La plus vieille émission télévisée française était en direct dimanche 13 décembre de la crypte de la basilique de Lisieux. Une première messe à l'extérieur pour ses équipes techniques, depuis le début du deuxième confinement.
C'est un dimanche un peu particulier pour le Père Olivier Ruffray, le recteur du Sanctuaire de Lisieux. 250 fidèles assistent aujourd'hui à la messe dans la crypte de la basilique, une affluence que les lieux de culte n'avaient pas connu depuis plusieurs semaines, en raison de la situation sanitaire. Mais en réalité ils seront bien plus nombreux à assister au rendez-vous dominical. Les équipes du Jour du seigneur, la plus ancienne émission de la télévision française (plus de 70 ans), sont arrivées sur place dès vendredi pour y poser leurs caméras. "Nous sommes d'autant plus heureux que nous sommes en période de déconfinement et que nous sommes autorisés à accueillir un peu plus de monde, donc finalement d'étendre la capacité de la basilique à l'échelle de tous ceux et toutes celles qui regardent (l'émission)", explique le Père Ruffray.
En moyenne, l'émission est regardée par 6 à 700 000 personnes chaque semaine. La situation sanitaire a même boosté les audiences. La messe de Pâques a ainsi été regardée par 1,7 million de télespectateurs au printemps dernier, en plein confinement. Ce dimanche, est aussi un peu particulier pour la trentaine de techniciens de l'association CFRT (Comité Français de Radio-Télévision) qui produit les émissions religieuses du dimanche matin sur France 2. C'est la première fois qu'ils réalisent une messe à l'extérieur (hors studio) depuis le début du second confinement. Une situation à la fois extraordinaire et banale.
"Leur métier, ce n'est pas la télé"
"Une messe télévisée, c'est toujours une aventure surprenante", affirme Philippe Vayrac, "On peut se dire : la messe c'est toujours la même chose donc c'est facile. Mais en fait, c'est vraiment quelque chose de différent à chaque fois parce que les gens sont différents, les lieux sont différents. A chaque fois, il faut composer, arriver à aider chacun à être au mieux de ce qu'il est. On tourne en direct tous les dimanche depuis plus de 70 ans avec des gens qui ne sont pas de la télé, leur métier ce n'est pas la télé."
Aider chacun à être au mieux de ce qu'il est, c'est le métier de Philippe Vayrac, chargé de lithurgie télévisée. C'est lui qui fait l'intermédiaire entre les équipes techniques, leurs contraintes, leurs objectifs, et la communauté qui les accueille, laïcs et religieux, une communauté qu'il s'efforce d'associer à la réalisation de l'émission. "Je suis sûr que vous mesurez la différence entre regarder la télé et vivre la messe à la télé. L'aventure dans laquelle nous sommes partenaires, vous et nous, c'est de permettre à toutes les personnes isolées, les malades mais aussi les personnes en prison, de vivre la messe avec nous. Merci de votre présence etmerci de vous familiarisez avec dix changements organisationnels", lance-t-il à l'assistance avant que l'office commence.
Toujours avec le sourire
Avant la prise d'antenne, il reste de nombreux détails à régler. Le régisseur vient ainsi faire part de son inquiétude à Philippe Vayrac. "Dis-moi, ils vont passer par où pour la communion ? A chaque fois, ils passent par derrière et là, j'ai plein de cables." Il faut donc réorganiser ce temps fort de la messe sans oublier de donner quelques consignes de sécurité aux fidèles. "On est jamais à l'abri de se mettre les pieds dans un pied de lumière ou dans un cable." Toujours avec le sourire. Il faudra aussi répéter l'offertoire et surtout la procession d'entrée, le chronomètre à la main. "Je suis en train de voir combien de temps fait la procession d'entrée", indique Philippe Vayrac les yeux rivés sur son portable, "C'est important pour le rythme. Le chant d'entrée permet d'entrer dans un rythme. C'est un des points qu'on répète souvent avant la messe."
Le rythme est essentiel en télévision où chaque seconde compte. "Il y a un rapport au temps qui n'est pas le même que d'habitude", reconnait le Père Olivier Ruffray, "Habituellement, si on a besoin de quelques minutes de plus, nous les prenons. Ici, nous sommes dans 50 minutes, il faut qu'en 50 minutes l'antenne puisse être rendue." Et cette durée constitue un format réduit pour une messe classique. Alors quelques aménagements sont effectués pour rentrer dans le moule télévisuel. La communion, l'un des forts et des plus longs de la messe est ainis raccourci. Les fidèles qui n'auraient pas pu communier durant l'office pourront le faire après le chant de sortie.
S'adapter au lieu ou adapter le lieu
La cérémonie n'est pas la seule à connaitre quelques ajustements. Les équipes du Jour du seigneur s'adapter aux lieux qui les accueille et parfois adapeter ces derniers aux impératifs techniques. "Ici, il a fallu enelever toute uen travée de bancs pour pouvoir implanter le dispositif technique. C'est un lieu de culte assez simple pour nous, il est large, il y a de l'esapce, il y a des accès. Techniquement, ce n'est pas le lieu le plus compliqué qu'on ait rencontré", raconte Philippe Vayrac, "Il y a eu de grandes cathédrales où en termes de lumière on ne pouvait pas filmer au-delà d'une certaine assemblée parce qu'on ne pouvait pas tout éclairer. Il y a eu aussi des endroits très petits où il faut mettre des petites caméras, jouer avec les fenêtres, mettre les lumières à l'extérieur."
Ce miracle télévisuel a lieu depuis plus de 70 ans et est rendu possible par le soutien de 300 000 donnateurs. La réalisation et retransmission en direct d'une messe coûte 45 000 euros.