Alors que le gouvernement se donne comme priorité le contrôle de l'épidémie, que penser du cas de l'école de Blainville-sur-Orne ? En une semaine, 4 enseignants ont été déclarés positifs au Covid-19, sans jamais qu'aucune information ne soit donnée aux parents. Deux élèves, au moins, sont positifs.
Peut-on parler de friture sur la ligne ou de problème de communication ? Comment une école entière a pu gérer des problèmes de Covid-19 déclarés dans son équipe encadrante et enseignante sans jamais en avertir les parents pendant toute une semaine ?
Il faut dire, qu'enfants et familles commençaient bien à se poser des questions depuis plusieurs jours : des enseignants absents, des remplaçants annoncés, des classes nettoyées mais personne pour leur parler. Les parents d'élève de l'école Colbert à Blainville-sur-Orne, près de Caen, sont sous le choc. Le week-end a été, pour eux, synonyme de crise.
Un communiqué de la préfecture à J+6 et rien d'autre ?
Pour seule information, ils ont eu le droit à un communiqué de presse lapidaire de la préfecture, lancé aux rédactions du Calvados, ce samedi matin soit 6 jours après le premier cas déclaré. A aucun moment les familles n'ont été prévenues, en amont. Elles ont découvert la situation de leur école dans le "journal", le dimanche.Ce texte de quelques lignes a servi "d'information" aux parents, comme aux journalistes. Contacter les services de presse d'une préfecture le dimanche ou ceux du rectorat, est peine perdue.
Depuis 8 jours, préfecture, Education Nationale (rectorat) et mairie discutaient donc de la situation, en secret.
L'association des parents d'élèves publie ce communiqué le dimanche sur sa page Facebook, avec un message de regrets :
"Nous rappelons que les enseignants ne sont pas autorisés à communiquer sur les cas parmi les enfants et eux-mêmes mais nous aurions souhaité une autre forme de communication envers les familles."
Nous rappelons que les enseignants ne sont pas autorisés à communiquer sur les cas parmi les enfants et eux-mêmes mais nous aurions souhaité une autre forme de communication envers les familles.
Publiée par Les P'tits Colbert sur Dimanche 29 novembre 2020
"C'est dommage que nous n'ayons pas été informés autrement. D'autant plus que ça aurait évité beaucoup d'inquiétudes quand, vendredi nos enfants n'ont même pas pu retourner dans leur classe pour récupérer leurs affaires", réagit une maman en commentaires, sur les réseaux sociaux.
On n'a rien reçu, aucun mail, rien. C'est les cachotteries qui créent de l'inquiétude. On regrette vraiment de ne pas avoir eu les infos qu'il faut. Comment ne pas croire qu'on nous cache des choses ? Nous on doit prévenir l'école si l'enfant est malade à la maison et c'est bien normal, mais ça ne marche pas dans le sens inverse ?
Le maire en désaccord total avec cette mise sous silence
Le premier élu de la commune a été informé et a suivi toute la semaine le silence du rectorat et de la préfecture. On lui a demandé de son côté de ne pas le rompre. Une injonction que l'élu de la République a respecté. Mais il avoue n'avoir pas cessé d'insister sur la nécessité de briser ce silence incompréhensible, à ses yeux.
Je suis en désaccord complet avec le protocole de l'Education Nationale et la position de la Préfecture. Moi je considère qu'il faut parler et être transparent. La santé est au-dessus de tout, les parents ont le droit de savoir. Il faut faire confiance aux gens. Le Covid c'est pas n'importe quoi.
Tant qu'il n'y avait qu'un seul cas (la première maîtresse positive s'est signalée le 22 novembre), il n' a jamais obtenu le feu vert. A la fin de la semaine, 4 cas a fait basculer les choses : l'école est alors tombée en situation de cluster, il était difficile de continuer à cacher la vérité (à partir de ce moment-à, le cas est répertorié par l'ARS). La situation devenait d'ailleurs ubuesque. Des fuites avaient répandu la rumeur. "Et puis les enfants avaient tout compris à l'intérieur de l'école, alors ils ont parlé chez eux. C'est cette situation qui n'est pas bien. Il faut communiquer."
L'inspectrice reconnaît que c'est le protocole de son administration, point final.
Nous avons un protocole qui nous impose de ne pas communiquer rapidement car précipitation égale souvent affolement. On fait respecter les gestes barrières, la distance, les masques. Les pièces sont aérées. Il n'y a pas de risques pour les enfants, tout le monde est masqué. Nous avons cherché à ne pas inquiéter.
Ce lundi matin, l'inspectrice d'Académie était là pour s'assurer de la continuité pédagogique avec les remplaçants et rencontrer les parents qui l'attendaient. Le protocole a, pour elle, été respecté.
Résultat : 57 élèves absents et au moins deux cas de covid chez les enfants
Cette logique du silence pour ne pas affoler inutilement est-elle compatible avec le " tester-tracer-isoler" défendu par le président Macron (lors de sa dernière allocution télévisée) pour contrôler l'épidémie ? Les enfants ont-il été infectés à l'école ou dans la sphère privée ?Ce lundi matin 43 enfants de l'école élémentaire sont absents, soit 1 sur 4 . Et deux élèves sont déjà déclarés positifs au Covid-19, un troisième est en attente de résultat et présente des symptômes. 14 élèves sont aussi absents en maternelle.
Devant cette situation de cluster, le maire, l'Education Nationale et l'ARs lance une opération de dépistage général de la population ce jeudi et vendredi 4 décembre 2020.
[DÉPISTAGE COVID19] Communiqué de Monsieur le Maire ⤵️
Publiée par Ville de Blainville-sur-Orne sur Mardi 1 décembre 2020
Les enfants, les habitants, les parents, les agents qui travaillent à l'école : le dépistage est volontaire et ouvert à tous.