VIDÉO. Non, les Normands ne sont pas les descendants des Vikings

La Normandie doit son nom aux Vikings, les hommes du nord, qui sont venus s’installer au Moyen Âge. Mais notre ADN est-il seulement fait de ce sang scandinave ? Non, bien sûr. Il y a aussi en nous du Gaulois, du Romain, du Franc. Alors qui sommes-nous, Normands ? La réponse, dans notre débadoc.

L'histoire de la Normandie est intrinsèquement liée aux incursions vikings de la fin du Moyen Âge. Parmi ces Vikings, un homme se distingue : Rollon.

Rollon rebaptise la Neustrie, la Normandie

En 911, impuissant à le combattre et le chasser, le roi franc Charles le Simple lui concède la Neustrie, un territoire à l’ouest du royaume, en échange de sa protection contre les autres Vikings et de sa conversion. Rollon devient le duc Robert 1ᵉʳ, chrétien. Et rebaptise la Neustrie : Normandie, la "terre des hommes du nord".

La région possède alors les contours de l'ancienne Haute-Normandie. En 924 s'y ajoute le Bessin. En 933 le Cotentin et le duché de Normandie a désormais sa forme actuelle.

Avec Rollon, une identité collective s’invente. Une légende singulière s’écrit. Celle du premier des Normands, fondateur d’une dynastie de Ducs, dont la puissance trouvera son apogée avec son descendant, Guillaume le Conquérant.

Autour de Laurent Quembre, présentateur de notre émission "débadoc", des spécialistes de l'histoire de la Normandie.

"Il y a une Normandie avant les Normands. C'était une province romaine qui remonte au découpage de l'Empire romain du IVᵉ siècle. Depuis le IVᵉ siècle, la Normandie existe dans les mêmes frontières."

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Une émission présentée par Laurent Quembre ©France 3 Normandie

L'ADN des Normands

En 2015, une étude menée par l'Université anglaise de Leicester et intitulée "The Viking DNA Project" et à laquelle 89 habitants du Cotentin avaient participé a montré que nous avions finalement peu d'ADN viking.

Car dans l'ADN de ces 89 personnes qui avaient toutes quatre grands-parents ayant toujours vécu dans un rayon de 50 km autour de leur lieu de vie actuel, l'étude avait trouvé moins de marqueurs "probables" d'un peuplement viking que prévu. La trace la plus probante selon les chercheurs était présente dans seulement 59% des échantillons.

D'autres marqueurs jouaient un "rôle plus important" que prévu : des traces d'origines probablement germaniques, mais aussi des marqueurs "balkaniques" et "d'Afrique du Nord", "rares en Europe de l'Ouest". Dans quelques échantillons a aussi été trouvé le marqueur génétique "le plus fréquent"... en Géorgie et en Arménie.

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Une émission présentée par Laurent Quembre ©France 3 Normandie

  • Vincent Carpentier, archéologue à l’Inrap :

"On a affaire à un héritage génétique beaucoup plus important et marqué qui nous vient du néolithique. Alors, ils ne sont pas venus en bateau, ils sont venus à pied de l'Eurasie (Géorgie, vallée du Danube, à l'est de l'Europe) et ils apportent avec eux l'agriculture et ils s'installent au gré de leur progression.

On est à peu près 6000 ans avant Jésus-Christ.

Et alors le plus drôle dans l'histoire, c'est que les Scandinaves eux-mêmes véhiculent avec eux des gènes qui viennent aussi de ces migrants. 

En fait, cette histoire du continent européen et du monde entier, c'est l'histoire de migrations multiples, de rencontres, de chocs, de guerres et d'assimilation."

Quelles traces des Vikings en Normandie ?

Peu d'objets typiquement vikings ont été retrouvés en Normandie. Pas de drakkars, de maisons... quelques armes ont été trouvées dans la Seine de manière fortuite, de même qu'une tombe, la seule, à Pîtres d'une femme. 

Pourquoi si peu de traces ? Parce que les Vikings se sont intégrés très vite à la population locale et ont adopté leurs coutumes, jusqu'à leur religion. Beaucoup de ces hommes étaient des aristocrates, ceux qui détenaient le pouvoir en Normandie au Xᵉ siècle.

On le voit notamment dans les traces les plus nombreuses qu'ils ont laissées, celles dans les patronymes normands et les noms des communes.

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Une émission présentée par Laurent Quembre ©France 3 Normandie

"Les noms en "-tot" sont un marqueur important, car ils désignaient le domaine. Vous avez des "-tot" en Normandie qui sont simplement descriptifs comme Lanquetot qui veut dire un "tot", un domaine plutôt grand. Et puis vous avez toute une autre catégorie de "-tot" précédée d'un anthroponyme, un nom de personne : celui qui était le propriétaire du domaine."

Pour en connaître plus sur leurs origines, certains Normands font appel à la généalogie.

C'est une agence de voyages unique en France : du tourisme généalogique, "qui mêle la généalogie, science auxiliaire de l'histoire, et le tourisme qui est à la recherche d'un nouveau sens, un tourisme plus qualitatif, en capacité d'innover."

Le débadoc "Nos racines normandes" est à retrouver ce jeudi 7 décembre à 23h40 sur France 3 Normandie.

Rediffusion le mardi 19 décembre à 9h10.

Et bien sûr, en replay, quand vous voulez.

Article écrit avec Laurent Quembre.

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