Ce dimanche 30 mai a lieu le départ de la 12e édition de la CIC Normandy Channel Race. Un rendez-vous incontournable de la Class40, une catégorie de voiliers qui l'est tout autant dans le milieu de la course au large. On vous explique pourquoi ces bateaux ont autant le vent en poupe.
La Class40 est en pleine effervescence et elle aime la Normandie. Avec la CIC Normandy Channel Race qui s'élance au large de Ouistreham ce dimanche 30 mai (à 16h), la saison de cette catégorie de voiliers de 12m de long démarre en mettant le cap vers l'Angleterre et l'Irlande avant de revenir vers les côtes normandes pour une course en binôme très technique. Un belle entrée en matière pour une saison 2021 dont le point d'orgue est sans conteste la Transat Jacques Vabre à l'automne prochain au Havre. Avec déjà 48 Class40 inscrits pour emprunter la célèbre route du café, c'est du jamais vu !
Un budget raisonnable, de belles performances et un calendrier riche en événements, voilà qui semble composer la recette gagnante de cette Class40, une catégorie qui compte de plus en plus d'adeptes chaque année. Nous avons voulu décrypter le phénomène avec Luke Berry, 34 ans, un des skippers au départ de la NCR2021 sur Lamotte - Module Création, également membre bénévole du conseil d'administration de la Class40.
La Class40, "reine de la course au large" ?
L'expression a été utilisée par Halvard Mabire, fraîchement réélu président de la Class40, dans une interview accordée à nos confrères de Ouest France. Luke Berry est plus mesuré, quoique... Il affirme que l'expansion de la class40 est bien réel. "Reine, c'est un grand mot mais c'est vrai que la catégorie est en train d'exploser et qu'il y a un vrai engouement autour de cette Class40". Pour le skipper, l'explication est simple : "c'est tout simplement parce que ces bateaux vont très vite, qu'ils sont très performants, qu'ils sont attirants pour les architectes et pour le grand public... et tout ça pour des budgets maîtrisables et abordables pour des PME... sans aller dans des millions."
La Class40, fidèle aux grands rendez-vous et antichambre du Vendée Globe
L'année 2020 a été compliquée pour tout le monde, c'est une évidence. Mais la voile a su en profiter, avec le Vendée Globe et ses héros solitaires qui nous ont fait voyager à bord de leurs Imoca quand nous étions confinés chacun chez soi.
On a eu la chance avec le Vendée Globe, un des plus grands événements sportifs de l'année et ça a fait du bien à tout le monde. Le milieu de la voile en a bien profité, y compris la Class40, même si c'est une classe plus petite en terme de budget et de taille de bateau. Car sur le Vendée Globe, il y avait pas moins de 18 skippers issus de la Class40. Ça montre que c'est une bonne école.
"On parle beaucoup de la classe mini mais la Class40 est aussi une super classe transitoire pour ceux qui viseraient le Vendée Globe", analyse le skipper de Saint-Nazaire, qui ajoute qu'"il y a aussi plein de skippers qui veulent rester en Class40, un peu à l'image de ce qui se fait en Figaro, parce qu'on a accès aux grandes course, comme la Route du Rhum, la Transat Jacques Vabre... qui sont très attirantes pour les sponsors."
Précision pour 2020 : la Class40 a elle aussi réussi à maintenir quelques événements, dont la Normandy Channel Race. "La classe a une bonne politique budgétaire et une trésorerie saine, ça nous a permis de rester à l'équilibre", nous confie Luke.
Preuve du dynamisme de cette catégorie de bateau, la Class40 était la catégorie la plus représentée sur la Route du Rhum 2018, avec 53 bateaux au départ. Pour la prochaine édition, la classe a demandé pas moins de... 70 places au départ ! D'ici là, beaucoup de bateaux neufs seront livrés, environ une quinzaine (en plus des 10 depuis l'été 2019). Plus proche, la Transat Jacques Vabre dont vous pourrez vivre le départ sur France 3 Normandie le 7 novembre prochain, compte déjà 48 bateaux inscrits. "C'est du jamais vu !", s'enthousiasme Luke Berry.
C'est l'avantage de la Class40, les grands rendez-vous sont accessibles, on peut aller vite, presque autant que les "plus vieux" Imocas, donc c'est une classe qui a beaucoup d'atouts !
Parmi les autres points positifs mentionnés par le skipper : "ils sont facile à manoeuvrer, ce qui nous permet de faire un nombre très importants de sorties en toute autonomie. Et puis on peut parler du budget : en comparaison c'est un gros budget figaro, autour de 250/300.000 euros. Mais ça reste dix fois moins qu'un budget gagnant d'Imoca autour de 2,5 millions d'euros."
Une classe innovante
Ce qui détermine la catégorie, c'est la fameuse jauge, la "boxroom", qui limite la hauteur, la largeur et la profondeur du bateau. "A part cette contrainte, c'est libre court à l'imagination des architectes. On a beaucoup d'innovations du coup". La tendance actuelle est de faire des bateaux plus larges à l'avant - c'est ce qu'on appelle les "scow". "On joue beaucoup sur le design mais on a pas d'appendice comme des foils qui sont très coûteux. Cela étant, sans parler de foils ou de carbone, les performances sont effectivement au rendez-vous".
Bientôt la Globe40, un tour du monde en double avec escales
C'est un sacré plus pour la Class40, même s'il y a déjà eu des tours du monde : la Globe40 prévue en 2022 (elle a été reportée d'un an en raison de la crise sanitaire).
Ce n'est pas un événement qui vient concurrencer le Vendée Globe qui est le graal, non stop, en solitaire... Mais pour un budget plus raisonnable on aura droit à une belle aventure en double avec escales autour du monde, c'est génial.
Un sacré challenge qui devrait dynamiser et mettre encore plus en lumière cette catégorie qui navigue déjà beaucoup. "Rien qu'en 2021, c'est pas moins de 23.000 km qui seront parcourus à travers l'ensemble des courses du calendrier, c'est énorme !". C'est vrai qu'autant de kilomètres sur les mers du globe, c'est forcément un signe.
Luke Berry et son équipe soutiennent l’association Le rire médecin, qui fête son 30e anniversaire en 2021.