Vingt-huit ressortissants français rapatriés de Chine sont logés depuis le 21 février au "Normandy Garden" dans la Calvados. La zone est interdite d'accès aux visiteurs et... aux journalistes. Les seules images disponibles sont diffusées par le ministère. Les nouvelles sont bonnes. Forcément.
Un tapis musical electro bien dans l'air du temps nous met dans l'ambiance. Zen. Après tout, la scène se passe dans un centre de vacances. Le titre du film indique pourtant que le sujet est sensible : "Normandy Garden", les Français rapatriés de Chine en centre d'hébergement préventif durant 14 jours - Branville, Calvados. Un militaire de la sécurité civile apparaît à l'image, accroupi, masque sur le visage. Il tend des jouets à un bambin filmé de dos. C'est touchant. Fin de la première séquence.
#immersion
— Préfet du Calvados (@Prefet14) February 25, 2020
La vie s'organise au #Normandy Garden pour nos ressortissants français rapatriés de #Chine.
Les militaires de la @SecCivileFrance s'assurent du bien-être des résidents.@Place_Beauvau @MinSoliSante @ars_normandie #Calvados#Normandie pic.twitter.com/DD4mUAVTJ3
"Avec mon équipe de 23 personnes, on est chargés de s'occuper du bien-être des résidents", explique le lieutenant Alexandre, responsable de la zone de confinement qui comprend 77 logements. "Actuellement, 25 sont occupés. On a 28 résidents répartis en unités familiales". Un homme barbu vêtu d'un manteau gris invite la caméra dans son chez-lui provisoire. La terrasse donne sur un petit plan d'eau. Les arbres sont nus. Le ciel est bas. En été, le cadre doit être enchanteur. Abel porte son masque blanc réglementaire : "mais ça va, on a été bien reçus. On est bien traités. On a une équipe médicale à notre disposition". Mais que disait-il donc avant ce "Mais" ?
Personne ne doute que le plus grand soin est apporté à ces Français qui ont été rapatriés de Chine afin d'échapper à l'épidémie de Coronavirus. Le film montre d'ailleurs une séance de gymnastique collective. Le sport, c'est toujours bon pour la santé. Le lieutenant Alexandre ajoute que "7 à 8 personnes" se relaient en permanence, "24h/24" pour "répondre à leurs besoins". Mais quel est leur moral ? Comment vivent-ils cette réclusion temporaire ? Comment ont-ils été pris en charge par les autorités françaises lorsqu'ils se trouvaient encore en Chine ? Ont-ils eu le choix ? Nous n'en saurons rien.
Ces questions, les journalistes les auraient assurément posées. Les réponses données par ces personnes, victimes bien malgré elles de leur séjour en Chine, souligneraient peut-être combien il est précieux de pouvoir compter sur la solidarité de la nation lorsque l'on est au bout du monde. Leurs doutes, leur lassitude, leurs inquiétudes auraient donné toute sa force à un vrai reportage d'information. C'est ce qui le distingue d'un spot de communication, lisse par nature.