Hommage aux héros : silence radio autour du plan B des promoteurs du spectacle sur le D-Day

Le maire de Carentan a annoncé ce vendredi que le projet de spectacle immersif autour du Débarquement ne verrait pas le jour dans sa commune. Les promoteurs du projet ne baissent pas les bras et indiquent qu'un autre lieu sera annnoncé "prochainement". Des pistes sont évoquées depuis plusieurs semaines. Mais les élus restent muets.

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Très vite surnommé "D-Day land" par ses détracteurs, le projet a suscité, dès son annonce, de vives oppositions. Sur un plan historique tout d'abord. "Peut-on imaginer ces lieux où sont morts et reposent tant d'Américains, de Canadiens, de Français, d'Allemands, devenir un parc où un spectacle où des milliers de consommateurs pourront visiter un village "à la 1944" et assister à une parodie de guerre avant d'acheter des souvenirs de guerre et des spécialités gastronomiques normandes ?", dénonçait une tribune des proches du commando Kieffer.

Sur un plan écologique ensuite. Le théâtre de 1000 places se déplaçant sur 400 mètres au gré des scènes historiques reconstituées devait s'implanter sur des terres agricoles. L'Office Français de la Biodiversité avait estimé dans un rapport que "L'évaluation environnementale (du projet) présente de nombreuses insuffisances".

La joie des défenseurs de l'environnement

Et ce vendredi 23 juin, lorsque Jean-Pierre Lhonneur, le maire de Carentan, a annoncé lors d'une conférence de presse que les promoteurs du projet renonçaient à s'implanter dans sa commune, les défenseurs de l'environnement ont été parmi les premiers à se réjouir de cette nouvelle. "C'était un projet gigantesque d'un autre âge qui allait consommer énormément d'espace agricole, qui allait nuire à la biodiversité, aux zones humides, mais aussi à l'équilibre économique et touristique de ce territoire", déclarait alors Pierre Aubril, de l'association Baie Vivante et Solidaire.

Pour l'équipe municipale qui travaillait sur ce projet depuis trois ans et qui espérait la création de 250 emplois, l'heure est à l'amertume. "Le projet aurait pu aller au bout, je suis persuadé qu'on aurait pu avoir le permis de construire", regrettait Jean-Pierre Lhonneur, "Mais on peut multiplier les recours pour éterniser le projet dans le temps (...) C'est ce qui a découragé les promoteurs." Car ce sont bien ces derniers et non la commune manchoise qui ont fait machine arrière. Mais pas de jeter définitivement l'éponge. "La volonté de certains de faire de ce projet un terrain d’affrontement ne correspond pas à notre volonté", déplorent les créateurs de "Hommage aux héros" dans un communiqué avant d'ajouter : "D’autres sites existent en Normandie. Nous annoncerons prochainement notre choix.

La piste de Colombelles

Un plan B, voilà déjà plusieurs semaines que les promoteurs du projet l'évoquent à demi-mots. "Si on ne nous permet pas d'aller à Carentan, il y a des friches industrielles près de Caen", indiquait, en mars dernier, Richard Lenormand, directeur de "Hommage aux héros". Utiliser des friches industrielles permettrait de contrer l'argument environnemental qui a contribué au retrait du projet de Carentan. Dans l'agglomération caennaise, l'ancien site de la Société Métallurgique de Normandie (SMN) présente encore plusieurs hectares exploitables. Non loin du Mémorial et des plages du Débarquement, facile d'accès depuis la gare et l'autoroute A13, la commune de Colombelles présente de nombreux atouts. 

Et son maire, Marc Pottier, historien et passionné par cette page d'histoire de la région, n'a jamais exprimé de franche opposition au projet. Dans une interview accordée récemment à nos confrères de Ouest-France, il indiquait avoir été "sollicité" par les porteurs du projet "pour des recherches d'archives". Il expliquait également avoir, lors de ces échanges avec ces derniers, évoqué "l'ancien site de la SMN". 

Silence radio

Sur ce site, le maire a comme projet de réhabiliter le réfrigérant. Quelques années plus tôt, il envisageait d'en faire un musée et d'y implanter un lieu d'observation à son sommet permettant d'embrasser toute la plaine jusqu'à la côte, haut-lieu du Débarquement. Mais récemment, c'est un échec qui a marqué ces lieux, celui du WIP qui fermera ses portes pour des raisons économiques en juillet prochain après quatre ans d'existence. L'hommage aux héros, et ses 250 emplois à la clé, constituerait une opportunité intéressante. 

Sollicité par notre rédaction depuis plusieurs semaines, Marc Pottier a toujours refusé de s'exprimer publiquement sur ce sujet, y compris aujourd'hui alors que la commune de Carentan se retrouve hors-jeu. Ce silence s'explique sans doute par le fait que le maire de Colombelles n'a pas la main sur ces friches industrielles. L'ancien site de la SMN est dans le giron de la communauté d'agglomération de Caen-la-Mer, une communauté d'agglomération présidée par Joël Bruneau, qui préfère le consensus à la controverse. Les polémiques entourant le spectacle "Hommage aux héros" depuis son annonce ne plaident pas en sa faveur ou du moins rendent le dossier délicat. Le directeur de cabinet du maire de Caen nous a ainsi indiqué que le sujet n'avait tout simplement pas été étudié ni même évoqué pour l'instant par l'agglomération caennaise. 

"D'autres sites existent en Normandie", assure la direction de "Hommage aux héros". Il faudra encore patienter pour les connaître. Seule certitude, le lever de rideau n'aura pas lieu en 2024 pour le 80e anniversaire du Débarquement, comme l'espéraient initialement les promoteurs du projet. 

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