à la trace un groupe d'élite, les forces spéciales françaises, peu connu du grand public. Rencontre avec Nina Meurisse, originaire de Caen, qui joue le rôle "extrême et physique" d'une snipeuse.
L'histoire d'une mission impossible en Irak
Nous sommes, en octobre 2016, à la veille de la bataille de Mossoul.
Tout juste capturé, un important émir français de Daech se dit prêt à donner des informations cruciales pour déjouer de possibles attentats en Europe, mais il ne parlera qu'à une seule condition : la mise en sécurité de sa famille. Un commando des forces spéciales françaises part donc en terrain hostile pour retrouver et exfiltrer sa fille et son petit-fils.
Série diffusée à partir du 22 janvier sur Francetv.
Nina Meurisse, 24 ans de carrière, à 36 ans
Nina Meurisse a grandi à Caen. Elle commence sa carrière cinématographique, à 12 ans, dans "St-Cyr", aux côtes d'Isabelle Huppert. Depuis, elle privilégie les films d'auteurs avec des cinéastes comme Frédéric Mermoud, Agnès Jaoui, Sólveig Anspach, Céline Sciamma. Elle obtient en 2020 le prix Lumière de la révélation féminine pour son rôle dans "Camille".
En 2023, l'actrice était à l'affiche de deux films "Le Ravissement" et "Les Algues vertes". Les aficionados de séries l'ont déjà remarquée dans "B.R.I", "Mixte" et "Coeurs noirs". Une série déjà diffusée l'an dernier sur Prime Vidéo, coproducteur avec France Télévisions.
Sab, son personnage, nous fait découvrir ce groupe d'élite, très spécial
Nina Meurisse : "C'est une jeune snipeuse. Sab arrive tout juste dans ce groupe avec à la fois plein d'enthousiasme et pas mal d'appréhension. C'est l'une de ses premières missions d'envergure au sein de cette unité des forces spéciales. Pour préparer la série, nous avons suivi un stage d'immersion avec eux et ce qui m'a frappé, c'est leur polyvalence.
Ce n'est pas du tout ce qu'on imagine. Ce n'est pas qu'une histoire de gros bras. Il en faut certes, pour porter des sacs de 80 kgs, mais ce sont des personnes d'une intelligence incroyable qui doivent s'adapter en très peu de temps aux aléas du terrain. Ils sont impressionnants.
Nina Meurisse, actrice dans "Coeurs noirs"
Un stage d'immersion parmi les forces spéciales
Nina Meurisse : "Leur sens de la solidarité "A la vie, à la mort" m'a marqué. Ils sont forts ensemble, collectivement. Le puzzle ne fonctionne que si toutes les pièces sont réunies, sinon ça ne marche pas. Nous avons eu le droit à une vraie immersion physique, avec des footings, des sauts dans la boue ou encore des faux passages de frontière la nuit.
Nous étions cachés dans la forêt, équipés de jumelles de vision nocturne pour récupérer une cible. Dormir tout habillée dans un sac de couchage sur le sol avec nos chaussures. Se faire réveiller à 3H du matin. Éprouver ces sensations-là, c'était hyper important pour que nous mesurions ce qu'ils endurent, même à moindre échelle.
Physiquement, c'est colossal ce qu'ils font. Leur sac s'appelle le "menhir", et ce n'est pas pour rien : 80 kgs pendant 10 jours sur le dos. J'avais une image caricaturale des militaires, sorte de coeurs de pierre un peu bruts et évidemment, ce n'est pas ça. Il y a beaucoup d'émotion entre eux. Quand certains nous ont raconté leurs syndromes post-traumatiques, nous avons tous été bouleversés.
Nina Meurisse, actrice dans Coeurs noirs
Un tournage, d'une infime précision
Nina Meurisse : "C'est vraiment une volonté du réalisateur, Ziad Doueiri, de ne pas tomber dans la caricature. Nous avons tous beaucoup travaillé nos entrées de pièce, le jeu de regard en haut, en bas, à droite, à gauche, mais aussi la manipulation des armes. Nous avions un coach pendant le tournage, un ancien des forces spéciales pour tout vérifier, à chaque scène. Il y a plein de détails techniques que nous répétions en permanence avec lui. C'est comme une chorégraphie.
Les scènes les plus éprouvantes ?
Nina Meurisse : "C'était très physique comme tournage. On faisait de la muscu matin et soir. Tous les matins, à 4h30, avant de rejoindre le plateau et aussi après. C'était nécessaire. Cela a l'air de rien mais ramper sur un toit, avec un fusil et un sac de 16 kg, c'est hyper difficile. Mais ce poids nous aide, nous comédiens, à endurer et être au plus près du personnage.
Je me souviens de l'épisode 5, où je dois gravir la montagne. J'ai craché mes poumons. Dans une scène, je dois escalader la montagne de nuit. Il fait froid. Et un moment, j'entends Ziad me dire "Allez Nina, il faut que tu montes et que ce soit très dynamique". Je lui réponds, "mais par où, il n'y a pas de chemins" et il me répond "Ce n'est pas grave, il faut que tu montes, tu te débrouilles mais il faut que ce soit très dynamique" (rires).
La pépite de ce tournage ?
Nina Meurisse : "Incontestablement, la rencontre avec Ziad Doueiri. J'ai une admiration sans limite pour ce réalisateur qui travaille corps et âme. Il est hyper minutieux, passionné. C'est tout ce que j'adore. Avec lui, on a tout le temps envie de se dépasser, tant les acteurs que les techniciens. Il y a des plans, techniquement très difficiles à faire, et il a l'art de challenger son équipe, qui produit des images magnifiques. Et il est très reconnaissant. Il est attentif à tous les détails, même une patine sur un maquillage. Il voit tout. Il y a une telle joie sur le plateau. C'est extraordinaire. Je pense à la scène où il s'exclame "Coupez, on a libéré la France, Nina" (à voir ci-dessous).
Pour moi, c'est une rencontre fondatrice. Son enthousiasme débordant est hyper moteur. J'aimerais tourner tous les jours avec Ziad.
Nina Meurisse, actrice dans "Coeurs noirs"
Son vœu semble s'exaucer. Ziad Doueiri a confié à Nina Meurisse l'un de ses personnages principaux dans sa nouvelle série, la Fièvre, diffusée mi-mars sur Canal +. Quant à "Coeurs noirs", nous vous recommandons de suivre le regard de Nina Meurisse, jusqu'au dernier plan.
C'est si haletant qu'une saison 2 va être tournée en avril prochain entre le Maroc et Paris.