Depuis 2014, le Normand Bruno Massot fait équipe avec la patineuse d'origine ukrainienne Aljona Savchenko. Le duo a décroché cette nuit la médaille d'or de l'épreuve de couples du patinage artistique des Jeux olympiques de Pyeongchang.
Avec un score de 235,90 points, ils ont devancé les Chinois Wenjing Sui et Cong Han (235, 47 pts) et les Canadiens Meagan Duhamel et Eric Radford (230,15 pts). Le duo Aljona Savchenko - Bruno Massot a décroché cette nuit la médaille d'or de l'épreuve de couples du patinage artistique des Jeux olympiques de Pyeongchang.
Quatrièmes à l'issue du programme court, les deux patineurs ont ensuite survolé le programme libre: le duo a battu le record du monde de points (159,31 pts) sur "La Terre vue du ciel" du compositeur français Armand Amar, pour doubler sur le fil les favoris chinois et russes, qui ont tous les deux chuté.
Pour la patineuse d'origine ukrainienne, c'est sa troisième médaille olympique (après deux bronzes consécutifs). Pour le Normand, c'est une première. Comme pour l'Allemagne depuis 1952. Car si les deux sportifs ont grandi loin du Rhin, c'est sous les couleurs de la patrie de Goethe qu'ils concouraient cette nuit en Corée.
Reportage de Florent Turpin et Cyril Duponchel
Pour Bruno Massot, cette médaille a le goût d'une revanche. Et constitue un sérieux revers pour la fédération française. C'est en 2014 que la patineuse Aljona Savchenko, déjà détentrice d'un passeport allemand, jette son dévolu sur le Normand. Ce dernier faisait équipe depuis 4 ans avec la Russe Daria Popova. Le duo avait été sélectionné pour représenter la France aux JO de Sochi. Mais cinq jours avant le début des épreuves, la partenaire du Normand s'est vue refuser sa demande de naturalisation française. Et la fédération n'a rien fait.
Le portrait de Bruno Massot dans C Sports en janvier 2017
Si l'alchimie entre les deux coéquipiers a été immédiate, leurs parcours a été quelque peu freiné par la lutte entre les fédérations, allemande et française. Cette dernière finira par céder. Mais il faudra attendre octobre 2015 pour que Bruno Massot obtienne une "release", une autorisation qui donne la liberté un athlète de changer de pays. Pendant ces 18 mois de conflit, le Normand s'est retrouvé interdit de concourir et sans ressources: il vivait avec seulement 200 euros par mois grâce à une aide de la Fédération allemande. Un soutien financier de ses parents, les économies de sa petite amie et une collecte d'un club de supporters allemands lui ont permis de survivre.
Le duo Savchenko-Massot ne peut se lancer en compétition qu'en 2016. Cette année-là, ils finissent sur la troisième marche du podium aux championnats du monde et décrochent un titre de vice-champions d'Europe (qu'ils conserveront l'année suivante). Les voilà désormais au sommet.