La députée du Bessin, Isabelle Attard, et un universitaire de la Roche-sur-Yon ont mis en ligne le 1er janvier "Le journal d'Anne Frank" estimant que cette oeuvre tombe dans le domaine public, ce que conteste le Fonds détenant les droits du livre.
"Vive Anne Frank, vive le domaine public". C'est sous ce titre que la députée écologiste du Bessin, Isabelle attard, a publié le 31 décembre sur son blog un billet expliquant sa démarche. Comme Olivier Ertzcheid, enseignant en info communication à l'IUT de la Roche-Sur-Yon, l'élue du Calvados a décidé de mettre en ligne ce 1er janvier "Le journal d'Anne Frank", une date à laquelle tous deux estiment que cette oeuvre tombe dans le domaine public. "Cela signifie concrètement que 70 ans après le décès de l’auteur, le monde entier peut utiliser, traduire, interpréter ces œuvres, et se les approprier pour en créer de nouvelles. Cela signifie que leurs renommées n’ont plus de frontières", explique la parlementaire.
La législation française, conforme à une directive européenne de 1993, prévoit qu'une oeuvre tombe dans le domaine public le 1er janvier suivant les soixante-dix ans de la mort de son auteur "ou du dernier auteur survivant". Mais le Fonds Anne Frank, propriétaire des droits de l'oeuvre conteste cette démarche. Selon lui, le Journal est une oeuvre posthume, pour laquelle la durée du droit exclusif est de cinquante années à compter de la date de publication. Le texte dans sa version intégrale publiée en 1986 serait donc protégé jusqu'en 2037 au moins.
Pour Isabelle Attard, "Combattre la « privatisation de la connaissance » comme le disait Aaron Swartz est entièrement d’actualité", dénonçant l'appétit des mastodontes d'internet dont "l'obsession est bien de mettre la main sur la plus grande quantité de contenus et de monnayer l’accès à cette immensité culturelle". L'universitaire Olivier Ertzcheid estime que, au regard du témoignage que représente ce livre, "'il n'y a pas d'autre combat à mener que celui de sa libération, pas d'autre hommage à rendre que celui de son partage sans limite, pas d'autre place à lui accorder que celle qui lui revient de droit en le laissant s'élever ce jour dans le domaine public".
Le reportage d'Alexandra Huctin et Jean-Michel Guillaud