Michel Lecousin n'a pas hésité une seconde. Gérant de "Jussieu Secours", à Hérouville-Saint-Clair, il est parti jusqu'à la frontière ukrainienne pour offrir une ambulance, remplie de matériel de soin. A peine rentré, il nous raconte son périple, qui l'a profondément marqué.
Michel Lecousin a peu dormi, "peut-être 12H ces quatre derniers jours". Il est rentré cette nuit et on le retrouve ce matin, au bureau de son entreprise Jussieu Secours, à Hérouville-Saint-Clair.
Sa voix chevrote. Sa main tremble quand il parle de ces femmes ukrainiennes qu'il a rencontrées, une fois arrivé à la frontière. Non sans mal.
Au départ, jeudi 10 mars, il avait rendez-vous avec ces collègues de "Solidarités ambulanciers France – Ukraine", à Metz pour affréter, au total, quinze ambulances au nord de l'Ukraine, via la Pologne.
"Au Nord, la ville a été bombardée, nous avons donc dû faire un long détour et passer par le sud, via la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie et la Roumanie, jusqu'à la ville de Sighetu Marmației, à la frontière", explique Michel Lecousin
Au volant de leurs ambulances, Michel Lecousin et ses collègues, venus de toute la France, ont parcouru plus de 3000 kms pour honorer leur rendez-vous avec Lessya, la coordinatrice ukrainienne, chargée de récupérer le matériel. Alors, ils ont roulé, roulé, renonçant souvent à manger pour arriver à temps.
Des gens inquiets en Pologne et Roumanie
Plus on s'approchait de l'Ukraine, plus on sentait la tension. Les polonais sont angoissés, ils ont peur. En Roumanie aussi, le peuple est tendu et méfiant
Michel Lecousin, ambulancier
Les passages en douane ont été compliqués. Mais ils ont pu compter sur le soutien d' un conseiller municipal roumain pour enfin arriver à la frontière. Leurs collègues ukrainiennes les attendaient.
"Ce fut très fort en émotion. Elles ont chanté leur hymne. Chacune est repartie avec nos quinze ambulances, chargées de pansements, bandages, compresses, couvertures de survie, oxygène ...
Ce voyage m'a changé. Je revois ces femmes traverser le pont avec des berceaux et leurs petits enfants. Nous étions à 5 mètres de la frontière. Je ressens de la joie d'avoir livré ce matériel et en même temps beaucoup, beaucoup de colère
Michel Lecousin, ambulancier Jussieu Secours
Michel Lecousin est resté en contact avec ces femmes, dont le courage l'a profondément touché, à tel point que lui et ses collègues ne pensent qu'à une chose : y retourner.
"C'est un devoir. On ne peut pas rester indifférent. C'est choquant de voir ce qui se passe là-bas, à côté de chez nous. "
Sa voix ne tremble plus. Il sourit même à l'idée de repartir. Déterminé. La colère s'est muée en volonté, car il sait que ce voyage et ses efforts n'ont pas été vains. Les ambulances sont bien arrivées à Kyiv, Dnipro, Lviv, Jytomyr, Zaporijjia, Dnipro, Kharkiv.
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