Cinq ans et demi après le présumé truqué Caen-Nîmes, la justice se penche à nouveau sur le rôle de Jean-François Fortin dans l'affaire. Condamné à 15 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende en juin 2018, l'ex-président du SM Caen espère être blanchi lors de ce nouveau procès, en appel.
Retour au tribunal pour Jean-François Fortin. L'ex-président du Stade Malherbe Caen espère la relaxe dans ce procès en appel des matchs truqués de Ligue 2. "J'ai été considéré comme un tricheur, je ne peux pas supporter ça" avait déclaré l'ancien dirigeant malherbiste avant-même le premier procès, en juin 2018. Alors, évidemment, un an et demi après sa condamnation pour corruption passive, il demeure sur la même longueur d'onde et espère, cette fois, être entièrement blanchi. Il devrait être auditionné mardi matin.
En revanche, pas d'appel pour Pilou Mokkedel. L'ancien homme à tout faire du SMC, officiellement responsable de la sécurité à l'époque, avait écopé de huit mois de prison avec sursis. Au sortir du tribunal, il avait déclaré qu'il ne ferait sans doute pas appel, arguant que s'il n'avait pas réussi à convaincre cette fois-là, il ne voyait pas comment il pourrait le faire dans le futur, et qu'il voulait "passer à autre chose".
Les principaux acteurs absents
A l'origine des tentatives de corruption, les ex-dirigeants nîmois Serge Kasparian et Jean-Marc Conrad ont renoncé à faire appel. Pourtant, ils avaient écopé des sanctions les plus lourdes : trois ans de prison dont 18 mois avec sursis, assortis d'une amende. Les deux hommes sont, par ailleurs, toujours poursuivi dans "l'affaire du Cercle de jeu Cadet".
Au tribunal aux côtés de Jean-François Fortin, trois autres condamnés ont interjeté appel. Franck Toutoundjian, ami de Kasparian et intermédiaire des tentatives de corruption, Mohamed Regragui, ancien joueur nîmois, et Michel Moulin, ex conseiller du PSG. Tous trois sont liés à une ou plusieurs tentatives d'arrangements des matchs du Nîmes Olympique à la fin de la saison 2013-2014. Au total, sept rencontres des Crocos avaient fait l'objet de suspicions, face au CA Bastia, Dijon, Brest, Laval, Istres, Caen et Créteil.
Une condamnation fondée sur un coup de fil
"Si on n'est pas trop con..." C'est sur la base de cette phrase, prononcée en mai 2014 lors d'une conversation téléphonique avec son homologue nîmois Jean-Marc Conrad, que Jean-François Fortin a été condamné à 15 mois de prison avec sursis dans l'affaire du match Caen - Nîmes. A l'époque, le tribunal avait considéré que le simple fait d'avoir "agréé à une proposition aux fins d'obtentions d'un match nul" suffisait à constituer le délit de corruption passive et donc à le condamner.
Caen - Nîmes s'était effectivement terminé sur un score de parité (1-1) qui arrangeait les deux clubs. Caen validait sa remontée en Ligue 1, et Nîmes son maintien en Ligue 2 au terme d'un match qui n'aurait jamais dû se jouer. Selon le règlement de la Ligue de football professionnelle, les Gardois auraient dû le perdre sur tapis vert pour ne pas s'être présentés à l'heure pour le coup d'envoi du match, initialement prévu le 14 mars 2014. Après de nombreuses tergiversations, l'instance nationale avait décidé de caler la rencontre entre les deux dernières journées de championnat, allant encore une fois contre son propre règlement.
Condamné en première instance à 15 mois de prison avec sursis et 15 000 euros d'amende, Jean-François Fortin risque jusqu'à 5 ans de prison et 500 000 euros d'amende. Le procès en appel s'est ouvert ce lundi matin. Il doit durer cinq jours.