Les employés de Sidel ont été assignés par leur direction, pour avoir demandé une expertise sur les risques psycho-sociaux, après l'annonce du projet de fermeture du site lexovien. Délibération le 19 janvier prochain.

Le jour se lève à peine, à Lisieux (Calvados). Les cent neuf employés de l'entreprise Sidel marchent vers le tribunal, au rythme des tambours. Les banderoles sont de sorties et on peut entendre à plusieurs reprises : "On ne veut pas fermer !"

La direction de Sidel a assigné en justice les salariés de l'entreprise, pour contester une demande d'expertise sur les risques psycho-sociaux qu'aurait engendré l'annonce de la fermeture de l'usine. "Le fait que nous soyons convoqués au tribunal montre le comportement de Sidel, s'agace une salariée. Pour eux, nous ne sommes que des pions !"

 

L'expertise sur les risques psycho-sociaux a été demandée par le Comité Social et Economique (CSE) de Lisieux, parce que l'annonce de la fermeture prochaine du site aurait mis "la santé de plusieurs salariés en péril".

Mais, selon l'avocat de l'entreprise, une expertise psycho-sociale avait déjà été commandée, par le Comité Social et Economique central (CSE central), ce qui rendrait celle de Lisieux caduque. Selon maître Florent Millot :"La loi prévoit une expertise en cas de licenciement collectif, pas deux. Il faut appliquer les textes. Nous demandons l'annulation de l'expertise de Lisieux et nous souhaitons conserver celle du CSE central, qui concerne elle aussi l'établissement de Lisieux". 

Une entreprise installée à Lisieux depuis plus de cinquante ans

Les employés pensent de toute façon que cette expertise ne devrait avoir aucun impact sur le projet de fermeture, mais ils y voient tout de même une façon de : " soutenir les hommes et les femmes de l'entreprise, qui vont être licenciés, dans quelques mois !" explique une salariée. Un de ses collègues ajoute : "Certains sont à bout. Ils savent qu'ils vont être licenciés. D'autres devraient travailler encore quelques petites années, avant de partir à la retraite, mais leur mental aussi est en baisse, comme celui de leur famille."

On espère que le juge va plaider en notre faveur et qu'on va pouvoir obtenir cette expertise sur les risques psycho-sociaux !

Un salarié de Sidel

Créé en 1965 par Jean Delapierre sous le nom de Ouest Conditionnement, l'entreprise était spécialisée dans les machines à emballer sous film plastique. Elle a été rachetée au début des années 1990, par Sidel, à l'époque numéro un mondial des constructeurs de machines à fabriquer des bouteilles en plastique.

Un nouveau bras de fer

L'usine Sidel de Lisieux appartient aujourd'hui au groupe suédois Tetra Laval. Selon les salariés, elle a atteint ses objectifs et affiche un carnet de commandes bien rempli. Mais le 13 octobre dernier, la direction a annoncé la fermeture "dans le courant de l'année 2023". Cette décision serait liée à des problèmes de qualité des machines. Mais, pour les salariés, ce motif est incompréhensible. Ils estiment au contraire que la société tourne parfaitement et qu'elle est rentable.

C'est donc un nouveau bras de fer qui s'engage entre les salariés et la direction. Devant le tribunal, un salarié assure qu'il va continuer à se battre : "Il faut que nous arrivions à nous montrer, pour dire haut et fort que nous existons et que nous sommes là. Nous faisons partie d'une entreprise connue à travers le monde et nous sommes rentables." 

La décision concernant l'expertise demandée par le CSE sur les risques psycho sociaux a été mise en délibéré, au 19 janvier prochain. Maître Millot, l'avocat de l'entreprise : "s'en remet à la décision qui sera rendue par les juges".

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité