Très touché par la résurgence de l'antisémitisme, le peintre Michel Girard a décidé d'exposer dans son atelier de Courseulles-sur-Mer deux toiles peintes en 1973 quelques jours après sa visite du camp de concentration d'Auschwitz.
Deux toiles contre l'antisémitisme
A l'entrée de l'atelier de Michel Girard, deux toiles sombres et austères sont visibles de la rue, accompagnées par l'inscription "Plus jamais ça". Deux toiles sobrement intitulées "Auschwitz", qui détonnent avec le reste de l'oeuvre du peintre figuratif.
Marqué à vie par sa visite à Auschwitz en 1973, Michel Girard a exprimé son intense émotion à travers ces deux toiles, peintes quelques jours après sa visite du camp de concentration .
"On a visité pièce par pièce. Les cachots, les endroits où les prisonniers étaient sur un mètre carré. On pouvait voir encore les graffitis faits avec leurs ongles"
Très touché par la résurgence de l'antisémitisme, révolté par la multiplication des actes antisémites, il a décidé de s'exprimer publiquement à travers son oeuvre. Un engagement fort et militant.
Une carrière internationale et un mécène
Né en 1939 à Montluçon, Michel Girard a débuté sa carrière de peintre dans les années 60 à Montmartre. En 1969, il décide sur un coup de tête de rejoindre la Normandie et ses lumières incomparables. Il s'installe dans un premier temps à Cabourg. Ses toiles sont repérées dans une galerie par Paul Sonnenberg, organisateur de nombreux salons des artistes français, en France et à l'étranger. Soutenu par le marchand d'art, qu'il considère comme son "mécène", Michel Girard participe à des expositions d'artistes Français dans des pays étrangers, notamment en 1973 en Pologne.
Quand on regarde un paysage, un personnage, on reçoit quelque chose, une émotion, et on veut la transcrire sur une toile. J'ai fait ma vie avec quelques tubes de couleurs et des peintures
1973, un voyage en Pologne
Alors qu'il participe au salon des peintres français organisé à Varsovie et Katowice, Michel Girard visite le camp de concentration d'Auschwitz. A son retour en France, il peint les deux toiles, qui sont vendues puis rejoignent les collections du musée des Beaux-Arts de Caen. Le peintre a récupéré les deux oeuvres il y a quelques années, dans son atelier de Courseulles-sur-Mer. Les actes antisémites de ces derniers jours l'ont malheureusement obligé à remettre en avant ses deux oeuvres les plus sombres.
J'ai vu au fur et à mesure des semaines venir une violence qui est insupportable. Dans la vie il faut respecter des valeurs. Si on veut vivre ensemble, il faut respecter des valeurs