En France, la production de viande bovine est en baisse depuis quatre ans. Alors que l'on enregistre une baisse nationale de près de 5% ces deux dernières années, le cheptel bovin normand se contracte de 1,1% l'an dernier avec une baisse significative du nombre de vaches allaitantes et laitières. Pour endiguer cette décroissance, la région Normandie lance un plan de reconquête de la filière.
L'élevage ne cesse de diminuer en Nornandie et avec lui, les prairies, les haies, la biodiversité, "c'est un tout", argue Clotilde Eudier, vice-présidente de la Région Normandie, chargée de l’agriculture, de la pêche et de la forêt.
Moins 30% dans 10 ans
La décapitalisation de l'élevage représente 9% de cheptel en moins ces trois dernières années en Normandie. Si les choses restent en l'état, ce sera moins 30% dans dix ans à l'échelle de la Normandie.
Selon la chambre régionale de l'agriculture de Normandie, le cheptel bovin se contracte de 1,1% en un an. En 2023, le rythme de baisse des effectifs s'est nettement atténué : - 2,2% en vaches allaitantes, -1,3% en vaches laitières et une hausse de 3,2 % de l'effectif de mâles de 12 à 18 mois. Au total, on dénombre 1,990 million de bovins à la fin de l'année 2023 en Normandie.
Pour pallier la baisse, la Région Normandie lance son plan de reconquête. Il s'agit d'aider financièrement les éleveurs pour qu'ils augmentent leur élevage.
On a deux entrées, une entrée élevage allaitant et une entrée élevage laitier. Romain est dans l'élevage allaitant, il vient de s'installer, il souhaite augmenter son cheptel. Donc, si dans les trois ans, il souhaite augmenter de vingt vaches, il aura une aide de deux cents euros par vaches.
Clotilde Eudier, vice-présidente de la région Normandie, chargée de l’agriculture, de la pêche et de la forêt
L'intérêt du plan consiste en un coup de pouce financier mais aussi à obtenir un partenariat avec Interbev Normandie. L'interprofession régionale fédère les métiers de la filière élevage et viande. Sa mission est de veiller à faire respecter les accords interprofessionnels qui régissent la filière, faire vivre le réseau des professionnels.
Elle mène aussi des opérations de promotion des métiers et des produits viande (bovine, ovine, caprine, équine et produits tripiers) pour répondre aux attentes des consommateurs.
L'éleveur va avoir un contrat de reprise à un prix fixe de sa viande. Il est quasi certain que sa viande va repartir avec un prix, à partir de 2024, qui intégrera le prix de revient de l'agriculteur. Il y aura aussi un suivi technique, il n'est pas lancé dans la nature, c'est cette co construction qui est intéressante.
Clotilde Eudier, vice-présidente de la région Normandie, chargée de l’agriculture, de la pêche et de la forêt
Un enjeu environnemental, écologique et économique
En Normandie, il y a de moins en moins d'élevages laitiers mais ils n'ont jamais été aussi productifs en lait. L'élue le confirme : il y a plus de technicité, les vaches sont plus productives. Avant, les élevages étaient laitiers et allaitants, maintenant, ils se spécialisent.
Ce que l'on souhaite, c'est aussi revaloriser l'herbe pour être autonome. Car en Normandie, on a la chance d'avoir de l'herbe, c'est de l'aliment qui est sur place. Il est important de rattacher le terroir à l'élevage.
Produire sur place et en quantité suffisante pour ne pas être contraint d'importer la viande d'Amérique Latine. L'enjeu est à la fois environnemental, écologique et économique.