Le golf, ok j'essaie !

Cette semaine la France accueille la Ryder Cup, l'une des compétitions de golf les plus prestigieuses. L'occasion pour un néophyte de fouler le green et de voir s'il a le sens du swing.


Comment se mettre au golf sans avoir le sens du swing ?

Il y a encore très récemment, le golf se limitait, pour l'auteur de ces lignes, à Tiger Woods et ses problèmes d'addiction sexuelle ainsi qu'aux parties de mini-golf avec les grands parents au bord de la mer. Autant dire une approche très superficielle de la discipline.

Déjà peu porté sur le sport (et sur toute activité physique en général), j'avais également quelques a priori sur les adeptes de la petite balle blanche. Pas vraiment l'activité la plus populaire qui soit mais plutôt un hobby réservé à un cercle très fermé composé de retraités aisés, de médecins et de dirigeants d'entreprise. La preuve : ma chef de service s'est forgée, à en croire Google, une solide réputation dans ce petit milieu (mais par modestie, elle reste étonnamment discrète sur ses performances sur le green).

Bref, le golf et moi, on ne vivait pas dans le même monde. J'aurais même pris un malin plaisir à l'égratigner comme ce jour où, lors d'un reportage, mon jeune collègue et moi-même roulions à toute berzingue dans une voiturette, que le gérant d'un golf avait eu l'inconscience de nous prêter, dans l'espoir de renverser le modeste véhicule. Si, a posteriori, je ne tire aucune fierté de cette virée punk dans cet univers feutré, force est de reconnaître que ce jour-là, on a bien rigolé.
 

Musclé des pouces

En revanche, la proposition que m'a faite récemment ma chef de service n'a pas fait naître en moi une franche hilarité. "Christophe, c'est bientôt la Ryder Cup. C'est l'occasion de te mettre au golf. Je t'ai inscrit à une séance d'initiation. Je t'accompagne. On fera une vidéo pour le site web de France 3 Normandie." J'ai bien tenté d'esquiver, de me défendre, de prétexter une séance de piscine à la date fixée. Mais ma supérieure commence à me connaître: mes doigts, sur le pad de la console ou le clavier de mon ordinateur, sont bien les seules parties de mon corps que je fais intensément travailler.

Direction Biéville-Beuville donc, pour se rendre au golf de Caen. Comme un enfant qu'on emmène chez le dentiste, j'ai cherché jusqu'au bout une ultime porte de sortie. Erreur de débutant, j'ai misé sur la météo. Mais ce ne sont pas un ciel gris et quelques gouttes de pluie qui allaient nous faire rebrousser chemin. On est en Normandie. Et c'est une Bretonne qui conduisait (une Brestoise en plus, alors la pluie....). A quoi bon. Pour me consoler, je caressais le secret espoir que ma chef fasse office de caddy. Et puis, après tout, ça ne devait pas être plus compliqué qu'une partie de mini-golf.
 

En mode bonobo

Que nenni. Et j'allais vite m'en rendre compte. Les premières balles sur le practice se sont avérées....douloureuses. Outre les quelques principes physiques élémentaires qu'il ma fallu intégrer, j'ai dû avant tout lutter contre ma propre nature. La force ne fait pas tout, il faut d'abord savoir se détendre, être totalement relâché. Quand on enchaîne chewing-gums et cigarettes tout au long de la journée, cet état d'esprit semble aussi difficile à atteindre que l'Everest pour un asthmatique. Et quand votre professeur vous suggère, pour cela, d'adopter la posture du bonobo, mieux vaut mettre sa fierté de côté et se dire que le ridicule ne tue pas. 
 

Deuxième enseignement (et second problème): pour maîtriser le swing, il faut avoir le sens du swing. En matière de groove, mon déhanché a plus à voir avec celui d'un soldat nord-coréen lors du grand défilé de printemps qu'avec celui de Michael Jackson. Si le moonwalk est peu recommandé sur le green (c'est que ça coûte une fortune d'entretenir une aussi belle pelouse), une certaine souplesse n'est pas superflue pour espérer tutoyer les cieux. La balle est restée plusieurs fois désespérément collée au sol.

Qu'importe. J'allais me refaire sur le green. Les heures passées avec papy sous le cagnard du mois d'août à faire passer la balle sous le moulin à vent miniature allaient sûrement me servir. Mais avant cela, je me suis retenu de demander des patins avant de fouler du pied la moquette qui s'offrait à moi. Jamais, même en y vouant une vie entière, je n'arriverai à tel résultat dans mon jardin. Après quelques pas timides, vint l'heure d'enfin mettre la balle dans le trou. Ou du moins essayer, puisque celle-ci capricieuse, s'obstinait à contourner l'objectif que je lui avais fixé. Il faudra penser à rappeler au propriétaire du golf de Caen d'aplanir son terrain. Ce n'est vraiment pas sérieux pour un établissement de ce standing.
 

I believe I can fly

Après tant de déconvenues, j'étais à deux doigts d'abandonner. Mais ma Tiger Woods de chef (rapport au golf, hein) était là pour m'en dissuader. Et elle a eu raison. Car une fois sur le parcours, dans la cour des grands, l'apprenti golfeur a révélé tout son potentiel. Un potentiel pas époustouflant, certes, mais la capacité à faire décoller dans les airs autre chose que la pelouse. Après une superbe première balle dans le lac, le néophyte, comme libéré par les grands espaces, a pu enfin prendre du plaisir le club en main et a pu entrapercevoir, non sans une certaine satisfaction, une lueur de fierté dans les yeux de sa supérieure hiérarchique. Pour autant, la carte verte (le permis de conduire des golfeurs) est encore loin. Tout comme mon augmentation.  




 
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