Le club de basket féminin de Mondeville vient de perdre l'agrément de son centre de formation, l'un des meilleurs en France. Son seul tort : évoluer en ligue 2 depuis deux ans. L'internationale Marine Johannes est venue ce lundi lui apporter son soutien.
C'est un peu l'enfant du pays qui est de retour sur les parquets de Mondeville ce lundi. Et cet instant aurait dû être une fête. Depuis son départ de sa Normandie natale, Marine Johannès a évolué dans les plus grands clubs du championnat français (les Tangos de Bourges puis l'ASVEL). Elle s'est également fait une place aux Etats-Unis en signant en WNBA avec le New York Liberty en 2019. Le 7 août dernier, à Tokyo, elle a décroché avec ses coéquipières de l'équipe de France le bronze, la deuxième médailles olympique de l'histoire des Bleues.
Alors Marine Johannès est une basketteuse qui compte. Et elle espère que sa voix aussi. Car si la native de Pont-L'Evêque est de retour "au pays", ce n'est pas pour faire la fête mais pour répondre à un appel à l'aide de son club formateur, l'USO Mondeville. Deux ans après la descente en ligue 2 (après 22 ans passé dans l'élite), la sanction est tombée : le centre de formation a perdu son agrément.
"Le centre de formation et le club de Mondeville en général m'ont beaucoup fait grandir et c'est normal que j'essaye maintenant de les aider comme je peux", explique Marine Johannès, qui est restée en contact avec plusieurs membres du club, comme Romain L'Hermitte, l'entraîneur. "Mondeville, ça a toujours été la formation en premier. C'est le meilleur centre. Ce serait vraiment dommage que ça se termine comme ça après toutes ces années où ils ont réussi à sortir des joueuses en pro, en équipe de France jeune et en équipe de France A". Sur le parquet de l'USOM, face aux médias, l'internationale est ainsi entourée de Vaciana Gomis, Aminata Gueye, Louise Bussière et Pauline Lanfant. Toutes évoluent dans l'équipe première. Trois d'entre elles jouent en équipe de France jeune.
Le club calvadosien pourra-t-il aligner autant de talents dans les prochaines années sur son parquet ? "Ça ne remet pas tout en cause, on va continuer, le projet 2021-2022 est financé. Mais ce n'est pas un bon signe pour les parents, ce n'est pas un bon signe pour les gamines et ce n'est pas un bon signe pour le recrutement l'an prochain", explique Olivier Liberge, le président du club, et de rappeler que "à part l'INSEP, on voit (ndlr : jusque là) passer quasiment toutes les meilleures filles de France."
Car outre la perte de subvention entraînée par le retrait de l'agrément, la sanction est aussi sportive : l'équipe réserve, composée des basketteuses en formation, est rétrogradée d'une division. Non seulement l'écart se creuse avec l'équipe première, mais le défi sportif apparaît aussi beaucoup moins attrayant pour les jeunes et leur entourage.
Alors depuis quelques semaines, le club calvadosien tente de mobiliser le plus de soutiens possibles. "Ce n'est pas le combat de Mondeville. C'est un combat de texte qui doit évoluer", plaide le président de l'USOM, une évolution qui permettrait de dynamiser le basket féminin mais aussi de mettre les basketteuses sur un pied d'égalité avec leurs homologues masculins.
Une fille aurait moins le droit à la formation qu’un garçon ?!"
"On sait que les clubs de pro b (ndlr : la deuxième division) chez les garçons sont autorisés à avoir un centre de formation. Donc ça veux dire que qu’une fille aurait moins le droit à la formation qu’un garçon ?!", s'insurge Marine Johannès, "12 centres de formation contre 36 chez les garçons, ce n’est vraiment pas cohérent. Avoir 24 centres de formation en comptant le centre fédéral serait la moindre des choses chez les filles."
Cette différence de traitement ne s'arrête pas au nombre de centres de formations dédiés aux garçons. Cet été, un autre club de la région s'est vu signifier le retrait de l'agrément de son centre de formation. Depuis trois ans, le STB Le Havre évolue en National 1, la troisième division, trois années durant lesquelles il a pu tenter de remonter en pro B pour conserver le précieux sésame. Pour les filles de Mondeville, le couperet est tombé au bout de deux ans.