Elisabeth Borne a annoncé le 6 mars 2023 le remboursement des protections périodiques réutilisables à compter de 2024 pour les femmes de moins de 25 ans. Une mesure saluée par les associations qui luttent contre la précarité menstruelle.
4 millions, c’est le nombre de Françaises concernées par la précarité menstruelle. L’association "Règles élémentaires" révèle ce chiffre dans sa dernière enquête avec Opinion Way.
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« En deux ans, ce chiffre a doublé. La précarité menstruelle gagne du terrain et ce sont les jeunes qui se retrouvent en première ligne. Près d’une jeune Française sur 2 (44% des Françaises menstruées interrogées de 18 à 24 ans) connaissent des difficultés à se fournir en protections. Parmi elles, 330 000 jeunes femmes n’ont régulièrement pas accès aux protections périodiques dont elles ont besoin » nous précise Laury Gaube, directrice de la communication de Règles élémentaires.
Vers une réglementation des protections périodiques lavables
La mesure annoncée par Elisabeth Borne est une bonne nouvelle pour cette association qui se bat depuis 2015. Prochaine étape : veiller aux normes des protections périodiques lavables qui sont inexistantes à ce jour : "on a pas d’informations sur la procédure qui va être appliquée dans les pharmacies. Nous allons aider à la constitution d’un cahier des charges concernant les protections périodiques réutilisables. En 2022, un décret a été publié sur la composition des protections périodiques jetables pour permettre la transparence mais il faut désormais une réglementation pour les lavables. Ces produits doivent être sains car pour l’instant, ces dispositifs ne sont pas considérés comme des dispositifs médicaux" précise Laury Gaube.
Une éducation sur l’hygiène menstruelle
Des expertes en hygiène menstruelle préconisent une éducation en ce sens. En France, l’âge moyen des premières règles est de 11 ans mais avec les perturbateurs endocriniens, certaines fillettes sont réglées dès 7 ans :
Il faut en parler le plus tôt possible pour que les fillettes soient préparées à vivre leur vie de femme menstruée dans de bonnes conditions.
Noëlle Papay, fondatrice de l’entreprise "Dans ma culotte".
Avec son associée, elle avait créée en Normandie cette société qui produisait des protections menstruelles lavables (cup, serviettes…). Fermée depuis le début de l’année 2023, son sort est confié à un mandataire judiciaire.
Toutefois, Noëlle Papay reste une experte dans le domaine de la protection hygiénique. En 2019, elle a participé à un colloque à l’Assemblée Nationale sur la santé menstruelle. Un rapport a été publié l’année suivante. 40 mesures phares ont été retenues comme par exemple une meilleure formation des médecins et des soignants au syndrome du choc toxique (le syndrome du choc toxique est lié aux règles : c’est une maladie infectieuse, parfois mortelle, favorisée par un mauvais usage des tampons ou coupelles périodiques ndlr).
Une des mesures retenues est l’installation de distributeurs de protections hygiéniques dans les lieux publics. Depuis 2019, quelques expérimentations de distribution de protection gratuite ont eu lieu à Lille ou sur le campus de Rennes. Depuis, cette initiative s’est étendue à toute la France. Dans le cadre de dons, la société Dans ma culotte avait donné 100 000 protections jetables ou lavables.
Jusqu’à 15.000 protections hygiéniques utilisées au cours d’une vie
Noëlle Papay rappelle que l’enjeu est également environnemental : "il y a encore plein de gens qui ne comprennent pas qu’on ne peut pas jeter sa protection périodique dans les toilettes" s’étonne la jeune femme. Pour sa santé et pour la planète, chaque femme doit être sensibilisée au mode de protection qu’elle utilisera tous les mois pendant en moyenne 40 années de sa vie.
Le site lapause.jho.fr précise qu’une femme pourra utiliser jusqu’à 15.000 protections hygiéniques au cours de sa vie. Les règles coûtent 675€ par an soit 23 500€ au cours d'une vie.