Il y a un an, le rappeur Vidda livrait un portrait grinçant de sa ville avec le clip "Ici c'est Lisieux". Il récidive cette année avec "Vidda 1er", un monarque tout puissant inspiré du premier magistrat de la commune du Pays d'Auge.
"Ça fait 14 ans que je suis le roi, ici c'est moi qui gouverne, des amis j'en ai des tas, me faire réélire n'est pas un problème, je viens j'vous sers la main mais j'vous prends pour des blaireaux, les Lexoviens ne comprennent rien ou un p'tit vélo dans l'cerveau". Ainsi s'exprime Vidda 1er paradant dans ses habits de monarque dans les rues de Lisieux. La vidéo mise en ligne le 4 mai dernier sur internet a été vue près de 5000 fois. Son auteur, David Cordray, alias Vidda, son nom de scène de rappeur, n'en est pas à son coup d'essai. Après "Ici c'est Lisieux" l'an dernier, il s'attaque de nouveau à la politique menée par le maire de la ville, Bernard Aubril.
L'an dernier, David Cordray, soudeur-chaudronnier dans le "civil" dénonçait "une ville à l'état critique" et mettait déjà en cause "un maire qui pédale trop vite". Son nouveau morceau, derrière la caricature du monarque Vidda 1er, cible encore plus précisément le premier magistrat de la commune. "Je suis citoyen, je ne fais pas de politique et je n'ai pas à en faire", explique l'artiste, "Je me permets juste de critiquer ses choix politique et surtout pas la personne". Parmi ces choix contestés par Vidda, la fermeture de la crèche familiale, la suppression de l'éclairage public la nuit ou celle de la patinoire et du grand concert organisé dans la ville. "Ce n'était pas ce qu'il y avait de mieux à faire pour les familles lexoviennes", comment le rappeur.
Comme dans son précédent morceau, Vidda ne manque pas d'épingler la passion du maire pour la petite reine, une passion qui selon lui éclipserait les autres sports dans la ville. "Ce qui est choquant, c'est d'être président d'une association et de se verser un chèque chaque année, à son association: il est président de l'association de vélo de Lisieux (le Vélo Club Lexovien) et aussi maire de la ville. Je ne trouve pas ça top. Je n'ai rien contre le Critérium de Lisieux (organisé juste après le Tour de France) mais je trouve que ça le met en valeur tous les ans et que pour les opposants politiques ce n'est pas réglo".
Bernard Aubril, directement visé par ces critiques n'a pas souhaité répondre aux questions de notre équipe, faisant valoir sa liberté d'expression. Très difficile également d'obtenir une interview de l'opposition municipale, qu'il s'agisse de la droite dissidente ou du parti socialiste. "C'est son royaume, il est tellement impliqué, et pas qu'en mal, que les ont peur de s'exprimer, vis a vis de leur fonction, de leurs connaissances", estime David Cordray, "Ça sert à rien de manifester et de faire les Charlie si on ne peut pas s'exprimer librement, sans dire de grossièreté, de vulgarité ou d'insulter".
Car le rappeur entend respecter certaines limites dans son expression. "Les plus virulents sont les gens du FN et je préfèrerais 1000 fois que Bernard Aubril soit réélu plutôt qu'un partisan du FN". Il indique dailleurs vouloir s'attaquer dans un prochain morceau à ce parti politique. "Vu la tristesse de la politique actuelle, les gens se tourne malheureusement vers l'extrême droite", déplore David Courdray.
Reportage d'Elise Ferret et Guillaume Le Gouic
Intervenants:
- David Cordray, alias "Vidda"
- Valérie Burel, opposante municipale PS