Michel Hazanavicius foule le tapis rouge de cette 50ᵉ édition du festival du film américain de Deauville. Le scénariste et réalisateur présente son dernier long-métrage "La plus précieuse des Marchandises". Un film d'animation qui fait écho à son histoire personnelle.
La dernière fois qu'il a foulé le tapis rouge, c'était en 2017, lorsqu'il était le président du Grand Jury. Mais ce mercredi 11 septembre 2024, Michel Hazanavicius est à Deauville pour la projection de son dernier long-métrage La plus précieuse des marchandises : "C'est l'adaptation d'un livre. Un bouquin qui est à la croisée de choses assez intimes", nous confie ce dernier.
Son premier film d'animation
Projeté en compétition officielle du festival de Cannes, le film La plus précieuse des marchandises, est le premier film d'animation du réalisateur Michel Hazanavicius.
L'auteur de The Artist et d'OSS 117 a mis de côté le registre de la comédie et la légèreté et s'empare, cette fois, du roman de Jean-Claude Grumberg pour raconter une histoire au milieu des pires périodes de l'humanité : la déportation.
Un film lourd, mais impressionnant qui se tourne vers l'espoir d'un monde meilleur.
"Un rapport intime à cette histoire"
"Il était une fois..." , le film commence tel un conte par la narration portée par la voix de Jean-Louis Trintignant. Dans ce livre paru en 2019, une "pauvre bûcheronne" recueille un nourrisson jeté d’un train de déportés qui traverse la campagne polonaise.
Le bébé, désigné comme un "sans-cœur", car issu de "la race maudite" (terme utilisé par les nazis pour qualifier les juifs), va pourtant être sauvé grâce à la générosité de cette femme, de son mari, et d’un soldat à la gueule cassée.
Sur fond de Seconde guerre mondiale, de déportation et d'horreur, le récit de Michel Hazanavicius prend de la distance par rapport à l'Histoire et se concentre sur la solidarité, l'entraide et la résistance de cette famille. Une façon de ne pas laisser tomber dans l'oubli l'une les pires horreurs de l'humanité :
J’ai un rapport intime à cette histoire. Je viens d'une famille juive d’Europe de l’Est. Mes grands-parents et mes parents, ma famille sont des survivants du génocide, même s’ils n’ont pas été dans les camps.
Michel Hazanavicius
Et puis, il connaît très bien Jean-Claude Grumberg, l'auteur du livre : "C'est le meilleur ami de mes parents, je le connais depuis que je suis né !".
Passionné de dessins depuis l'âge de 10 ans
Ce n'est pas un hasard si Michel Hazanavicius a voulu raconter cette histoire dans un film d'animation. En réalité, il est passionné de dessins depuis l'âge de 10 ans et c'est lui-même qui a esquissé les personnages et les paysages.
Un récit graphique qui traverse les saisons et les décors. Le trait, plutôt lourd au début, s'affine au fur et à mesure de la progression de l'histoire. L'animation s'épure et laisse place à des illustrations plus sobres, notamment pour figurer les camps de concentration.
Pour donner vie aux personnages, le réalisateur a fait appel aux grandes voix du théâtre. Celle de Jean-Louis Trintignant d'abord. Le comédien, décédé en 2022, joue ici son dernier rôle au cinéma. Alors qu'il était très malade, il a accepté d'enregistrer sa partition.
"Cette histoire a réveillé en lui des moments de sa vie et surtout de son enfance. L’enregistrement a été bouleversant", explique Michel Hazanavicius. Dominique Blanc, Grégory Gadebois et Denis Podalydès complètent le casting.
De rares dialogues qui laissent place à la musique d'Alexandre Desplat : "C'était un film compliqué à réaliser, mais j'accorde du temps et surtout de la confiance au temps", lance Michel Hazanavicius.