Cela fera bientôt deux ans que les premières familles ukrainiennes sont arrivées en Normandie alors que leur pays subissait les premiers assauts de l'armée russe. Un certain nombre ont depuis fait demi-tour et ont pris le risque de rentrer. D'autres sont restées et tentent de s'acclimater. Reportage au Fresne-Camilly, dans le Calvados.
Qui aurait pu imaginer en être là, deux ans plus tard ? Dans la cour de l’école du Fresne-Camilly dans le Calvados, Liudmyla est aujourd’hui une maman que rien ne distingue des autres parents. Ses deux enfants sont des élèves comme les autres.
Une famille normande presque comme les autres
Nika, jolie fillette de cinq ans aux nattes brunes, s'exprime dans un français parfait. Son frère Stas est au collège, en 3ᵉ où il prépare le brevet des collèges. Même s'il garde un bel accent aux "R" qui roulent avoue que " parler, ça va, le plus difficile, c'est l'écriture, mais j'ai beaucoup de copains et copines".
Liudmyla Mudrak, leur maman, effectue le ménage chez une dizaine de familles : "J'adore et remercie Le Fresne-Camilly".
Une maison cocon
Au Fresne-Camily, on l’appelle désormais par son diminutif : Myla. Elle vient d’acheter une petite voiture et son quotidien est désormais bien réglé… La famille habite dans un logement communal, un petit trois-pièces. Au bout de quelques mois, Myla a signé un bail. Elle paie à présent son loyer.
Le maire de la commune se souvient de leur arrivée le 13 mars 2022. Il revoit une maman et deux enfants déboussolés avec une valise pour seul bagage… Ce sont les membres de l'association Le Fresne Solidarité Ukraine qui l'ont épaulée au début en venant presque chaque jour.
Thibaut Bernard, président de l'association explique : "Les familles sont de plus en plus intégrées, autonomes et les demandes du début ne sont plus les mêmes maintenant".
C'est mon ami, mon chef, mon boss, comme une famille.
Liudmyla Mudrak, réfugiée ukrainienne depuis deux ans
La maison a été entièrement meublée grâce à des dons. Aujourd’hui, les besoins évoluent. L'association se retrousse à nouveau les manches, au propre comme au figuré, pour installer une cuisine équipée dans la maison de Myla. Le provisoire est parti pour durer…
Si loin, si proches
Le 28 février 2022, Liudmyla Mudrak a laissé son appartement à Kiev pour échapper aux bombes et à la terreur. Nika, qui n'avait que trois ans au début du conflit, se souvient parfaitement des sirènes annonciatrices des premiers bombardements...
En prenant la route, combien d’Ukrainiens ont pensé que l’exode ne durerait pas ? Myla tablait sur quelques jours, quelques semaines tout au plus. L'exil s'est installé. Myla est trop émue et pudique pour s'épancher, mais suspendue à son smartphone, les nouvelles ne sont pas rassurantes.
Son mari, militaire, vient d'être blessé et son frère est également dans l'armée ukrainienne. Toutes les meilleures intentions du monde ne peuvent panser des cœurs en exil.