Nicolas Seube va disputer ce samedi contre Bastia son tout premier match dans la peau d'entraîneur du SM Caen. Dans l'ère professionnelle du club normand, il n'est pas le premier à avoir joué pour l'équipe fanion avant de prendre place sur le banc dans le costume de coach, loin de là.
Un ancien joueur du club qui en devient l'entraîneur, c'est un classique du football. Le Stade Malherbe Caen n'y fait pas exception. Ce fut évidemment souvent le cas lorsque le club avait le statut amateur, mais aussi depuis qu'il s'est professionnalisé.
Mankowski, montées et contrariétés
Lorsqu'il arrive à Caen en provenance d'Amiens en 1983, Pierre Mankoski signe un contrat d'entraîneur-joueur. Malherbe évolue alors en D3, mais pas pour longtemps. Sous la houlette du Picard, le SMC est promu dès la première saison en D2. "Manko" dispute ses 32 derniers matchs en tant que joueur.
La saison suivante, il obtient un maintien si tranquille qu'il est élu meilleur entraîneur de deuxième division par France Football. Au fil des ans, Mankowski fait grandir le Stade Malherbe et l'amène jusqu'à sa première montée en D1. Pourtant, il ne sera plus sur le banc lors des débuts du club dans l'élite puisqu'il s'en va au Havre, lassé par le manque d'ambition des dirigeants d'alors.
La D1 avec Malherbe, il la connaîtra finalement en 1994. Malgré un bel effectif, et notamment le Suédois Kennet Andersson, Caen est relégué. Mankoski reste en poste et le SMC fait l'ascenseur immédiat, remportant même le titre de champion pour la première fois de son histoire. Une nouvelle fois, l'histoire tourne court, puisque le nouveau président Jean-François Fortin décide de s'en séparer.
Calderon, démarrage manqué
Il fait partie des rares à avoir joué à Venoix et à d'Ornano. En 1992, Malherbe recrute un Argentin au palmarès ronflant, finaliste du Mondial 90. S'il n'a joué qu'une seule saison en Normandie, il conserve un très bon souvenir des dirigeants de l'époque. "C'est ici que j'ai connu les meilleurs dirigeants de foot de ma carrière avec Guy Chambily et Jean-François Fortin", a-t-il raconté lors d'un passage au club en 2016.
Sa saison en tant que joueur fut plutôt bonne, puisqu'il participa à l'unique confrontation européenne de l'histoire du club, contre Saragosse, ainsi qu'au maintien du club en D1. Il partit ensuite pour la Suisse, à Lausanne où il termina sa carrière de joueur. C'est dans la peau d'un entraîneur qui revient à Caen, à l'intersaison 1997, alors que le club vient de tomber en D2 à cause du passage de l'élite à 18 clubs. Mais la mayonnaise ne prend pas, l'Argentin ne dirige qu'une vingtaine de matchs avant d'être remercié.
Théault, formateur hors pair
Véritable légende du club, Pascal Théault détient une place spéciale dans le cœur des fans rouges et bleus l'ayant connu. Caennais de naissance, il effectue toute sa carrière au SMC, 239 matchs en équipe première, qu'il voit passer de l'amateurisme au haut de tableau de D2. En parallèle, il s'occupe de la jeunesse malherbiste.
Une fois les crampons raccrochés, il continue son rôle de formateur tout en devenant entraîneur adjoint de l'équipe première (1988-1992). Il prend ensuite les rênes du centre de formation pendant 5 ans et participe à l'éclosion de nombreux champions comme les futurs internationaux français Gallas, Mendy, Rothen ou encore Née.
Caldéron débarqué en novembre 1997, le président Jean Pingeon décide de donner les clés de l'équipe fanion à Pascal Théault. Sous sa houlette, Caen termine 5e et 6e mais ne parvient pas à remonter. Il est limogé en novembre 2000, trois ans après sa prise de poste, et part ensuite en exil en Afrique où il est aujourd'hui reconnu comme l'un des meilleurs formateurs du continent.
Desbouillons, le furtif
Un match en tant que joueur, deux en tant qu'entraîneur : difficile de faire plus fugace que Christophe Desbouillons. Caennais de naissance, formé au club, il n'y dispute qu'un seul petit match en 1976. Le SMC est encore amateur. Les sirènes des clubs professionnels l'appellent, il part logiquement à l'Olympique Lyonnais, puis fait carrière en France.
Il revient en Normandie, dans son club formateur en 1998, en qualité d'adjoint de Pascal Théault. Quand en novembre 2000, ce dernier est débarqué, il effectue un court intérim avant que Jean-Louis Gasset ne soit nommé. Il demeure adjoint de son successeur, puis de Hervé Gauthier et Patrick Remy, jusqu'au début de la saison 2002-2003.
Dumas, l'ère de l'ascenseur
C'était l'un des joueurs malherbistes les plus illustres des années 90. Sans doute l'un des meilleurs défenseurs centraux français de l'époque. Champion de France avec Monaco, passé par Marseille et Newcastle, Franck Dumas a terminé sa carrière là où tout a commencé. En 2004, il ponctue sa carrière de la plus belle des manières, sur une remontée en Ligue 1, attendue depuis sept ans.
Devenu directeur sportif la saison suivante, il prend finalement les rênes de l'équipe première, au bord de la relégation après la finale de la Coupe de la Ligue perdue contre Strasbourg. Alors que tout indique que les Caennais vont descendre, un rebond inattendu se produit. Trop juste, Caen est relégué à l'ultime journée à Istres.
Même sans diplôme, Dumas impose sa patte de coach singulier. Durant ses sept ans de mandat, il obtient deux montées, pour autant de relégations. Toutefois, sous sa houlette, Caen brille par son jeu offensif, par son abnégation. Le Malherbe de Dumas ne gagne pas tout le temps, il monte et descend, mais jamais sans panache. L'ère de l'ascenseur et des émotions.
Nicolas Seube a de qui s'inspirer, lui qui a d'ailleurs joué avec Franck Dumas et été coaché par lui. Le nouveau technicien malherbiste a notamment été marqué par "l'intelligence de jeu, la capacité à manager et la facilité à créer une cohésion d'équipe". Souhaitons au recordman de capes avec le SMC de durer aussi longtemps sur le banc.