Les 123 salariés de l’entreprise Batimétal, à Douvres-la-Délivrande, dans le Calvados, doivent continuer à venir travailler alors que leur usine ne tourne plus, sous peine de ne plus être payés. Ils devaient être fixés sur une probable liquidation judiciaire aujourd'hui, mais finalement, ça sera le mercredi 13 novembre 2024.
C’est un énième coup de massue. Cette journée du mercredi 6 novembre 2024 aurait pourtant dû mettre fin au calvaire de ces salariés.
Une obligation de se rendre au travail alors que l'usine ne tourne plus
Tous n'attendent qu’une chose : que la liquidation judiciaire soit prononcée et enfin pouvoir tourner la page. Mais la décision étant prorogée au 13 novembre, les 123 salariés de l'entreprise Batimétal, à Douvres-la-Délivrande, dans le Calvados, sont encore une fois contraints de venir quotidiennement dans cette usine à l’arrêt, sous peine de ne plus être payés.
"S'il faut qu’on attende une semaine, ça ne va pas être possible. Déjà les gens là, ils ne tiennent plus en place. L'issue, on la connaît, c'est foutu. Qu'on laisse ces 123 personnes rentrer chez elles. C’est une punition, les gens ne sont déjà pas bien et on les fait venir pour rien”, explique, dépité, Laurent Béhue, salarié depuis 26 ans et délégué syndical sud solidaires industrie.
Des inquiétudes pour leur avenir
Les journées sont longues, les employés ressassent dans ce grand atelier laissé à l’abandon, dans lequel ils ont assidûment travaillé pendant plusieurs années : “On se sent anéanti... On n'a plus envie de rien. On vient, mais on ne sait pas pourquoi on vient", lance Veronique Lebosqain, conductrice de robot soudeur depuis six ans à Batimétal. De son côté, Philippe Jeanne, soudeur depuis six ans ici, lance : "Il n'y a pas de suspens. On sait bien que c'est fini.”
Et sans licenciement, difficile pour le moment d’imaginer des perspectives d'avenir. Eric Laloux, 55 ans, a travaillé dans cette entreprise pendant presque la moitié de sa vie : “Ça cogite, on n'arrête pas de réfléchir. Qu'est-ce qu'on va faire par la suite. Refaire un CV à mon âge, ce n'est pas simple non plus. Surtout arrivé à mon âge, avec mes 22 ans de carrière ici. Ça va être compliqué.”
La liquidation judiciaire devrait être prononcée le 13 novembre prochain.
Au début du mois de septembre 2024, l’entreprise de menuiserie métallique Batimétal a été placée en redressement judiciaire. La production est au ralenti et il y a eu de nombreux changements de propriétaires.
Faute de repreneur, elle pourrait donc être placée en liquidation judiciaire, lors du jugement qui sera rendu par le tribunal de commerce de Bordeaux, où se situe le siège de Keyor, groupe qui détient l’entreprise. La liquidation judiciaire devrait être prononcée le 13 novembre prochain. Ce qui signerait officiellement la fin de l'histoire de cette entreprise locale implantée ici depuis 60 ans.