Il est l'un des patrimoines de notre région, mais depuis les quinze dernières années, le cidre est un produit qui est de moins en moins consommé en Normandie. Mais peut-on vraiment parler de déclin ?

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Depuis plusieurs semaines, Thomas Pelletier récolte les pommes à cidre dans son exploitation, à Vaux-sur-Aure, près de Bayeux dans le Calvados. Chaque année, le producteur produit 30.000 bouteilles de cidre. Mais leur vente a tendance à diminuer depuis les quinze dernières années.

Une réduction de 3 à 5% en moyenne depuis 15 ans

En effet, les Français consomment en moyenne 1,23 litre de cidre par an. Une boisson qui ne fait plus vraiment partie des habitudes à table en France : "Nos ventes ont réduit de 3% à 5% en moyenne depuis 15 ans sur les volumes de cidres que nous produisons", explique le gérant des Vergers de Fumichon.

Pour Thomas Pelletier, il y a plusieurs raisons à cela : "Le Covid est passé par là et nous a fait beaucoup de mal. Les fermetures de nos établissements ont provoqué une baisse de 50% des ventes durant cette période. Et clairement, on n'arrive pas à revenir aux chiffres d'avant pandémie."

Bien entendu, la crise énergétique n'a pas aidé : "On a eu une forte hausse du prix du verre. Il était de 30 centimes en 2019 et est passé à 55 centimes en 2022. Les prix des bouchons, des étiquettes ont aussi augmenté alors forcément quand on additionne tout ça à la fin sur une bouteille qu'on vend à 3 euros, on a 60 centimes qui partent dans les matières sèches", lance le cidrier.

Privilégier la qualité à la quantité

Autre facteur, la concurrence des bières artisanales : "Les consommateurs sont curieux des bières artisanales brassées localement. Beaucoup se tournent vers cette boisson et c'est vrai que ça fait du mal au cidre !"

Malgré tout, le chiffre d'affaires de la filière est en augmentation : "Les consommateurs préfèrent privilégier la qualité à la quantité. Maintenant, on propose de belles bouteilles avec de jolies étiquettes et des bouchons de liège", explique Thomas Pelletier, également président de la FNPFC (Fédération Nationale des Producteurs de Fruits à Cidre). "Autrefois, il y avait toujours du cidre à table en Normandie, mais avec les questions liées à la santé, c'est une habitude qui s'est perdue, alors forcément la consommation de cidre "type moyen" a baissé ces dernières années."

Aujourd'hui, les consommateurs sont prêts à mettre le prix : "Il y a un réel engouement pour le cidre plus qualitatif", nous confie Ronan Datin, gérant de la Cave Rouge et Blanc, à Caen, qui voit chaque année la vente des bouteilles de cidre augmenter. "Il y a 11 ans, on en vendait peu de cidre, mais aujourd'hui, j'ai de plus en plus de locaux, des jeunes entre 25 et 35 ans, des Parisiens ou des Belges qui nous en demandent. Et ils sont prêts à mettre entre 5 et 10 euros alors qu'avant, c'était plus 3 ou 4 euros. Et puis c'est bien moins alcoolisé !"

Les pommes, un produit qui respecte l'environnement

Pour Thomas Pelletier, le cidre est une boisson à laquelle s'identifient les gens sur le territoire normand : "Où qu'on soit en Normandie, il y a souvent un producteur de cidre dans les 30 kilomètres autour de soi. C'est toujours sympa de se dire qu'on boit un truc fait à côté." Et selon lui, c'est un produit qui respecte l'environnement : "Un pommier est mis en place pour 30 ou 40 ans, les pommes sont des produits favorables à la biodiversité et rustique donc très résistants aux maladies. Aucun pesticide n'est utilisé."

Il ajoute : "Par contre, si on prend la bière, on connaît le brasseur certes, mais pas la matière première, on ne sait pas quel malt ou houblon est utilisé."

Toujours innover

Sur le marché, les jus de pommes sont de plus en plus demandés. Thomas pelletier en produit plus de 8 000 : "Les gens en raffolent. Surtout de haute qualité. C'est vrai qu'aujourd'hui ça a plus la cote que le cidre."

Il y a aussi la production de cidre rosé, de cidres fermentés comme la bière et puis le vinaigre de cidre qui rencontre un franc succès : "Je ne suis pas médecin, mais on dit que le cidre de vin à des vertus pour la santé. Et les consommateurs sont assez curieux et veulent tester ce produit. Leur part sur le marché a tendance à augmenter depuis un petit moment."

Pour le moment, les producteurs ne sont pas très inquiets. Certes, la filière est doucement en déclin : "Mais, il n'y a pas de quoi parler de crise !", conclut Thomas Pelletier. 

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