Plusieurs communes ont constaté des dégradations sur les illuminations et décors de Noël. Un comportement malveillant que les autorités ne s’expliquent pas. De quoi entacher, un peu, les fêtes de fin d’année.

Qui peut bien en vouloir au Père Noël ? Lui en vouloir au point de lui voler son traineau. Si cet acte peut faire quelque peu sourire, les habitants de la commune de Saint-Pair, dans le Calvados, eux, sont moins contents. Car c’est une tradition dans ce village de 247 habitants. Toutes les décorations de Noël sont faites maison par des équipes bénévoles. Et en ce début du mois de décembre, Papa Noël s’est fait dérober son traineau. La maire, Patricia Lecomte, nous livre le témoignage d’un habitant : « Il a croisé un camion benne blanc à 23h45. Le conducteur et les passagers se sont arrêtés sur le bord de la chaussée et ont mis le traineau du Père Noël dans la benne. » Ces voleurs d’un soir, pris en flagrant délit, ont donc repris la route avec leur nouvelle prise, bien visible dépassant du camion. Et ce n’est pas le premier acte de vandalisme que connaît la commune. Chaque année, elle a droit à son lot de vol. Une bien triste habitude.

C’est triste que ça se passe comme ça

Johnny Briard, adjoint à Lisieux, en charge de l’espace public

Quelques kilomètres à l’Est, dans la ville de Lisieux, même constat. À peine installées – dès le 3 décembre –, décorations et illuminations ont rapidement été dégradées ou volées : un Père Noël de trois mètres de hauteur qui a vu son dos fendu et ses câbles débranchés. « Des décorations de sapin retirées, un projecteur arraché, des boules volées »… La liste est longue. Johnny Briard, adjoint au maire en charge de l’espace public, a d’ailleurs déploré ce vandalisme sur ses réseaux sociaux.

Un sabotage clair que regrette l’élu : « C’est triste que ça se passe comme ça. Cela représente un investissement important, il y a les illuminations et les décors au sol. C’est un gros travail. » Les décorations des fêtes de fin d’année coûtent 100 000  euros à la commune chaque année. Un budget et des heures de travail considérables pour féériser la ville. Et cette féérie détruite a un coût. Près de 5 000 euros de frais de réparation. Les agents techniques ont dû refaire toutes les connectiques des installations électriques ; l’intervention s’est faite rapidement, en trois jours tout était réparé.

Mais la municipalité ne compte pas en rester là. Elle a déposé plainte le 6 décembre et a remis ses images de vidéo-surveillance aux forces de l’ordre. L’inspection est en cours. En tout cas, Johnny Briard, adjoint en charge de l’espace public, a constaté que depuis la médiatisation de ces actes de vandalisme et la plainte déposée, plus aucun vol ou détérioration n’a eu lieu. De quoi relancer la magie de Noël avec de belles illuminations autour de la ville.

Un vandalisme qui touche aussi les particuliers

Sur la côte, à Port-en-Bessin, c’est Jordan Lechevallier qui a subi ces comportements malveillants. Ce passionné de Noël âgé de 26 ans décore et illumine sa maison chaque année. Un rituel qu’il suit depuis sept ans maintenant, en hommage à son père. Impossible de rater son domicile, même des kilomètres à la ronde. Une maison tout droit sortie d’un conte de fées qui amuse les plus grands et fait rêver les enfants. Mais ce rendez-vous incontournable du quartier a été saboté cette année : guirlandes et arbres lumineux ont été détériorés.

Pistes d’explication sociologique

Pour savoir qui en veut à Noël et à la célébration des fêtes de fin d’année, pas si simple. Car selon Frédérick Lemarchand, chercheur en sociologie, il est difficile d’établir un profil et apporter des éléments de réponse « sans identification d’un public auteur ». Sans réelle réponse établie, on ne peut qu’émettre des hypothèses. Première piste pour le chercheur, une hypothèse écologique avec une crise de l’énergie, où les dépenses ostentatoires et les excès propres aux fêtes ne sont plus tolérables du fait de la gestion des risques.

C’est une forme de violence très contagieuse et qui inspire

Frédérick Lemarchand, chercheur en sociologie

Seconde piste de réflexion, une hypothèse politique : « Les décorations de Noël, c’est la dépense publique. Et c’est aussi ce qui se voit et qui se cristallise. C’est donc une cible plus facile lorsqu’on veut faire passer un message », estime Frédérick Lemarchand. Pour lui, ces actes de vandalisme envers les décorations et illuminations de Noël relèveraient d’un phénomène épidémique. C’est une « forme de violence très contagieuse et qui inspire ». Finalement la transgression appelle la transgression. Alors pour le chercheur c’est peut-être une violence contenue qui peut partir à tout moment.

Cela reste bien sûr des hypothèses. Et si certaines personnes sont malveillantes, leurs gestes restent des actes isolés à ne pas généraliser. La magie de Noël attire toujours autant, pour nous faire retomber en enfance, le temps d’un instant.

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