Nouveau bac : pourquoi ça coince en Normandie comme ailleurs ?

Les épreuves communes de contrôle continu (E3C) du baccalauréat auront-elles lieu en janvier ? En Normandie comme ailleurs, des enseignants tentent de faire annuler les épreuves afin, disent-ils, "de préparer leurs élèves dans de bonnes conditions".

Les élèves vont-ils passer les épreuves communes de controle continu à partir de la semaine prochaine ?  Dans de nombreux établissements normands, des équipes d'enseignants se mobilisent dans le but de faire annuler les épreuves du bac anticipées. Côté rectorat, la réponse est sans appel : les épreuves débutent lundi prochain.

Au programme de ces épreuves communes de contrôle continu dites E3C : de l'histoire-géographie et des langues vivantes pour la série générale. Dans les séries technologiques, les lycéens plancheront en plus sur les mathématiques.

Ces nouvelles épreuves, issues de la réforme du baccalauréat, débuteront dès le 20 janvier et s'étaleront jusqu'à début mars car les dates sont choisies par les établissements eux-même. Ce qui crée une différence de traitement, selon les professeurs.
 

Des professeurs déterminés à empêcher la tenue des épreuves anticipées...

"La détermination est très grande à l'heure actuelle", affirme Raphaëlle Mounier, professeur d'Histoire-Géographie au lycée Jean Rostand de Caen, "on demande l'annulation de cette session de manière à nous laisser du temps, au moins jusqu'à la fin de l'année, pour préparer nos élèves dans de bonnes conditions"

Ces épreuves anticipées posent problème "parce que la réforme a été mise en oeuvre de façon précipitée" selon les enseignants. "Nos élèves ne sont pas prêts, ils ne sont pas prêts parce que les programmes sont difficiles " poursuit Raphaëlle Mounier, "on avance lentement. Les élèves sont angoissés et stressés par ce contrôle continu qu'on a présenté comme une mesure pour les aider mais qui introduit un bachotage dès le début de la Première alors qu'avant il était limité à la Terminale. Les sujets qui sont arrivés présentent beaucoup de faiblesses voire de difficultés"


... et des élèves stressés qui ne savent plus s'il doivent réviser ou pas

"C'est du stress. On nous fait comprendre que les examens vont se passer mais nos prof nous disent qu'ils font tout pour les annuler" résume Thaïs Cathelineau, lycéenne, "on ne sait pas trop ce qu'on doit faire, si on doit réviser, si on doit tout annuler, on ne sait pas du tout".

"Moi ça me dérange pas qu'il y ait des épreuves au milieu de l'année. On début je pensais que c'était un bon moyen pour réviser et pas avoir tout à la fin de l'année au bac, sauf que là le problème c'est que ça arrive beaucoup trop tôt", ajoute la lycéenne.
 

On n'est pas réellement préparés. Normalement les professeurs sont capables de nous dire ce que l'on doit faire, c'est ce qui s'est passé les autres années avec les bacs normaux. Mais là les professeurs ne peuvent plus nous aider. Ils ne savent pas quoi faire ni comment vont se passer les épreuves. Ils ont eu les informations juste avant les vacances. 
Titouan Sequepien, lycéen


"En ce moment on est dans un stress permanent," explique Léa Dimanche, lycéenne, "c'est super flou, on ne sait pas trop à quoi s'attendre pendant les épreuves et puis tout le monde nous en parle en disant que ce sera super difficile. Les profs nous disent que les sujets qui sont dans les banques de données sont des sujets difficiles".

Ce flou, c'est ce que dénoncent les enseignants : "les élèves nous posent des questions auxquelles on ne peut pas répondre parce qu'on n'a pas encore les informations. Pour une réforme c'est quand même problématique de ne pas pouvoir répondre à un élève quand il nous demande précisement les conditions d'examen. Il y a deux mois on était incapable de leur donner véritablement l'allure des futures sujets de ces premiers contrôles. "

Un manque d'information qui touche aussi, selon les enseignants, le fameux grand oral : "pour l'année prochaine, on nous parle de grand oral pour les élèves de Terminales, on ne sait toujours pas ce qu'il va y avoir dans cet exercice. Or l'apprentissage se fait sur le long terme et on n'a toujours pas commencé à les préparer à un exercice qu'on ne connaît pas. Pour les élèves c'est source d'inquiétude parce qu'il y a beaucoup de points d'interrogation qui subsistent."

Depuis la nouvelle réforme, le contrôle continu constitue une partie de la note finale du bac : les bulletins scolaires comptent pour 10% et les épreuves du contrôle continu, réparties en trois sessions sur les années de Première et Terminale, pour 30%.
 

"Les épreuves auront lieu à partir de lundi" selon la rectrice

Christine Gavini-Chevet, rectrice de la région académique Normandie, nous l'a confirmé ce mercredi 15 janvier : "les épreuves auront lieu dans tous les établissements à partir de lundi. Elles se passent à des moments différents selon les établissements mais nous allons tenir ces épreuves. Je comprends très bien les inquiétudes des professeurs. Il s'agit d'une réforme, d'un changement très important et nous tiendrons compte à l'issue de ces épreuves des ajustements qu'il faudra mettre en place."

Même en cas de grève des enseignants, les épreuves devraient se tenir normalement, selon la rectrice.

Pour le ministre Jean-Michel Blanquer, la réforme du baccalauréat offre plus d'avantages que d'inconvénients


" Je rappelle que l'épreuve de contrôle continu, qui a lieu à la fin du mois de janvier, va compter pour moins de 2% dans leur note finale " expliquait le ministre de l'éducation mardi 14 janvier, à l'Assemblée nationale balayant ainsi les critiques. "C'est donc un très bon galop d'essai pour eux. (...) Il y a aussi un progrès technique (...) la dématérialisation. La France va réussir à dématérialiser 1 700 000 copies, ça signifie un meilleur service public, ca va faire gagner du temps et permettre de mieux répartir les copies et surtout les élèves auront un droit nouveau, celui de pouvoir consulter leur copie en ligne en temps réel, dès que la copie sera corrigée, ce sera évidemment un grand progrès."



 
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