Condamnés par la justice, des Normands se rachètent en préparant les commémorations du Débarquement

Dans le Calvados, une dizaine de personnes, condamnées par la justice, participent à un travail d'intérêt général autour du 80e anniversaire du Débarquement.

Sur la promenade longeant la plage de Lion-sur-Mer, une dizaine de personnes s'activent, rouleau de peinture à la main, pour redonner du lustre aux balustrades. "Elles en avaient bien besoin", confesse Magalie Saint, la maire de la commune. "Il va y avoir énormément de monde pour le 6 juin. Nous attendons des Anglais, des élèves de l’école nationale des sous-officiers vont venir. Il y aura aussi une délégation de jeunes Allemands. C’est important que notre bord de mer soit embelli." Un chantier nécessaire donc et qui ne mettra pas les finances de la ville en péril. "Ça nous coûte presque rien. À part le repas du midi et la peinture."

Les peintres à pied d'œuvre ne seront pas rémunérés. Une façon pour eux de se racheter auprès de la société. Ces dix habitants du Calvados, condamnés par la justice, effectuent ici un travail d'intérêt général (TIG), une peine prononcée par un tribunal pour certains délits passibles d'une peine de prison ou d'une forte amende (catégorie 5). Pour autant, les dix hommes, âgés de 19 à 59 ans, sont tous volontaires. L'accomplissement d'un TIG requiert le consentement de la personne concernée. 

Insertion et lien social

"C’est une sanction où la personne va réparer sa dette envers la société", indique Chloé Wanecq référente territoriale du travail d’intérêt général. Le TIG peut être accompli au sein d'une association, d'une collectivité ou d'un organisme privé chargé d'une mission de service publique."Ça vise aussi à une insertion dans la société pour la personne. Dans la plupart des cas, le tig se fait de manière individuelle. Là, c’est un peu innovant, c’est un groupe de 10 personnes. Ça permet d’avoir du lien social et d’être dans un collectif, comme dans un cadre de travail normal." 

Autre particularité de ce chantier, sa thématique. L'an dernier, le service pénitentiaire d'insertion et de probation (Spip) du Calvados avait travaillé autour de la préservation de l'environnement. En 2024, le 80e anniversaire du Débarquement s'est imposé comme une évidence. Après avoir redonné un coup de frais aux balustrades, les dix hommes participeront au montage du "Grand concert pour la paix" organisé à Ousitreham.

"Il faut faire honneur aux vétérans"

Philippe, le plus ancien du groupe, ressent une certaine fierté. "Ce n’est pas juste de la peinture. C’est plus que ça. C’est un moyen de dire un grand merci à ceux qui sont venus libérer la Normandie et sauver la France en 44. Il faut que ce soit propre. Il faut faire honneur aux vétérans", estime le quinquagénaire, dans son tee-shirt maculé de peinture, "C’est important de garder le devoir de mémoire. Il y a certains jeunes ici, ça leur permet de connaître le Débarquemment et ils garderont la mémoire après nous." 

Ce TIG, organisé autour des commémorations du 80e anniversaire, est doté d'un temps pédagogique. Les dix hommes vont visiter le Mémorial de Caen mais aussi rencontrer le reporter de guerre Patrick Chauvel ainsi que des représentants de la Fondation pour la mémoire de la déportation. "On espère, s’ils ne le savent pas, apporter de la connaissance sur ces sujets, aller un peu plus en profondeur et les sensibiliser sur ce sujet", explique Emeline Margey, directrice pénitentiaire d’insertion et de probation. 

L’efficacité et l’utilité sociale du chantier ont d’ores et déjà fait des envieux. La commune de Saint-Aubin-sur-Mer à quelques kilomètres vient de se manifester pour bénéficier du même service.

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