Des cocons de sieste à l'université pour "recharger les batteries"

À l'université de Caen, des fauteuils de relaxation ont été installés dans les bibliothèques pour permettre aux étudiants de se reposer. Pour la journée internationale du sommeil, nous avons testé la micro-sieste avec eux.

Entre deux séances de révision, Ali se pose sur Saturne. C'est le nom d'un fauteuil-cocon installé dans un coin de la bibliothèque du campus de santé. La pause n'excède pas 25 minutes chrono. Quand le rideau est tiré, Ali est sur une autre planète.

"Je ne dors pas beaucoup la nuit en ce moment à cause des partiels alors je prends une petite pause d'un quart d'heure le midi pour me reposer", sourit l'étudiant en quatrième année de pharmacie, en retirant sa paire de bouchons antibruit ; même si le plus grand des silences règne dans la BU.

"Les études sont compétitives sur le pôle santé : il y a du stress et puis de la fatigue accumulée. Des étudiants s'endorment dans leurs coudes sur les tables donc on a voulu leur proposer quelque chose d'un peu mieux", explique Urielle Cano, responsable adjointe de la bibliothèque Madeleine-Brès.

Six cocons sur le campus

Si Ali a plutôt l'habitude de s'endormir la tête sur les tables, il tente pour la première fois ce "cocon de sieste" protégé des regards curieux par des paravents. À l'heure de la pause déjeuner, dans les allées lumineuses de cette bibliothèque cathédrale, une centaine d'étudiants s'affairent sur leurs cahiers. 

Quand il y a des grosses périodes de révision et que la bibliothèque est intensément utilisée, les cocons le sont aussi.

Urielle Cano, responsable adjointe de la bibliothèque

Depuis sa mise en route en 2021 à l'initiative des étudiants, le dispositif a été déployé dans cinq autres bibliothèques universitaires, sur les campus de Caen et de Cherbourg. Au total, sept fauteuils ont été inaugurés et financés par le budget de la CVEC (Contribution de Vie Étudiante et de Campus). 

Avec cinq microsiestes réalisées chaque jour en moyenne sur la bibliothèque de l'UFR de Santé, le dispositif a bel et bien trouvé son public, particulièrement sur le temps du déjeuner. 

Les bienfait du sommeil

L'université de Caen est le premier établissement d'études supérieures en Normandie à avoir misé sur la sieste, dans le sillage des universités de Bourgogne, de Côte d'Azur et de Lille. En entreprise et dans les espaces de coworking en revanche, la révolution de la sieste entre midi et deux est déjà bien en marche.

Cette réhabilitation du repos est urgente : la France ne dort pas assez. L'institut du sommeil et de la vigilence estime que les Français ne dorment que 6h42 par nuit en semaine, soit 15 à 16 minutes de moins qu'en 2023.  

"Il est totalement normal d'avoir envie de dormir après le déjeuner, c'est un besoin physiologique. La sieste favorise les performances cognitives, renforce la vigilance et recharge notre niveau de batteries. Elle permet aussi aux étudiants de réduire leur stress", explique Corentin Hingrand, doctorant en Staps au laboratoire Vertex à l’université de Caen Normandie et spécialiste du sport en ultraendurance.

Dix, quinze ou vingt minutes de sommeil peuvent recharger nos batteries à 60%. Au delà de trente minutes, la sieste n'est plus bénéfique.

Corentin Hingrand

Doctorant en Staps à l'université de Caen

Pour autant, la sieste ne doit jamais excéder une demi-heure au risque de tomber dans un sommeil profond : "On va se réveiller plus fatigué qu'avant donc la sieste ne sera plus bénéfique. Il faudra du temps pour se réveiller pleinement".

25 minutes maximum

En quelques mois, Stella, étudiante en DUT information-communication, est devenue adepte des micro-siestes. Grâce à une application gratuite téléchargée sur son téléphone, elle réserve les fauteuils en fonction de son emploi du temps. La durée des créneaux varie de 15 à 25 minutes.

Je me sens bien et apaisée dans les cocons. Il n'y a pas beaucoup de lumière et le matelas est confortable.

Stella

Etudiante en information-communication

Sophrologie, relaxation ou ambiance sonore, la sieste peut s'accompagner d'un programme de détente à écouter pour déconnecter. La lumière bleue tamisée de la toile du cocon participe aussi de cette ambiance relaxante.

L'étudiante de 22 ans pose sa tête sur un oreiller en mousse : "Hier soir, je suis sortie en soirée étudiante et j'ai travaillé toute la matinée donc je répare tout ça. Il n'y a pas beaucoup de lumière, le matelas est confortable et puis c'est calme sur le temps de midi. Je vais être plus productive ensuite".