Objets métalliques, jolies pierres de couleur, les trouvailles de vos ballades normandes peuvent se révéler dangereuses. Chaque année, les démineurs normands réalisent un millier d'interventions dans toute la région. Voici les gestes à adopter en cas de découverte d'engins suspects.
Plus de peur que de mal ! Un élève rennais a voulu partager, ce lundi 9 décembre, sa découverte d'un engin métallique trouvé sur une plage normande. Bilan de l'opération : plus de 550 élèves évacués et une intervention de déminage... pour un poids d'horloge ancien.
Le centre de déminage de Caen intervient sur les départements du Calvados, de la Manche, de l'Orne et de la Seine-Maritime.
(*prénom d'emprunt)
Premier réflexe : ne rien toucher !
Lors d'une promenade sur la plage, ou en forêt, la découverte d'un vieil objet pouvant dater de la Seconde Guerre mondiale peut faire rêver certains collectionneurs. Mais le mot d'ordre, c'est de ne surtout pas y toucher. En novembre 2022, un promeneur a ramassé un "joli caillou rose" sur la plage de Saint-Côme-de-Fresné, près d'Arromanches-les-Bains dans le Calvados.
Or, il s'agissait en fait de phosphore, un élément très dangereux, car il a la particularité de s'enflammer au contact de l'air. Une fois séchée, la pierre récupérée dans l'eau de mer s'est enflammée par le frottement avec d'autres galets dans sa poche. Le promeneur a été brûlé à la main et à la jambe.
Deuxième réflexe : prendre l'objet en photo et appeler le 17
Le plus simple, c'est d'appeler la gendarmerie ou la police, en composant le 17, car vous aurez toujours un interlocuteur au bout du fil, 24h/24. Ils transmettront aussitôt l'information à la préfecture concernée. C'est elle qui demande l'intervention du service de déminage.
Les photos prises avec votre smartphone pourront orienter les démineurs sur la nécessité d'une intervention, ou non, mais très souvent, les démineurs interviennent.
"Une fois sur place, le démineur va identifier l'engin et il saura s’il peut la transporter ou la détruire sur place, comme certaines grenades à fusil en mauvais état."
C'est quasiment impossible de savoir si un engin est dangereux, donc on considère que tout engin suspect est susceptible d’être explosif.
William, démineur à Caen
Troisième réflexe : baliser l'emplacement
William, démineur à Caen, préconise de recouvrir de terre ou de sable l'engin pour protéger cette potentielle munition des agressions extérieures et de la vue. En cas de présence de phosphore, le fait de priver l'objet d'oxygène va éviter qu'il s'enflamme. Outre sa propriété incandescente, le phosphore est extrêmement dangereux, car il est également toxique. Le phosphore est notamment présent dans les engins fumigènes ou incendiaires, tels que des projectiles de mortier ou des obus.
Il faut baliser l’emplacement, en plantant une branche dans le sol, ou en accrochant un morceau de tissu dans un arbre, mais en décalant ce repère de 1m ou 2, pour éviter qu'un curieux ne s'en approche.
William, démineur à Caen
Et si votre enfant manipule un objet dangereux
"Il faut rester calme, et essayer de trouver un endroit à l’écart du chemin ou de la route et le poser délicatement" explique William.
Puis adopter les bons réflexes : prendre des photos, baliser et appeler les forces de l'ordre.
Chaque année, entre 15 et 25 tonnes de munitions sont enlevées et détruites par les démineurs normands.