Certificats médicaux de rentrée. "Quand c'est pour la pétanque ou les échecs, je perds mon temps" : les médecins saluent la simplification des licences de sports

De moins en moins de fédérations sportives exigent le renouvellement annuel des certificats médicaux pour valider les licences. Si les objectifs principaux sont la démocratisation du sport et le désengorgement des cabinets médicaux, on observe aussi une tendance à l'autonomisation des pratiquants quant à leur santé.

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Une visite médicale tous les trois ans pour le football, le basketball, l'équitation ou le judo ; plus de certificat nécessaire pour le tennis, le squash, le golf loisir, le cyclisme ou encore le ski : les règles en matière de validation de licences sportives ont bien évolué ces dernières années. 

Plus que 5 disciplines "à contraintes particulières"

Depuis la loi du 2 mars 2022 sur la démocratisation du sport en France, qu'on soit majeur ou mineur, il n'est même plus obligatoire de passer chez le médecin pour s'inscrire dans un club, hors compétition fédérale. La plupart du temps, remplir un questionnaire suffit.

Dans la même optique, en août 2023, le nombre des disciplines à contraintes particulières pour lesquelles le certificat médical est obligatoire, en fédération et hors fédération, a été réduit de neuf à cinq. Ne restent que la plongée, les sports de combat pouvant entraîner un KO, les activités pratiquées avec une arme à feu ou à air comprimé, les activités motonautiques et les sports pratiqués en compétition avec un véhicule terrestre à moteur (sauf karting et aéromodélisme). 

Le nécessaire désengorgement des cabinets médicaux

Si ces aménagements sont de nature à alléger les plannings familiaux à la rentrée, ils ont surtout été mis en place pour deux motifs principaux : amener davantage de Français aux sports, et désencombrer les cabinets médicaux dans un contexte de désertification médicale nationale.

"Les certificats de non-contre-indication à la pratique sportive représentent 10 à 15 % de mes rendez-vous du mois de septembre", analyse Xavier Humbert, médecin en centre-ville de Caen. Même si le flux a baissé depuis deux ans, il s'attend tout de même à voir débouler de nombreux sportifs dans son cabinet ces prochaines semaines. Tous voulant obtenir le plus rapidement possible le précieux sésame.

On nous bassine avec les déserts médicaux, à juste titre. Il faut nous libérer du temps médical mais on n'a jamais eu une population aussi âgée, et jamais eu autant de demandes administratives. Alors quand je vois des plus de 60 ans venir chercher un certificat pour jouer à la pétanque, ça ne me fait pas marrer.

Dr Xavier Humbert, médecin généraliste à Caen

Évidemment, le praticien voit d'un bon œil cette simplification administrative à l'heure où il est primordial de libérer du temps médical. "Il faut le faire avec pertinence.Tous les trois ans, s'il n'y a pas de nouveaux évènements, c'est suffisant", assure-t-il.

Toutefois, dans certains cas, le passage chez le docteur peut s'avérer bien utile. "Pour les patients que l'on voit plusieurs fois par an, donner un rendez-vous pour un certificat médical n'a pas de sens. En revanche, pour ceux qui ne viennent pratiquement jamais, c'est l'occasion de regarder les problématiques comme l'alcool et le tabac", poursuit Xavier Humbert.

Une tendance à l'autonomisation du sportif

En 2024, cette autonomisation du pratiquant prend un envol supplémentaire dans le domaine de la course à pied. Désormais, tout participant majeur souhaitant s’inscrire à un évènement organisé sur le territoire national n'a plus à passer chez son médecin, mais simplement suivre un Parcours Prévention Santé (PPS).

Concrètement, pour s'inscrire à une course (10km, semi-marathon, marathon, trail, etc.) il lui suffit de se connecter, dans les trois mois précédant sa compétition, à la plateforme web dédiée : pps.athle.fr et y suivre les différentes étapes de sensibilisation aux risques, précautions et recommandations liés à la pratique du running. En trois minutes, l'affaire est pliée. 

Une simplification salutaire pour de nombreux pratiquants, ainsi que pour les organisateurs de courses. "Depuis la sortie du Covid, c'est de plus en plus dur d'avoir des rendez-vous chez les médecins, note Nicolas Hassane, organisateur du Marathon de la Liberté. "Des inscrits avaient raté la course parce qu'ils ne s'y étaient pas pris assez longtemps à l'avance pour avoir un certificat médical. C'est aussi beaucoup plus harmonieux avec ce qui se fait à l'étranger. Par le passé, ça nous est arrivé de devoir refuser des coureurs des Etats-Unis par exemple, qui n'avaient pas de certificats médicaux".

Faire un test d'effort n'est pas une garantie contre l'accident cardiaque. Quand on voit les footballeurs professionnels s'effondrer sur le terrain, on ne peut pas dire que c'est par manque de contrôles médicaux.

Pr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale

Lors de la dernière édition de l'épreuve, les organisateurs ont utilisé pour la première fois les deux formules : certificats médicaux et PPS. Au-delà de l'aspect pratique, Nicolas Hassane relève l'impact positif sur la sensibilisation du pratiquant : "Il y a des messages transmis, on est invité à avoir un suivi médical, prévenir les médecins en cas de doutes, de problèmes... Et puis, le PPS doit être renouvelé tous les trois mois, c'est une bonne dose de rappel".

Un "Septembre violet" contre les "certificats médicaux absurdes"

"Il ne s'agit pas de laisser les gens dans la nature, de les abandonner, rassure le Pr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale (CMG), mais il y a des abus. Quand je fais des certificats médicaux pour de la pétanque, des échecs ou de la chorale, j'ai l'impression de perdre mon temps"

En cette rentrée, le CMG a d'ailleurs lancé l'opération "Septembre Violet", pour dénoncer l'absurdité de certaines consultations. "Il y a les clubs qui ont leurs propres règlements intérieurs tous plus hétérogènes les un que les autres. Nous militons pour une homogénéisation des réglementations. Que ces clubs marginaux se calquent sur la politique du sport le plus proche de sa fédération, ce serait déjà une bonne étape de franchie".

En revanche, pour les certificats de dispense d'EPS à l'école, le passage chez le médecin reste obligatoire. N'en déplaise aux tire-au-flanc. 

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