Arthur Delaporte, député PS du Calvados et porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, a saisi la justice pour faire interdire la cagnotte en ligne dédiée à la famille du policier suspecté d'avoir tué le jeune Nahel.
Près d'un million et demi d'euros, c'est le montant récolté ce mardi soir par la cagnotte lancée sur le site de Gofundme, à l'initiative de Jean Messiha, homme politique d'extrême droite. Elle est destinée à la famille du policier, visé par une enquête pour "homicide volontaire" et actuellement en détention provisoire. L'homme âgé de 38 est suspecté d'avoir tué le jeune Nahel à Nanterre, le mardi 27 juin 2023.
Arthur Delaporte, député PS du Calvados et porte-parole du groupe socialiste à l'Assemblée Nationale, a saisi la justice, ce mardi, pour faire interdire cette cagnotte en ligne dédiée à la famille du policier :"J'ai profondément été heurté par l'extrême droite qui soutient financièrement un policier qui a tué une personne".
Dans son courrier adressé à Laure Beccuau, procureure de Paris, le député du Calvados demande aussi à faire fermer cette cagnotte, car son "initiateur - le polémiste d'extrême droite Jean Messiha - utilise le drame de Nanterre pour asseoir et véhiculer des idées politiques d'extrême droite".
Le jeune député est notamment à la tête d'un texte de loi qui vise à lutter contre les pratiques irrégulières et les arnaques des influenceurs sur les réseaux sociaux :"Je travaille également sur la régulation des cagnottes, et j'estime que cette cagnotte est problématique. Jean Messiah est un homme politique, mais aussi un véritable influenceur de l'extrême droite". C'est au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale qu'Arthur Delaporte a donc saisi le parquet :
"Pour moi, c'est un encouragement à la violence, l'action de ce policier n'est pas légitime. C'est une cagnotte qui pourrait l'aider à payer ses frais de justice… On n'a pas le droit de récolter des fonds pour un individu qui est suspecté d'homicide volontaire tout en sachant qu'il pourrait être condamné.".
Arthur DelaporteDéputé PS du Calvados
Il se base aussi sur l'article 24 de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse qui précise qu'"il est interdit d'ouvrir ou d'annoncer publiquement des souscriptions ayant pour objet d'indemniser des amendes, frais et dommages-intérêts prononcés par des condamnations judiciaires (...)". Le député du Calvados évoque également un "risque sérieux de trouble à l'ordre public".
Un déferlement de haine et des menaces de mort
Arthur Delaporte confie ce matin à France 3 Normandie que depuis qu'il a saisi la procureure de Paris :
"Je subis un déferlement de haine et j'ai même reçu des menaces de mort".
Arthur DelaporteDéputé PS du Calvados
L'élu attend donc que la justice fasse son travail. Tout comme Gérald Darmanin, le Ministre de l'Intérieur, qui interrogé sur ce point lors des Questions au gouvernement ce mardi après-midi à l'Assemblée nationale, a affirmé que "comme pendant les 'gilets jaunes', comme pendant les attentats, c'est à la justice de notre pays (...) de pouvoir faire fermer cette cagnotte."