Les carottes de Créances menacées par l'interdiction définitive d'un pesticide

 Va-t-on vers la fin de la production des carottes de Créances ? La question est posée après la décision de L'Etat d'interdire un pesticide qui lutte contre le ver qui décime les légumes. Sur le terrain, la filière commence à souffrir : elle connaît ses premiers licenciements. 
 

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C'est peut-être la fin des haricots pour la carotte de sable... Dans la Manche, les producteurs de la célèbre variété de Créances (AOP et Label rouge) sont menacés. Pour la première fois, l'utilisation du pesticide habituel pour faire pousser ces carottes est formellement interdite par l'Union Européenne, décision récemment entérinée dans le droit français et sans aucune dérogation possible cette année.


Le dichloropropène, c'est son nom, est potentiellement cancérigène. Mais problème : il vient à bout d'un ver de terre particulièrement coriace, un parasite bien installé dans la racine : le nématode, qui attaque sa croissance. Avant ce produit miracle, les anciens retournaient le sable, l'apparition du pesticide a modifié le mode de production de la carotte, la filière s'est structurée autour d'une production de masse. Aujourd'hui, près de 250 salariés travaillent dans ce secteur.

Aujourd'hui, sauf à retourner le sable, les producteurs n'ont plus les moyens de s'en protéger. Ils se seraient faits à l'idée, mais ils étaient loin d'imaginer devoir se passer des aides de l'Etat. Les représentants de la FDSEA pensaient ce soutien acquis, mais la réunion de la veille au Ministère de l'agriculture aura fait l'effet d'une douche froide... "Nous avions eu l'assurance d'un accompagnement à court terme, pour l'année 2018, et la mise en place d'un vrai plan de filière, de façon à ce que nous puissions orienter nos productions vers du zéro phyto", souligne Sébastien Amand, porte-parole de la FDSEA Manche. Le représentant met en cause le gouvernement et l'interpelle sur les promesses formulées. 

Mais il ne s'agissait là que d'engagements verbaux. Or, le syndicat espérait 122 millions d'euros pour aider les 250 agriculteurs de la filière à préparer l'après-carotte. Une situation d'autant plus urgente que certains pays européens ont obtenu une nouvelle dérogation pour l'usage du dichloropropène… La FDSEA dénonce un risque de concurrence déloyale et réclame une clause de sauvegarde pour que ces carottes traitées n'inondent pas le marché français.
 

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