Tags à la fac de Rouen : qui se cache derrière ce groupuscule d'extrême droite, Active Club

Vendredi 23 février 2024, des étudiants de l'université de Rouen ont découvert un tag sur le mur extérieur de l'entrée principale du campus Pasteur. Il a visiblement été réalisé par un groupuscule d'extrême droite, Active club Rouen. Précisions.

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"Active Club Rouen. Européen, rejoins les tiens". Ce vendredi 23 février 2024, avenue Pasteur à Rouen, l'inscription en lettres bleues trône sur le mur extérieur de l'entrée principale de la fac de Rouen.

Un tag émaillé de trois croix celtiques dans lesquelles s'inscrit un cercle : un symbole utilisé par les mouvances d'extrême droite depuis l'entre-deux-guerres.

Ce lundi matin, le tag a été effacé. Le président de l'Université de Rouen déclare qu'une plainte pour dégradation va être déposée.

"Grâce à notre système de vidéosurveillance, nous avons pu identifier vers 3h du matin, dans la nuit de jeundi à vendredi, un individu seul en train de tager notre bâtiment. Nous avons fait procéder au nettoyage très rapidement dans la journée. J'ai donné délégation pour porter plainte pour dégradation" détaille Laurent Yon, le président de l'Université de Rouen.

" Ce type d'événement arrive rarement mais nous condamnons toute attitude de ce type et toute forme de message de ce type  sur nos bâtiments" poursuit-il. Pour autant, Laurent Yon ne s'estime pas inquiet face à cet événement et à une éventuelle montée en puissance de la mouvance d'extrême droite. "Le climat n'est pas du tout tendu à l'Université de Rouen en ce moment"

Condamnations en chaîne 

Dès vendredi 24 février, certaines associations étudiantes n'ont pas tardé à réagir. Sur X, l'Unef Rouen a publié ce communiqué de presse. 

L'Union nationale des étudiants de France se dit "scandalisée et dénonce fermement ces agissements"

L'université doit être un lieu de transmission de savoir et de partage, et ce pour toutes et tous. [...] Nous rappelons par là également que l'extrême droite est une menace pour notre société et pour nos conditions d'études. Elle n'a pas sa place dans nos universités et doit être combattue

UNEF Rouen

Ce lundi matin, Alan Colas, président de l'Unef Rouen précisait : "Un tag sur un mur aussi visible sur un campus où il y a beaucoup de passage montre très clairement une volonté de recruter. Cela montre que l'extrême droite est encore présente à Rouen. Et pour nous, elle ne porte pas un projet émancipateur qui permet d’inclure tous les éttuidants d’où qu’ils viennent"

Interrogée ce lundi matin, Paloma Ladam, co-présidente de l'Union étudiante de Rouen se dit scandalisée.

Ces tags cherchent à recruter. L'Active Club Rouen recrute via le sport. Ce n'est pas anodin, c'est une forme d'entraînement. Utiliser le sport comme argument de vente est très pervers. C'est très facile de faire de l'embrigadement à travers des sports de combat par exemple

Paloma Ladam, co-présidente de l'Union étudiante de Rouen

Paloma Ladam ajoute : "l’extrême droite ne correspond pas aux valeurs inclusives d’enseignement que nous prônons. L’Université a été plutôt réactive en mettant des poubelles devant les tags pour les cacher". 

De leurs côtés, les Jeunes socialistes de Seine-Maritime ont également condamné ces inscriptions sur les réseaux sociaux. Pour eux, elles "vont à l'encontre des valeurs promues par l'Université".

Dans ce tweet, le groupe socialiste en appelle aux autorités.

Nous demandons que les auteurs soient retrouvés et sévèrement sanctionnés pour ces actes. L'Université n'est pas un lieu de cultivation de la haine, c'est un lieu d'émancipation, de transmission de savoirs.

Jeunes socialistes de Seine-Maritime

De l'autre côté de l'échiquier politique, l'UNI Rouen, par la voix de son président Eteban Nahi, condamne également ce type d'agissement : "C'est de la propagande de recrutement sur un bien public. Il n’ y a pas à avoir ce type de dégradation sur un lieu public. Pourquoi cherchent-ils à recruter dans le milieu étudiant ?" 

Et de conclure : "pour l'heure, il n’y a pas d’action de groupuscule d’extrême-droite au sein de l’Université mais cette  émergence est inquiétante".

C'est quoi l'"Active Club Rouen" ?

Sur X, l'"Active Club France" se présente par trois mots-clés : "communauté-sport-nationalisme". Son slogan "Agissons aujourd'hui et demain nous vaincrons" est précédé de deux épées qui croisent le fer.

Sur ce compte, on trouve des photos de différents groupes régionaux qui se revendiquent de l'"Active Club France". Dauphiné, Centre-Val-de-Loire, Provence, Bretagne.... et Normandie.

On y retrouve également des vidéos d'entraînement aux sports de combat. Visages floutés, gants de boxe aux poings, ceux qui se revendiquent de cette organisation montrent sur une musique rythmée ce qui paraît faire partie de leur entraînement régulier.

Des références au film Fight club

Aux côtés de ces vidéos figurent des références au film Fight Club de David Fincher. Sorti en 1999, ce long métrage raconte l'histoire d'un homme, malheureux dans sa vie professionnelle, qui crée avec un comparse un club de combats clandestins dans lequel les membres peuvent évacuer leur mal-être par la violence extrême.

Toujours sur son compte X, le 22 février dernier, l'"Active Club France" se félicitait de la sortie de prison de Rob Rundo dans un avenir proche. Celui qui est présenté comme "le fondateur d’Active Club et du Rise Above Movement, va bientôt sortir des geôles du système" détaille le post. "Liberté pour tous les nationalistes enfermés !", peut-on lire.

Fondateur du groupe antisémite "Rise Above", Robert Rundo est âgé de 33 ans. En mars 2023, il a été arrêté en Roumanie, soupçonné d'avoir participé à un défilé d'extrême droite aux États-Unis en août 2017. Lors de cette manifestation organisée pour protester contre le projet municipal de Charlotesville de déboulonner une statue d'un général confédéré esclavagiste, un néonazi avait tué une jeune femme de 32 ans, en fonçant en voiture sur la foule.

"Ce sont les pires, les plus dangereux"

Dans notre enquête sur les groupuscules d'extrême droite publiée en décembre 2023, notre journaliste avait échangé avec John (ndlr : prénom modifié), un militant d'extrême gauche qui connaît bien la mouvance d'extrême droite à Rouen.

À propos du groupe "Active club France" et par comparaison avec d'autres groupes tels que les Normaux, la Cocarde étudiante et Alliance française, notre interlocuteur détaillait : 

Là, on grimpe d'un cran. Ce sont des fascistes néonazis qui achètent des armes et s'entraînent à se battre. Ce sont les pires, les plus dangereux !

John, militant d'extrême gauche à Rouen

L'"Active Club" n'en est en tout cas pas à son premier tag en Normandie.

 

Au moins une précédente inscription avait pu être photographiée à Déville-lès-Rouen près de Rouen lors de notre enquête en décembre dernier.

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