Une centaine d'agents dénoncent leurs conditions de travail au sein de l'Ehpad du centre hospitalier de Pont-L'Evêque, dans le Calvados. Lors d'une grève ce lundi 11 avril 2022, avec l'appui des résidents et leurs familles, ils réclament plus de personnel pour assurer la qualité des soins.
"Ça suffit, on n'en peut plus !" Épuisement, manque d'effectif, changement de planning à la dernière minute… Pour faire entendre leurs revendications, une centaine d'employés se sont rassemblés devant l'Ehpad du centre hospitalier de Pont-L'Evêque, lundi 11 avril 2022.
"Je n'ai jamais vu ça", souffle Carole Leconte, aide-soignante depuis 35 ans et déléguée CFDT. "Je suis carrément à l'usine. J'arrive, il faut faire vite vite tout le temps. On est deux pour 20 résidents (…) On a le temps de rien : on ne fait pas d'animation, les soins on les fait pas comme on veut, on n'a pas le temps de discuter, ni de les masser…"
J'ai honte de mon travail quand je les regarde. Je me dis que je ne fais pas mon travail correctement. Ma mère est très âgée et je souhaite qu'elle reste chez elle le plus longtemps possible. Qu'elle ne vienne jamais dans un établissement comme ça.
Carole LeconteAide-soignante et déléguée CFDT à l'Ehpad de Pont-L'Evêque
Le soutien des résidents et leurs familles
Durant une heure, les agents de l'hôpital ont manifesté, défilant autour d'un rond-point avec leurs pancartes et drapeaux. Pour l'occasion, certains des 200 résidents ont tenu à être présents.
Il manque l'humain. Il n'y a pas assez de personnes. Elles sont gentilles celles qui sont là mais elles ne sont pas assez nombreuses pour s'occuper de tout le monde.
MartineRésidente
Des proches de résidents se sont aussi mobilisés. Depuis un an, Brigitte vient à l'EHPAD trois fois par semaine pour rendre visite à sa sœur : "Quand elle est arrivée en mars l'année dernière, elle était deux fois plus épanouie. Les filles font ce qu'elles peuvent… Mais moi, si je ne venais pas, elle ne serait pas heureuse ici. (...) On m'avait promis monts et merveilles, on paie très cher chaque mois. On m'a vendu du rêve et je l'ai pas."
La direction cherche du personnel
En l'espace d'un an, le taux d'absentéisme du personnel est passé de 8 à 15%. Une augmentation liée à la crise sanitaire, selon l'établissement.
"Ça engendre des rappels très réguliers des professionnels sur leur journée de repos pour assurer la continuité de la prise en charge de nos résidents", reconnait Bertrand Sturione, directeur délégué du centre hospitalier de Pont-L'Evêque.
L'hôpital affirme chercher des solutions : "On renforce notre politique de recrutement actuelle, en utilisant différents leviers (les réseaux sociaux, les offres d'emploi…). D'autre part, on met en œuvre un pool de remplacement qui va nous permettre de pallier l'absentéisme de courte durée, de façon à préserver nos professionnels des appels au pied levé et pour augmenter la qualité de vie au travail du personnel."
Au total, une dizaine de postes manquerait à l'établissement.