"On est vraiment dans les failles du système". Le bac de français, c'est pour la fin de l'année, mais certaines classes de première n'ont plus d'enseignants depuis des semaines. Le remplaçant se fait attendre.
Depuis fin novembre, il manque un professeur de français au lycée Rostand de Caen. Quatre semaines sans cours et sans remplacement qui inquiètent les parents d'élèves.
Les élèves passent leur bac de français à la fin de l'année. "Ils doivent présenter une quinzaine de textes pour l'épreuve et ils n'en ont aucun. Ils n'ont même pas une liste" précise Wilfried Prellier, parent d'élève.
Ironie : une épreuve de bac blanc est organisée par le lycée d'ici une quinzaine de jours.
"Ça crée une tension" explique le parent d'élève, "les élèves sont inquiets".
"Pour le bac blanc, on nous a expliqué qu'on aurait un barême différent. On nous noterait différement" explique Ylann Lemonnier, lycéen en première au lycée Rostand.
Alors qu'ils attendent un enseignant, les lycéens voient bien que leurs amis préparent leur bac de français dans de bien meilleures conditions. "Moi, mon stress vient du fait que les autres classes avancent. On essaie de travailler tout seul, en suivant le manuel mais on ne sait pas si notre préparation est bonne".
Selon les parents d'élèves, "la seule réponse que l'on a du rectorat, c'est 'on est au courant'. Nous n'avons aucune information sur un retour possible de l'enseignant ou un remplacement"
Urgent, cherche prof de français
"Au lycée Fresnel c'est le même cas" note Bertrand Buffetti du syndicat enseignant SNES FSU," le rectorat n'a pas de remplaçants et peine à recruter des contractuels".
Peut-on réaffecter des profs de français d'autres classes vers la première ? "En général les profs de français ont tous au moins une classe de première."
Pourquoi ce manque de professeurs ? "Les concours n'attirent plus, il y a chaque année des places vacantes en français et en maths. Dès la rentrée, au 1er septembre, les TZR (Titulaires en zone de remplacement) ont déjà été intégrés dans les établissements pour pallier le manque de recrutement", explique Bertrand Buffetti. Autrement dit, le vivier de remplaçants officiels a déjà été vidé. La seule solution pour le rectorat est de recruter des contractuels en cours d'année. "On voit beaucoup d'annonces sur les sites de recrutement, les postes restent vacants. On est vraiment dans les failles du système. Un prof de français tombe malade et c'est la panique", poursuit le syndicaliste.
Les profs de français et de maths très sollicités
Autre explication possible de ce manque de professeurs de français (mais aussi de maths), les besoins en heures de cours pour les classes de 6e-5e ont augmenté. "Il faut savoir que les profs de français sont très mobilisés par les groupes de savoirs, les besoins du collège se sont accrus avec la réforme".
Si l'équilibre repose uniquement sur les professeurs contractuels, il ne peut être que précaire, selon les syndicats enseignants. "Quand un contractuel arrive sur une classe de première, c'est compliqué, il est même arrivé qu'une personne parte au bout d'une semaine" se rappelle Bertrand Buffetti.
"Il y a une différence entre être titulaire d'une licence de lettres (le niveau requis pour postuler) et enseigner à une classe qui passe son bac de français à la fin de l'année".
Que fait répond l’académie de Normandie face à cette situation ? Dans un message transmis à notre rédaction, elle se déclare "pleinement mobilisée pour répondre aux besoins de remplacement des enseignants dans les établissements scolaires.
"Concernant la situation du lycée Jean Rostand de Caen, l’absence de l’enseignante de Lettres a débuté au début du mois de décembre et a été prolongée après les vacances de fin d’année, à compter du 9 janvier. Durant cette période, plusieurs démarches ont été entreprises pour assurer le remplacement, et les services du rectorat ont mené de nombreux entretiens. Des candidats ont reçu des avis positifs, leur recrutement nécessite un délai supplémentaire en raison de démarches administratives. Les corps d’inspection poursuivent leurs efforts pour trouver des solutions adaptées, tout en maintenant un suivi étroit de la situation dans les établissements concernés."