Une quinzaine de producteurs de la Manche et du Calvados ne travaillera plus avec la laiterie bretonne Olga d'ici à deux ans. La Confédération paysanne de la Manche dénonce une rupture unilatérale du contrat.
C'est la douche froide pour 14 producteurs de lait bio normands. Lundi 25 mars, ils ont été convoqués par leur laiterie, Olga pour une simple discussion sur l’évolution de leur collecte. À l’issue de la réunion, ils ont appris que l’opérateur cessait leur contrat avec eux, sans possibilité de négociation.
“C’est un choc pour nous. La décision est difficile à accepter sur le plan humain quand on connaît la conjoncture actuelle. Ce n'est pas le moment de nous lâcher" regrette Laurent Groult, membre de la Confédération paysanne de la Manche et producteur de lait bio.
L'opérateur se défend
En réponse, le comité a publié un communiqué vendredi 29 mars par lequel il dénonce “l’abandon” des producteurs et une “rupture unilatérale du contrat”. Toujours selon ce document, les producteurs auraient reçu un courrier confirmant leur décision de cesser leur collaboration à partir du 31 mars 2026.
De son côté, Olga - anciennement Triballat - justifie sa décision par la mauvaise conjoncture du secteur bio, liée à l'inflation.
Il n'est plus possible de produire de manière infinie dans un monde aux ressources finies, il n'est plus possible de collecter le lait de manière infinie sur un marché aux besoins définis
Communication Olga
La société bretonne, qui fabrique notamment les marques Vrai et Sojasun, précise qu'elle "partage le sentiment" que peuvent avoir certains de ses producteurs, et certifie qu'elle aura "à coeur de les accompagner durant ces deux prochaines années".
En Normandie, Olga possède une laiterie à Cahagnes (Calvados) en plus de celle de Noyal-sur-Vilaine (Ille-et-Vilaine) où le groupe est implanté. Sur place, 9 millions de litres de lait sont transformés annuellement, parmi lesquels 4,5 millions proviennent des producteurs concernés par la rupture contractuelle.
Deux ans pour retrouver une laiterie
Les producteurs sont d'autant plus déçus qu'ils avaient confiance en la famille Triballat, détentrice historique d'Olga. Laurent Groult approvisionnait la laiterie de Cahagnes depuis 2009. "Nous étions bien payés. Elle fait partie des rares laiteries à respecter le coût du litre de lait et à correspondre à nos valeurs sur le plan éthique", explique-t-il.
Tous vendaient leur lait exclusivement à l'opérateur. Il leur reste désormais deux ans pour trouver une solution, car leur contrat prendra fin automatique le 31 mars 2026."On ne sait pas à quelle sauce on va être mangés, s’inquiète Laurent Groult. Il nous reste deux campagnes puis nous devrons ensuite frapper aux portes de laiteries moins rémunératrices ou qui ne nous prendront pas en bio alors qu’on a fait ça toute notre carrière”.
Une deuxième solution que le producteur de lait biologique basé à Theil (Calvados) n’imagine pas. “Je me suis reconverti en lait bio en 1998 pour maintenir l'existence de fermes à taille humaine tout en protégeant l’environnement. On a besoin d'être soutenu".
Face à l'explosion des prix du lait bio et à la concurrence accrue des laits végétaux, les producteurs espèrent qu'un autre opérateur s'engagera pour acheter leur lait, malgré des coûts de collecte parfois élevés en raison de leur éloignement géographique. Selon nos informations, la société ne valoriserait que 20 millions de litres de lait sur les 25 millions produits au total.