Pierre-Antoine Capton va-t-il sauver le Stade Malherbe de Caen

Le patron d'un des poids-lourds de l'audiovisuel français, proche de l'ancien président du Stade Malherbe, avait été pressenti pour reprendre le club normand en 2018. Cette piste avait suscité l'hostilé des actionnaires. Deux ans plus tard, la donne a changé.  

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L'histoire se montre parfois ironique. Et cruelle. Il y a deux ans, quasiment jour pour jour, Gilles Sergent succédait à Jean-François Fortin à la tête du Stade Malherbe de Caen. Le président du club pendant 16 ans venait d'être poussé vers la sortie par le SMC 10, le groupe d'actionnaires majoritaires.

Son tort : avoir soutenu la montée au capital d'un actionnaire arrivé un an plus tôt, le chef d'entreprise Pierre-Antoine Capton. Deux ans plus tard, ce dernier pourrait être le sauveur d'un club en difficulté financière.
 
"Tout va très bien, dans le meilleur des mondes", déclarait au début du mois de mars Pierre Esnée, le président du SMC 10, le groupe des 13 principaux actionnaires détenant, à parts égales, 80% du capital du club normand. Un sourire en coin semblait toutefois trahir une certaine ironie.

Si Caen faisait office de bon élève du football français lors du départ de Jean-François Fortin, la situation a drastiquement changé. En deux ans, le déficit s'est considérablement creusé. La relégation en ligue 2 et la perte des droits télé a porté un coup sévère aux finances du club. Tout comme les indemnités qu'il a fallu verser à Xavier Gravelaine, Fabien Mercadal et ses adjoints, Roland Courbis venu l'épauler, ou Rui Almeida et son staff technique, des dépenses, pas toujours prévues, qui s'élèvent à plusieurs millions d'euros. Sans compter une masse salariale conséquente au regard de l'envergure sportive du club normand.
 

Les explications de Florent Turpin, le 5 mars 2020

"Un club de foot aujourd'hui, par essence, est déficitaire", déclarait alors le président du Stade Malherbe de Caen, Fabrice Clément, dénonçant "des chiffres faux" diffusés dans la presse et des propos jugés "alarmistes". Le rapport de la DNCG, le gendarme financier du football français, publié le 11 mars dernier faisait pourtant état d'un creusement du déficit du résultat d'exploitation entre la saison 2017-2018 (8 millions) et la saison 2019-2020 (13 millions). Un déficit ne prenant pas en compte les transferts qui, jusque là, permettaient au club de présenter des comptes à l'équilibre.
 

"C'est comme si on s'était pris une porte dans la figure"

Une semaine après la publication de ce rapport débutait le confinement. Le championnat était suspendu. Avant d'être définitivement arrêté quelque semaines plus tard pour la saison 2019-2020. "C'est comme si on s'était pris une porte dans la figure", confiait alors à nos confrères de France Bleu, Fabrice Clément, avant de nous confirmer sa vive inquiétude : "C'est l'inconnue totale, on n'a aucune visibilité sportive... et il y a tout le volet économique qui va avec." Plus de matchs, plus de recette. Et la perspective de se refaire une santé financière sur d'éventuels transferts semble illusoire, au regard des résultats sportifs engrangés cette saison et de l'état du marché frappé par l'épidémie.
 Selon les estimations de certains de nos confrères, le "trou à éponger" aujourd'hui oscillerait entre 6 et 10 millions d'euros. Le 7 mai dernier, le quotidien sportif l'Equipe indique dans ses colonnes qu'un groupe sino-américain, ancien propriétaire de l'OGC Nice, serait prêt à mettre la main sur le club normand. "Aucun commentaire à faire", répond alors Fabrice Clément à nos sollicitations. Une dizaine de jours plus tard, c'est une autre solution que semblent privilégier les actionnaires, une solution dans laquelle un homme pourrait jouer un rôle clé.
 

Vers une recapitalisation ?

Deux ans plus tôt, deux des membres historiques du conseil de surveillance dénonçaient "une OPA hostile" d'un "actionnaire non-ancré dans les valeurs normandes". Si Pierre-Antoine Capton n'a finalement pas acquis, à cette époque, 67 % du capital du Stade Malherbe, il en est toujours actionnaire. Selon Ouest-France et Football normand, le projet défendu jadis par Jean-François Fortin pourrait, d'une certaine manière, voir le jour.

Interviewé par nos confrères de France Bleu Normandie, Fabrice Clément confirme une réflexion en cours autour d'une recapitalisation mais botte légèrement en touche quand on évoque le chef d'entreprise trouvillais : "le contexte est de se dire comment peut-on trouver les solutions parmi les actionnaires - Pierre-Antoine notamment mais la question a été posée à tout le monde de la même façon."
 
Joint via SMS par un des membres de notre rédaction, l'intéressé répond aimablement :"je reviens vers vous dès qu'il y a des choses à dire". Dans une interview publiée ce mardi matin sur le site internet de l'hebdomadaire Le Point, le producteur de télévision indique que "la situation s'est apaisée" (au sein du groupe d'actionnaires) et confirme sa volonté de participer au sauvetage du club sans dévoiler la hauteur de son éventuel investissement. "Autour du président Fabrice Clément, nous cherchons des solutions pour assurer la pérennité du club. Si je dois en faire partie, je le ferai". Le temps presse pour le Stade Malherbe de Caen qui doit passer devant la DNCG en juin prochain. 
 

Pascal Dupraz toujours là

Si on ne sait pas encore aujourd'hui qui présidera aux destinées du club normand la saison prochaine, l'un de ses acteurs clés a, lui, confirmé sa présence. Au début du mois de mai, Var-Matin avait évoqué des contacts noués entre Mourad Boudjellal, l'ancien président du RC Toulon désireux de se reconvertir dans le football, et Pascal Dupraz. L'intéressé nous avait alors fait part de sa surprise à la découverte de cette information. Ce lundi, sur Twitter, il a tenu mettre les choses au clair : "Je suis sous contrat avec le Stade Malherbe et pleinement engagé, au côté des dirigeants, dans la préparation de la nouvelle saison". Et de conclure: "Allez Malherbe !


 
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