Le peintre caennais, Jean-François Conta revient à la création, après une longue pause. Il présente ses œuvres actuellement en Italie, après une exposition durant l'été 2023 à l'Abbaye aux Dames de Caen. Il nous parle de son travail dans l'émission culturelle "Bavette normande" sur France 3 Normandie
C'est un homme élancé aux mains marbrées de noir. Non, elles ne sont pas sales. Mais elles portent des traces de peinture, d'autant plus difficiles à enlever qu'elles sont recouvertes de vernis, fraîchement passé juste avant l'enregistrement de l'émission Bavette normande.
"C'est un honneur d'avoir les mains sales. Ce sont les traces du travail" explique Jean-François Conta. Le peintre installé à Caen (Calvados) s'est remis à peindre durant la pandémie, après une pause de 16 années.
"Je n'avais plus rien à raconter"
Jean-François Conta a vécu ce que l'on appelle le phénomène de la page blanche chez les écrivains. "À un moment donné, je n'avais plus rien à raconter. Je me suis arrêté et j'ai essayé de vivre. Ce n'est pas facile. La peinture prend beaucoup de notre temps, de notre esprit. Je suis sorti, j'ai rencontré des amis, je suis allé au cinéma" raconte le peintre à Jacques Perrotte sur le plateau de l'émission Bavette normande. Durant cette période, il continuait à animer son école de peinture et de dessin à Caen.
Lorsque la pandémie de Coronavirus s'est déclenchée, son atelier a dû fermer. C'est alors qu'il se remet à peindre. Après quatre mois d'errance, naît une toile qui correspond à son histoire. L'aventure "Nocturne des jardins du Paradis" démarre.
Je travaille une série de toiles sur les lieux de pêche de mon enfance. La rivière m'a tout appris, les saisons, la vie et la mort. Je me suis concentré sur une période bien particulière, le soir entre chien et loup. La nuit n'est pas triste, elle est belle. Pour les peintres, c'est une expérience extraordinaire parce que les couleurs doivent être justes.
Jean-François Conta, peintre
Voir Jean-François Conta peindre est un moment intense. L'artiste se lance dans un combat physique avec la toile. Il peint entre deux et cinq heures du matin. Seule la lumière d'une lampe frontale balaye la toile. Il ébauche son tableau, toujours un grand format, avec un fusain puis démarre le travail avec une spatule de plâtrier.
"La peinture, c'est quelque chose de très sérieux. On vit avec chaque jour et chaque nuit. On est face à l'œuvre. Et c'est un combat pour essayer d'être en harmonie entre notre histoire, notre tête et notre main" précise-t-il.
L'amour de la transmission
C'est à l'âge de 15 ans que Jean-François Conta a commencé à créer. "D'abord en donnant des coups de cutter dans du papier et aussi avec des pastels." Il n'avait dès lors qu'une seule envie, entrer dans une école de peinture. Il intègre l'atelier du peintre Michel Clos à Saint-Lô (Manche). Il passera deux ans aux côtés du maître, décédé en 2015. "Ensuite, je suis parti faire mes études à Paris à l’École supérieure des arts modernes et du design contemporain. Je m'étais juré de revenir à Caen et de poursuivre son œuvre" confie l’artiste. En 1986, il crée l’Atelier Conta.
Plus de 4000 élèves sont passés par ce lieu. Et 900 d'entre eux ont fait carrière dans les domaines de l'architecture, du stylisme ou du design.
Les enfants sont là pour se faire plaisir. Tous ont une motivation extraordinaire. C'est un plaisir de leur apprendre. Les cours sont collectifs mais j'échange longuement avec chacun d'entre eux personnellement, avec pour objectif de leur faire prendre confiance en eux.
Jean-François Conta, peintre et fondateur de l'Atelier Conta
Louise Touchard a fréquenté l'établissement à la fin des années 2000. "Jean-François m'a permis d'apprendre les bases. Il m'a enseigné à varier et jouer avec les couleurs, à construire les visages. Maintenant, j'ai pris mon envol. Je continue à peindre. C'est toujours une passion" explique l'étudiante en histoire à l'Université de Caen.
Des expositions en Italie et bientôt aux États-Unis
Les œuvres de Jean-François Conta étaient présentées au début du mois de janvier 2024 à la galerie Luigi Bellini de Florence en Italie, avant de partir pour Rome. En 2025, le peintre caennais sera exposé à New-York.
L'artiste a les yeux qui pétillent lorsqu’il parle de son travail. "Je suis un peintre heureux" confie-t-il.
Émission Bavette normande diffusée le mercredi 24 janvier à 0h10 sur France 3 Normandie / Rediffusion le mercredi 31 janvier à 9h10.
À retrouver en replay sur france.tv