Les vacances s'achèvent et la rentrée scolaire approche à grands pas. Avec l'espoir pour ces lycéens, qui entrent en première, de retrouver une vie normale. Même si l'école au temps de la covid-19 a apporté son lot d'expériences.
Hugo, Jeanne, Colette, Emma et Margot sont une bande d'amis caennais. Même s'ils fréquentent des lycées différents. Deux d'entre eux sont à Jeanne-D'arc, un établissement privé, les trois autres dans le public, à Malherbe. Dans quelques jours, les cinq amis vont faire leur entrée en classse de première. Le lycée, ils l'ont découvert l'an dernier dans des conditions un peu particulières. Confinement, classe en demie-jauge, la première marche vers le baccalauréat n'a pas été gravie sans encombre.
"C'était vraiment pénible, c'était assez compliqué pour moi. Je n'ai pas forcément passé les deux meilleures années de ma vie. J'aimais bien être entourée et avec le covid, ça a été super compliqué", raconte Emma, "J'ai beaucoup galéré. Les cours en distanciel, j'ai laché à des moments. Après, je me suis accrochée, comme certaines personnes que je connais. J'ai appris de nouvelles choses mais je n'ai pas trop retenu cette année. C'était compliqué. Ce n'est pas une expérience que j'ai beaucoup aimée. Ce n'était pas très joyeux et j'espère que c'est fini."
Dans la bande d'amis, tous n'ont pas vécu aussi mal cette période. Mais cette entrée en seconde ne correspondait pas à ce qu'ils avaient imaginé. "La première année (classe de troisième) s'est bien passée. La deuxième, quand je suis rentrée en seconde, j'avais un peu l'impression de gâcher une année de lycée parce qu'on était soit en distanciel soit en semi-présentiel. C'était assez bizarre de découvrir le lycée comme ça", explique Jeanne. "Quand c'est une semaine en distanciel, une semaine en présenciel, on ne connait pas vraiment les personnes de notre classe. Et à la fin de l'année, c'est comme si c'étaient des inconnus. Alors que ça ne devrait pas", abonde Colette.
"Pour ceux qui vivent en appartement, ça a été plus compliqué"
Pour Hugo, le garçon de la bande, tout le monde n'a pas eu la chance de vivre ces moments difficiles dans les mêmes conditions. "J'ai la chance de vivre dans une maison. Je pense que pour ceux qui vivent en appartement, ça a été plus compliqué. Quand t'es dans un plus grand espace pour travailler, c'est tout de suite plus agréable", reconnait le lycéen. "Et puis, quand t'es tout seul chez toi, ça permet de découvrir des nouvelles choses, que tu n'as pas forcément envie de faire en temps normal, parce que tu dois t'occuper. C'était assez positif pour moi."
La solitude, ils en ont tous fait l'expérience. D'abord face à leurs cours. "On n'était pas forcément habitué à travailler à distance, fallait prendre le rythme, fallait bien s'accrocher pour ne pas abandonner", témoigne Margot. "Autour de moi, il y en a pas mal qu'ont lâché à un moment donné parce que c'est compliqué de tenir, quand on s'accroche déjà pas trop de base en cours. S'accrocher chez nous c'est vraiment compliqué parce qu'il faut garder un rythme : se lever, travailler, et ne pas sortir."
"C'est dans ces phases-là que tout le monde grandit un peu"
Mais cette expérience solitaire s'est avérée positive pour plusieurs d'entre eux. "Je n'en garde pas vraiment un mauvais souvenir parce que ça nous a permis de nous développer d'une autre façon que s'il n'y avait pas eu le covid et je trouve que c'est tout aussi bien. Il a fallu qu'on développe des capacités un peu par nous-même. Je sais que ça nous a tous fait un peu grandir de voir qu'une maladie ça peut changer toute notre vie. Ça nous a fait un peu grandir au niveau de la maturité", estime Jeanne. "Ça a permis de se recentrer sur soi-même", ajoute Margot. "Je ne sais pas si c'est grâce au covid, mais je sais que j'ai grandi, mentalement comme physiquement, je trouve. Et j'ai découvert des aspects de moi qui m'ont plu. En général, c'est dans ces phases là que tout le monde grandit un peu, se découvre", juge Colette.
Beaucoup plus proches des professeurs
La plupart d'entre eux s'accordent à le dire : ces lycéens n'étaient pas tout à fait seuls dans cette épreuve. Beaucoup rendent hommage à la disponibilité de leurs professeurs durant le confinement. Et le retour en classe à mi-temps laisse un relativement bon souvenir, ou du moins une leçon à retenir. "J'ai vu une différence quand on était en 50-50 dans les lycées, comme on était moins dans les classes, il y avait une relation élèves-professeurs vachement plus intimes, on était vachement plus aidés, c'était un accompagnement plus personnalisé", témoigne Hugo. "On est 35 à 36 par classe. Avec le covid, on était 15-16 et l'apprentissage est totalement différent. On est beaucoup plus proche des professeurs, ils nous aident beaucoup plus que quand on est 30. Ça, il faut le garder", juge Margot.
Le masque : "C'est comme un frein avec les autres"
Ce dont ils aimeraient bien se débarrasser en revanche, c'est le masque. "Ce que j'aimerais bien, ce serait qu'on n'ait plus les masques un peu avant la fin de l'année. C'est quand même une barrière au niveau de la sociabilité. Quand on ne voit pas le visage entier de nos profs, c'est un peu perturbant", souligne Jeanne. "C'est comme un frein avec les autres. Quand on parle, on est obligé de parler beaucoup plus fort", explique Colette.
Plus largement, Emma espère "retrouver des relations normales entre nous tous parce qu'on ne peut pas tellement s'approcher, se prendre dans les bras, et c'est vraiment quelque chose qui me manque un peu". Pour Hugo, "pouvoir ne plus porter les masques, pouvoir manger ensemble au self, ce sont des trucs qui peuvent paraître tout bête mais au quotidien, quand on nous enlève tous nos petits moments comme ça, à la longue, ça peut être... embêtant."
"On s'en sort, petit à petit"
Les mêmes espoirs et une même crainte. "J'aimerais surtout ne pas revenir en confinement, comme tout le monde je pense", souligne Colette. "Je pense qu'on sort des années difficiles, que dans le temps ça va aller mieux. Après, vu ce qu'on entend encore maintenant, je pense que ça va être encore compliqué quelques temps. Mais on s'en sort petit à petit", veut croire Emma.
Pour s'en sortir, tous misent sur la vaccination. "J'ai les deux doses, j'ai mon pass sanitaire", indique du tac-au-tac Jeanne, "Pour moi, c'est la seule solution pour avoir une année normale parce qu'on n'a pas trop le choix. C'est un acte qu'on fait pour soi mais aussi pour les autres, se vacciner c'est se protéger mais aussi les autres, je pense donc que c'est important de le faire." L'annonce de campagnes de vaccination dans les lycées est plutôt bien accueillie par ces lycéens. "Pour l'instant ça a l'air de marcher et ça a l'air d'être la seule solution qui s'offre à nous. Avec tout ce qu'on a vécu, on ne va pas cracher dessus", déclare Hugo.