Comment ces parents vivent-ils le confinement dans un appartement avec leurs enfants ? "Tout baigne !"

Le confinement va être prolongé jusqu'au 15 avril, au moins. Les familles doivent réinventer leur quotidien. Facile à dire, plus compliqué à faire quand on vit sans jardin, mais avec des enfants. Pourtant, certains y arrivent. Comment se débrouillent-ils pour faire de ces contraintes, une force ?  

Il y a encore un mois, Anaïs était assistante administrative, en intérim. Tous les matins, elle ou son mari, Rémi déposait Marius, 5 ans à l'école maternelle et sa fille Manon jusqu'à sa classe de CE1.

Comment Anaïs et Rémi relèvent-ils le défi de la créativité ?

Mais depuis deux semaines, toute la famille reste à l'appartement, à Blainville-Sur-Orne. Rémi télétravaille. Mais, le contrat d'Anaïs n'a pas été renouvelé. Elle est au chômage et espère être réembauchée dans l'entreprise à la fin de cette parenthèse enchantée.

Oui parenthèse enchantée, car Anaïs n'a pas envie ni le temps de se lamenter. Dès le premier jour, ils ont installé le tableau des activités :
 

ça paraît un peu militaire, mais ça marche bien. On leur propose des activités et on fait le planning ensemble

 
 

On petit-déjeune ensemble et après, Rémi et moi, on prend chacun un enfant et on fait l'école à la maison. On fait une petite pause pour la récré, en descendant devant notre garage. On fait un peu de vélo ou de la trottinette. Et l'après-midi, on fait des ateliers.

Et la famille a beaucoup d'imagination entre les activités manuelles, le bricolage, les origamis, les jeux de société et .... les parcours sportifs dans l'appartement. "ça, ils aiment bien et on va le refaire la semaine prochaine. On a utilisé les chaises, le tapis, ils ont fait des roulades dans le canapé. C'était sympa. On fait aussi du judo et du yoga, avec une fiche que la maîtresse nous a envoyée".

 

 


"On a fait Carnaval dans l'appartement"


Manon et Marius ont aussi fait de la peinture sur bois, des paillettes, des origamis et du jardinage aussi : "On a pioché de la terre dans les rosiers, on les met dans des petits pots pour faire germer des graines".

Anaïs adore la cuisine et s'en donne à coeur joie en confectionnant avec ses enfants des cookies, des gâteaux au miel, au yaourt, des sucettes en chocolat. En un mot, la famille savoure chaque journée, d'ailleurs aujourd'hui, c'était "Carnaval dans l'appartement" :

Il y a moins de stress, ils sont moins fatigués, c'est plus agréable. On prend plus de temps avec les enfants. On partage plus finalement.
 

Pendant que son mari est "au front", Fetta s'organise et ... relativise


A Hérouville-Saint-Clair, Fetta aussi n'a pas trop le temps de s'ennuyer dans son F4, avec ces trois enfants : Idir, 8 ans, Lahna, presque 7 ans et le petit dernier Yuva, 3 ans.

"Les enfants font du vélo dans le couloir, ils s'amusent, ils jouent avec un ballon. En mousse, je précise"dit-elle en riant. Elle est comme ça, Fetta, toujours joyeuse, même si ...
 


Son mari travaille : "Il est au front", dit-elle. Ambulancier, il est amené à côtoyer des malades. Il a encore transporté deux personnes atteintes du Covid 19, hier.

Je ne suis pas très inquiète. C'est quelqu'un de vigilant. Il a la combinaison blanche pour se protéger. Il fait très attention. Et nous aussi. Il a beau être bien équipé. Nous ne sommes pas à l'abri d'une erreur. On se lave très très souvent. Mais on ne vit pas dans l'angoisse et les enfants non plus.
 

 


"J'ai toujours appris à me contenter de peu"


Fetta a une force intérieure qui lui vient de "la vie, tout simplement. J'ai toujours dû m'adapter au changement, me réinventer à chaque fois et repartir à zéro."

Elle et son mari ont grandi en Algérie et de ces années, elle a beaucoup appris. "Comme tous les pays en voie de développement, on vit avec moins de choses modernes. On se contente de peu, jouer dans un champ, même avec une balle confectionnée. C'est jouer. Je n'ai pas ce besoin d'aller au Mc Do ou au cinéma."
 

On relativise plus parce qu'on a besoin de moins et j'essaie d'inculquer ça à mes enfants.


Donc tous les matins, elle emmène ses enfants jouer. Devant son appartement, situé en rez-de-jardin,"j'ai de la chance", se trouve un terrain de basket clôturé. Quand il n'y a personne, Idir, Lahna et Yuva, s'amusent à faire des tours de vélos à l'intérieur, "comme des hamsters", sourit Fetta, "mais on ne va plus à l'aire de jeux car je ne veux pas qu'ils touchent. Et les enfants comprennent. Il suffit de leur expliquer simplement."

Fetta fait l'école à la maison, au moment de la sieste du petit dernier. "C'est plus simple. On regarde tous les jours s'il y a un mail des maîtresses et on fait les défis qu'elles nous envoient. Ils aiment bien."

 



Ce confinement a des aspects positifs, apprécie-t-elle : " On n'est plus tenus par les horaires. On est moins stressés. Ce confinement me fait lâcher prise."

Et pour conclure, elle relativise encore en pensant "aux drames que vivent tous les gens touchés de plein fouet par la maladie". 

Dans leurs appartements respectifs, les familles d'Anaïs et de Fetta ont finalement adopté un état d'esprit proche de la résilience, si chère à Boris Cyrulnik.

D'ailleurs, comme l'écrivait en 1888, Nietzsche :


Ce qui ne me tue pas me rend plus fort.

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